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- Style + Membre : The Hanseroth Twins

Brandi CARLILE - Brandi Carlile (2005)
Par GEGERS le 21 Février 2025          Consultée 140 fois

Née en 1981, Brandi CARLILE vit ses premières années à Burien, dans la banlieue de Seattle, dans une pauvreté qui n'est pas pour autant la misère. Victime d'une méningite à l'âge de 4 ans, qui la place dans un coma à l'issue incertaine, elle se remet contre toute attente et poursuit une jeunesse rendue plus compliquée par une dyslexie handicapante et une mononucléose contractée à l'adolescence.

Heureusement, la musique fait son apparition dans la vie de l'artiste en devenir. Bien aidée par sa mère, chanteuse dans des groupes de musique country à la réputation locale, inspirée par le parcours de son frère, également musicien accompli, Brandi nourrit le désir précoce de devenir chanteuse après avoir entendu sa génitrice interpréter en concert une reprise de Dolly PARTON, un de ses modèles. Fortement marquée par la découverte de la chanson "Skyline Pigeon" d'Elton JOHN, la jeune artiste réalise qu'elle est capable d'écrire et composer des chansons en même temps qu'elle prend conscience de son homosexualité et décide de l'assumer, un double cheminement et un parcours semé d'embûches qui lui permettront de se définir en tant qu'artiste et en tant que femme.

A l'âge de 16 ans, Brandi CARLILE forme The Shed, un premier groupe au sein duquel officient également son frère et deux amis. Rapidement néanmoins, la chanteuse décide de s'assumer en solo. Obtenant un permis pour jouer dans les rues de Seattle, elle fait également forte impression dans les restaurants qui la sollicitent et lui donnent confiance en son potentiel. Alors que son activité devient professionnelle, Brandi décide d'enregistrer une première démo au London Bridge Studio de Seattle. C'est ici, en 2003, qu'elle fait une rencontre déterminante avec les frères jumeaux Tim et Phil Hanseroth, qui enregistrent alors dans le même studio. L'alchimie, tant musicale que personnelle, est immédiate, comme Brandi le raconte dans son autobiographie : Je n'ai jamais rien fait pour obtenir l'affection et la loyauté des jumeaux. Ils font partie de ces personnes que l'on se sent chanceux de côtoyer. On ne peut que se sentir reconnaissant d'avoir croisé leur chemin. Ils travaillent dur et répandent de la joie autour d'eux.

Ensemble, le trio désormais véritable groupe se met à composer. Les chansons "Follow" et "The Story" naissent de cette amitié balbutiante, et les artistes ainsi rassemblés décident d'enregistrer une première démo, We're Growing Up, distribuée lors des concerts. Celle-ci porte le nom du Brandi Carlile Band, même si les enregistrements futurs seront floqués du seul nom Brandi CARLILE (je n'ai pas le genre de nom que les gens aimeraient porter sur un t-shirt, et le processus créatif implique tout le monde, je suis née pour être avec les autres, dit-elle). Une deuxième démo, Acoustic, est publiée en 2004 alors que le groupe donne des concerts en ouverture du Dave Matthews Band ou de Johnny Lang. C'est par le truchement de ces shows en première partie que Brandi et ses camarades sont remarqués par le producteur Rick Rubin qui va les prendre sous son aile.

Arrive ainsi le moment de mettre en boîte un premier album qui va s'avérer être le fruit d'une démarche particulière. Puisque le trio a dans sa besace un nombre déjà important de compositions, Rick Rubin conseille à Brandi de préparer deux albums : un premier pour démarcher les maisons de disques, sans pour autant dévoiler les meilleurs morceaux du groupe. Et un second, constitué des morceaux les plus aboutis, pour donner au public l'impression d'une progression. Une démarche particulière qui se révèle payante puisqu'avec les recommandations de Rubin Brandi CARLILE obtient un contrat avec le label Columbia.

Avant d'être réédité par la maison de disques précitée en 2006, ce premier album sans nom voit le jour via le label Red Ink en juillet 2005. La pochette, surprenante, voit Brandi se présenter aux auditeurs sur un fond vert délavé, vêtue d'une jean et d'une chemise de boy-scout. Sur ses épaules tombe un drapeau brodé qui réhausse le regard de défiance qu'elle jette au photographe. Si l'idée est de brouiller les pistes, tant sur ses intentions artistiques que sur sa sexualité, alors l'objectif est atteint. Définissant alors sa musique comme du "agro-punk pop rock", la jeune artiste propose sur cette première réalisation des morceaux alternant entre folk et rock, agrémentés de sonorités pop et americana.

Figure sur cet album "Follow", premier morceau composé en compagnie des "Twins". Ce titre cristallise toute l'ambivalence de la chanteuse, qui nous donne à découvrir une voix chaude et délicate sur les premières mesures acoustiques. Et puis, lorsque arrivent les arrangements orchestraux et la section rythmique, la fausse lancinance du morceau s'efface pour laisser place à une intensité portée toujours par la voix, de type mezzo-soprano, cette fois-ci plus mordante et entreprenante.

Tout au long de ce premier album, Brandi évoque sa vie, ses doutes, la fragilité de ses convictions. Nous avons ici affaire à un véritable effort de groupe, puisque si la chanteuse a écrit et composé seule trois morceaux, elle a pour l'essentiel collaboré avec les Twins, Tim Hanseroth se faisant par exemple l'auteur solitaire de la ballade folk entraînante "What Can I Say". De par leurs capacités vocales, les Twins offrent également de splendides harmonies vocales qui deviendront une composante essentielle de l'identité artistique du groupe. "Closer To You", titre folk-rock énergique, voit Brandi évoquer l'éloignement familial et la distance grandissante avec son frère insaisissable, tandis que "Happy", dont les sonorités évoquent les ritournelles pop typiques des années 90, traite pour sa part d'une fin d'amitié causée par la révélation de son homosexualité.

Il y a déjà ici de très grands morceaux témoignant d'une maturité évidente. C'est le cas de la sombre "Throw It All Away", qui débute comme une ballade folk dont les couplets à la saveur douce-amère laissent place à un refrain d'une puissance rock ébouriffante. Permettant à Brandi CARLILE d'exorciser ses déceptions de jeunesse, ce premier album contient également "In My Own Eyes", écrit après qu'un prêtre a refusé de la baptiser en raison de son homosexualité, ainsi que "Tragedy", traitant de la fin de sa première véritable histoire d'amour. "Some Days Never Comes" tout comme la reprise d'Elton JOHN "Sixty Years On", en fin d'album (et sur la version reéditée), sont quelques exemples qui permettent de savourer ce folk passé au tamis de la voix puissante et versatile de la jeune artiste qui livre ici nombre de morceaux mémorables, à défaut de faire date dans son répertoire en concert.

Quelques titres, influencés par la pop-rock 90's, sonnent aujourd'hui un peu datés, à l'image de "Happy". Pour autant, ce premier effort sans titre, auto-produit par Brandi et les Twins, nous donne à découvrir une artiste déterminée, dont la voix déjà ample et puissante sert parfaitement ce folk dépoussiéré qui vire souvent, et avec réussite, vers un rock sombre et mordant. Un album de jeunesse, certes, mais un bon album tout de même.

3,5/5

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- Brandi Carlile (guitare, chant)
- Phil Hanseroth (basse, chant)
- Tim Hanseroth (guitare, chant)
- Mark Pickerel (batterie)
- Glenn Slater (claviers)
- Kevin Suggs (pedal steel)


1. Follow
2. What Can I Say
3. Closer To You
4. Throw It All Away
5. Happy
6. Someday Never Comes
7. Fall Apart Again
8. In My Own Eyes
9. Gone
10. Tragedy



             



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