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1973 Camel
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- Membre : Caravan, King Crimson, Matching Mole, Hatfield And The North, Asher Quinn

CAMEL - I Can See Your House From Here (1979)
Par MARCO STIVELL le 26 Octobre 2010          Consultée 5926 fois

A la fin des années 70, le CAMEL classique semble loin derrière et ce n'est pas pour rien si I Can See Your House From Here se situe à la jonction des routes. Le groupe continue son bonhomme de chemin, malgré les changements de membres et diverses difficultés, notamment la mauvaise réception de ce nouvel album appelé à devenir d'ailleurs le moins bien vendu de la carrière du groupe.

Rappelons quelques faits. 1978 voit le départ de Peter Bardens et son remplacement non par un mais deux (!) claviéristes, dont Jan Schelhaas, le seul retenu après la tournée de Breathless, l'autre étant Dave Sinclair, le frère du bassiste Richard. Lui comme son frère quittent donc le navire, alors que Colin Bass vient tenir le rôle de la basse et du chant, et Kit Watkins, anciennement membre du groupe de rock progressif américain Happy The Man, celui des claviers avec Schelhaas. Le groupe reste un quintet car le saxo-flûtiste Mel Collins met également les voiles, bien que le groupe le réemploiera de temps en temps pour des participations à ses futurs albums, dont celui-ci.

I Can See Your House From Here, en plus de posséder un titre plutôt original est, après The Snow Goose en 75, le deuxième album de CAMEL -chronologiquement parlant- à contenir une forte teneur en musique symphonique. Il est moins question ici de vrai rock progressif à développements grandiloquents et avalanche de mellotron : rappelons que nous sommes à la fin des années 70 et qu'aucune musique ne se porte plus mal que celle-ci, l'autre grand groupe The ENID en est la démonstration parfaite. Mais en même temps, si CAMEL ne cherche pas ici à garder complètement (loin de là) les éléments complexes présents dans les Mirage et Moonmadness passés, il ne cherche pas à les supprimer non plus. A l'instar de celle de GENESIS et même du disque précédent Breathless, la musique se simplifie tout en ne perdant point sa richesse mélodique, ses ambiances parfois, et de temps en temps ses fioritures qui rendent le tout plus dense encore. Ce qui fait qu'on se trouve avec I Can See Your House From Here en présence de chansons pop légères bien que souvent plus "mordantes" que celles de Breathless, d'un côté et, de l'autre, des éléments plus 'classiques', en accord avec le rock ou plus globalement les musiques progressives qui tentent tant bien que mal de survivre à l'époque.

D'emblée, on se laisse surprendre par "Wait" qui mélange plus ou moins les deux genres de manière excellente. En fait, c'est un rock puissant pour du CAMEL, accessible, mais avec un goût prononcé pour diverses complications, à la manière du "Echoes" de l'album précédent. Il met en valeur le chanteur Colin Bass qui remplace au pied levé Richard Sinclair avec une voix moins typée. Les claviers le sont également moins que ceux de Peter Bardens, Kit et Jan se réservant le luxe de deux soli de Moog chacun, imbriqués l'un à la suite de l'autre (1, 3 : Kit ; 2, 4 : Jan), mais si le tout est plus que réjouissant, c'est vers ceux de Jan que se situe ma préférence car ils sont moins démonstratifs et plus bouillonnants. C'est le seul véritable titre entièrement 'mordant'.
"Remote Romance" et son tempo enlevé, ainsi que "Neon Magic", sont un peu plus légers et forcent le sourire, surtout le premier. Quant au deuxième, il vaut surtout pour sa partie instrumentale de toute beauté, presque évanescente. Notons que ses paroles ont été écrites par la trop discrète Viv McAuliffe qui a participé à des albums de Patrick MORAZ (ex-clavier de YES) et au The Geese And The Ghost de Anthony Phillips (ex-Genesis), dont le producteur de l'époque Rupert Hine officie également ici. Parmi les chansons pop légères, aucune ne vaut sans doute mieux que "Your Love is Stranger Than Mine" interprétée par Colin également, et dont le côté enjoué (surfant quelque peu sur la vague disco) ainsi que le petit solo de sax de Mel Collins sont bienvenus. Une occasion manquée de faire un bon petit tube, encore une fois.

Mais, pour découvrir les joies de la pleine saveur de I Can See Your House From Here, il faut s'aventurer au gré des autres titres qui, sans nécessiter une attention trop exigeante, demandent parfois plusieurs écoutes avant de se laisser apprivoiser. "Eye of the Storm", une composition de Kit Watkins, est la seule exception. Reposant sur deux motifs mélodiques plutôt simplistes, cet instrumental a de quoi délecter immédiatement les amateurs de musique symphonique, dotée d'un caractère à la foix lumineux, doux et spatial (à l'image de la pochette quoi). C'est aussi le cas des deux plus grandes chansons de l'ensemble, "Who we Are" et "Hymn to Her". Cette dernière se voit de plus agrémentée d'une facette un peu plus rock en son milieu, et qui contient la participation toujours sympathique de maître Phil Collins, mais aux percussions, pas à la batterie. Quant à "Who we Are", ce petit chef-d'oeuvre résume à lui seul la musique de CAMEL, entre dynamisme et émotion, d'un romantisme et d'une finesse rarement égalés dans cette branche de la musique. Il est prolongé par l'interlude "Survival" joué par l'orchestre uniquement, peut-être un peu court pour s'en faire une réelle idée.

Mais, s'il y a un titre capable de réconcilier les amateurs de CAMEL, autant ceux qui ont lâché l'affaire depuis Rain Dances que ceux (en plus petit nombre) qui arrivent avec celui-ci, c'est bien "Ice". Après un "Remote Romance" assez délirant, cette pièce instrumentale d'orfèvre de dix minutes vient clôturer en beauté et majesté cet album trop sous-estimé, à grand renfort de cette magie sensible et éthérée qui vient habiter aussi bien les petites interventions du Mini-Moog que les thèmes de guitare électrique (les refrains en gros) aussi simplistes que déchirants. Tout cela peut facilement rappeler les meilleurs titres du genre chez Pink Floyd et la comparaison pourrait se faire jusqu'à parler de la guitare elle-même, mais rien n'y fait, Latimer, la classe même, vaut pour moi tous les Gilmour de la terre et ce n'est pas une déconsidération du grand David. Les interventions d'Andy sont belles à pleurer, c'est tout. Et le final de "Ice" est fabuleux, lorsque la musique baisse et qu'il ne reste que les voix du Solina (un genre de mellotron amélioré). On a même droit à un duo de guitares acoustique et électrique qui n'est pas sans rappeler certains des plus beaux passages de The Snow Goose.

C'est un album que j'ai mis beaucoup de temps à apprécier globalement, mais qui reste plus que satisfaisant pour ceux qui veulent aborder l'oeuvre du groupe d'après 77 sans passer directement par les chefs-d'oeuvre, notamment futurs (et Dieu sait qu'il y en aura). Malgré les difficultés, on rencontre un groupe à son sommet artistique depuis Moonmadness, le concours occasionnel des membres dans la composition ("Hymn to Her" pour Schelhaas, "Eye of the Storm" pour Watkins) n'y étant pas étranger, mais aussi à son plus haut talent d'arrangements, le trio Latimer-Bass-Ward étant des plus efficaces et les deux claviers se complétant bien (même si j'ai tendance à trouver Schelhaas un peu trop mis en retrait). Idéal pour terminer la grande décennie.

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   MARCO STIVELL

 
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- Andy Latimer (guitares, chant, choeurs, flûte, autoharpe)
- Colin Bass (basse, chant, choeurs)
- Andy Ward (batterie, tambours, percussions)
- Kit Watkins (pianos, orgue, claviers, synthétiseurs)
- Jan Schelhaas (pianos, claviers, synthétiseurs)
- Mel Collins (saxophone alto)
- Phil Collins (percussions)
- Simon Jeffes (arrangements et direction de l'orchestre)


1. Wait
2. Your Love Is Stranger Than Mine
3. Eye Of The Storm
4. Who We Are
5. Survival
6. Hymn To Her
7. Neon Magic
8. Remote Romance
9. Ice



             



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