Pour un groupe de punk-rock celtique, il est évident que plus le temps passé en studio est long, moins le temps passé à assouvir ses passions diverses et variées (à savoir l'alcool, l'alcool et l'alcool) est conséquent. C'est sans doute cette raison qui avait poussé les REAL MCKENZIES a ne consacrer que très peu de temps à l'enregistrement et la masterisation de Loch'd and Loaded, leur précédent opus, offrant à ce dernier un son digne d'un groupe de collégiens en crise d'adolescence... Professionnel malgré tout, le groupe inverse la barre avec son quatrième album, qui lui permet enfin de s'établir comme fer de lance d'un style en pleine expansion et en quête de leaders fédérateurs et charismatiques.

Oot & Aboot, le titre de l'album, constitue le premier clin d'œil à cette culture écossaise, toujours au centre de la musique du groupe, et chère à son leader, Paul MacKenzie, dont les ancêtres se sont installés au Canada après avoir quitté leur belle Calédonie. « Oot and about », c'est en effet la prononciation de l'expression « Out and About » (signfiant « être de sortie ») avec un fort accent écossais. La seconde référence est bien entendu ce tartan vert, utilisé en guise de pochette d'album, symbole devenu depuis la marque de fabrique des Canadiens. Mais l'amour de l'Ecosse se retrouve aussi et surtout dans ces compositions punk faisant la part belle à une cornemuse dansante et traitant de thèmes certes un peu clichés mais résolument fédérateurs et apportant une joie de vivre bienvenue.

Album le plus court du groupe (25 minutes à peine), Oot & Aboot est également le plus dense et celui qui se rapproche des racines punk 70's. En témoigne le titre d'ouverture, « Cross the ocean » petit brûlot punk hargneux mais n'en oubliant pas pour autant les mélodies, qui s'impose rapidement comme la pépite de l'album. Direct et témoignant d'une irrésistible envie d'en découdre, ce morceau montre tout le savoir-faire des REAL MACKENZIES, qui parviennent à mélanger l'énergie punk la plus pure avec des textes non dénués d'une certaine conscience historique et sociale (en l'occurrence le départ forcé de nombreux écossais vers le Canada et les USA durant la sombre période des Clearances, un sujet qui touche directement le leader du groupe).

Conscient de leur héritage, les REAL MACKENZIES rendent un hommage fort bien senti aux dinosaures du punk-rock avec un « Droppin' like flies » non dénué d'un certain humour noir : « Ils tombent tous comme des mouches » chante à l'envi un Paul MacKenzie dont la voix éraillée n'a jamais aussi bien sonné que sur cet opus. Pied au plancher, le groupe enchaîne les brûlots punk-celtique qui s'imposent rapidement parmi les meilleures réussites du style : le délicieusement naïf « Get lost », le politisé et anti-bourgeois « Lest we forget », l'alcoolisé et acoustique « Dance around the whisky » ou encore l'agressif « Oot and aboot » constituent les fleurons de la musique des Canadiens de sol, Écossais de sang. Parvenant enfin à structurer son propos tout en conservant cette fraîcheur qui fait son intérêt, le groupe explose littéralement sur le quasi-hard rock « Jennifer Que », autre moment flamboyant de l'opus, qui n'est pas sans rappeler le groupe Volbeat, Paul McKenzie offrant quelques intonations vocales à la Elvis !

Ne souffrant d'aucun temps faible (difficile de faire du remplissage en 25 minutes!), Oot & Aboot est délectable en tous points. Bénéficiant enfin d'un son rendant justice à leur musique et offrant plus de profondeur à cette dernière, les REAL MACKENZIES semblent enfin avoir trouvé le juste compromis entre rugosité des compositions, sens de la mélodie et efficacité de la production. Le premier album véritablement indispensable du groupe.