AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Au contraire de Giorgio MORODER dont il est pourtant proche sur le plan musical, CERRONE n’aura réalisé que peu de bandes originales : cinq en tout, pour la trilogie de films de série B érotiques Brigade Mondaine (1978-80), pour le film Dancing Machine (1990) adapté d’un de ses propres romans, et pour l’adaptation théâtrale de Orange Mécanique / A Clockwork Orange (2006). Autre différence fondamentale : les BO de Giorgio MORODER sont toutes constituées presque uniquement de matériel original, et se placent pour la plupart dans la continuité de ses albums ordinaires, tandis que celles de CERRONE sont assez marginales au sein de leur discographie, à l’exception de Dancing Machine. En ce qui concerne les trois albums Brigade Mondaine, la raison est simple : ils sont constitués d’instrumentaux réalisés en formation réduite et de précédentes compositions de CERRONE.

Cette bande originale du premier volet de Brigade Mondaine contient donc des versions abrégées de "Give Me Love" (Supernature, 1977) et "Phonic" (Phonic / La Nuit Pour Nous), qui ne méritent pas que l’on s’y attarde une seule seconde. L’autre moitié de la première face est constituée de trois petits morceaux génériques où le Disco ne subsiste que sous forme de traces. Plus de cuivres, plus de cordes, plus de chœurs suaves, mais une section rythmique et quelques claviers. "Cloe" est une version alternative de "Cerrone’s Paradise" (1977) avec une introduction flûtée supplémentaire. "Deauville" est une ballade dans la lignée de "Time For Love" et "Experience" est un petit thème rythmé se rapprochant de "Give Me Love". Les fade-out soulignent bien le caractère alimentaire de ces morceaux.

La seconde face est plus intéressante car CERRONE y déroule différentes ambiances électroniques, mais elle souffre encore du syndrome du recyclage sonore. "Générique - Fin" est un joli thème sombre et planant en mode de si, accompagné de batterie et d’effets spéciaux, lesquels figurent seuls, avec la fin des nappes en basse, sur "Générique - Début" avec un mixage légèrement différent. Quant à "Make Up", il s’agit de l’électronique de "Générique - Fin" en version non coupée et sans batterie. Il reste les deux derniers morceaux qui heureusement donnent le change : la ballade planante et suave "The Loft" et le séquencé "Strip-Tease". Dans les deux cas, Georges RODI joue un rôle de premier plan, ce qui ne sera que confirmé avec le volume suivant de Brigade Mondaine. On n’est pas loin de ses productions solo de la même époque (New Life, Space).

Un générique réussi mais décliné en trois versions successives, aussi qualitatives soient-elles, ça lasse un peu, et ça ne fait que plomber l’album. Ça nous donne donc trois morceaux complets qui valent vraiment le coup : "Make Up", "The Loft" et "Strip-Tease", et une version alternative intéressante : "Générique - Fin". Le reste s’écoute mais est sans grand intérêt. Au final, un disque dispensable, de même que ses deux successeurs.

2 ½ sur 5