LOVE & KISSES semble pour Alec R. COSTANDINOS être le réceptacle de ses albums les plus typiquement Disco, c’est-à-dire sans medley de reprises (Paris Connection), ni scénario à l’échelle d’un album entier, ni écart stylistique (Judas Iscariot / Simon Peter). Encore que How Much, How Much I Love You était un peu particulier puisque particulièrement chargé musicalement. You Must Be Love est donc plus proche du premier album sans titre de la plus célèbre formation Disco d’Alec. En revanche, cet album a la particularité d’avoir été enregistré par deux formations différentes, la première face réunissant le plus gros de la formation jazz-funk BAD NEWS TRAVELS FAST (Chavanat / Bonfils / Ceccarelli / Arcadio) produite par Alec, la seconde face réunissant la formation typique de LOVE & KISSES.

Trois morceaux de durée variable sur succèdent sur la première face. Force est d’admettre que les pénibles falbalas du précédent LOVE & KISSES sont bien loin. Les trois compositions sont plutôt bonnes pour du Disco et s’équilibrent bien entre elles. "Ooh La La La La", malgré son titre tarte à faire peur, n’est pas la pire manifestation du style d’Alec, loin de là. Le refrain est très édulcoré mais le reste fait passer la pilule. Au moins ce morceau d’ouverture ne traîne-t-il pas en longueur comme "I’ve Found Love" (1977). "Your Middle Name Is Money" contient plus de guitares que d’habitude, dont les accents rock, certes très gentillets, ne sont pas sans rappeler "Je Suis Music" (1978) de CERRONE. "Find Yourself A Dream" est une ballade très correcte ainsi que suffisamment courte pour éviter la redondance. Si la patte musicale de Alec est toujours bien présente, il semble que le changement de formation jugule certains excès. Nous verrons plus tard si les deux albums de BAD NEWS TRAVELS FAST transforment l’essai.

On arrive à la suite-titre, et c’est là que ça se gâte. Le thème principal est ressassé tout le long de ces dix-sept minutes, en plus d’être intrinsèquement faible. Les incartades de piano, la séquence électronique et le pont à la troisième minute sont certes appréciables mais ne parviennent pas vraiment à tirer l’ensemble vers le haut, faute de cohérence. Certains développements sont réussis, notamment le passage instrumental central et toutes les interventions de piano, mais d’autres, tels le contrechant de cordes intervenant à trois reprises à partir de la sixième minute, le sont beaucoup moins, ce qui, avec la grande faiblesse du thème principal, condamne le morceau à l’échec. Romeo And Juliet (1978) souffrait également d’un refrain simpliste (et ce sur l’ensemble de l’album) mais était sauvé par des développements aboutis.

You Must Be Love est un album trop bancal pour être viable. Je ne serai donc pas aussi indulgent que pour Romeo And Juliet et The Hunchback Of Notre Dame.

2 ½ sur 5