Roc' Eclair est un album particulièrement important pour Jean-Louis AUBERT. Depuis son départ de Téléphone, le musicien s'est embarqué dans diverses expériences qui l'ont presque toujours conduit au succès. Avec une poignée de disques, il aura prouvé son importance dans le paysage musical français des années 90 et 2000, et si tous n'ont pas marché de manière égale (l'étonnant Stockholm), chacun aura révélé ses tubes, fait preuve d'une certaine qualité. Roc' Eclair n'est pas une exception à la règle, car malgré une baisse de régime, il y a toujours des qualités présentes et ce qui rend son auteur si attachant. En effet, depuis Comme un Accord à l'orée des années 2000 et plus qu'auparavant, Jean-Louis Aubert apparaît comme un personnage "gentil", toujours en quête d'un idéal et faisant ressortir de la tendresse dans ses chansons, quitte à laisser de côté le caractère rock de Téléphone (et certains ne s'y sont pas retrouvés). Si Roc' Eclair est aussi important, c'est parce que Jean-Louis y parle du malheur qu'il vit depuis la perte de son père. La texture est donc plus sombre, il suffit de regarder la pochette pour s'en convaincre.

On nous a présenté dans les médias cette nouvelle oeuvre comme la plus personnelle du chanteur, à la fois à tort et à raison. A raison parce qu'il y a bien sûr cette relation avec le père, perceptible surtout dans la chanson qui donne son titre au disque et idéalement placée à la fin (c'est sans doute la meilleure de toutes). Mais on nous avait dit aussi que Jean-Louis joue de nombreux instruments (ce qui est aussi vrai) et qu'il se retrouve seul, au moins sur "certains titres". Partant avec la même considération que l'on a pour le génial Both Sides de Phil Collins, ce simple détail rendait Roc' Eclair particulièrement intéressant. Après achat et écoute, effectivement, Jean-Louis est bien seul sur certains morceaux, on peut carrément le dire... seulement deux ! C'est un peu dommage car quand on voit l'effort réalisé sur "Maintenant je Reviens", on se dit que cela aurait mérité d'être un peu plus développé.

Passée cette petite déception, concentrons-nous sur les chansons. Le son global est à l'image de la "sombriété" recherchée car malgré la présence de quelques guitares électriques et programmations, l'arrangement reste assez dépouillé et la production va de pair. "Maintenant je Reviens" ne nous offrira pas un Jean-Louis Aubert différent des précédents albums donc, on retrouve cette tendresse des "Alter Ego" et consorts, chaleureuse et toujours très bienvenue. D'autres titres de Roc' Eclair gardent cette empreinte de manière évidente, à commencer par "Roc' Eclair", "Demain Sera Parfait", "Puisses-tu", "Le Matin des Magiciens" (il n'y a que Jean-Louis pour dire aussi bien quelque chose d'aussi simple que "la musique, c'est magique"), "Aimer ce qui s'Enfuit"... Le souci c'est que toutes ne sont pas des chefs-d'oeuvre et font office de chansons tout juste agréables au milieu du reste. "Demain Sera Parfait", choisie comme premier single, a son efficacité tubesque mais reste, comme la chanson qui la précède, un peu alourdie par un arrangement de cuivres pas franchement indispensable. "Marcelle" passerait seulement pour une chanson sympa si l'orchestration n'était pas aussi réussie. "Les Lépidoptères", "Demain Là-Bas Peut-être" ainsi que le jazzy "Chasseur de Nuages" s'écoutent gentiment, sans plus. Ce sont vraiment "Maintenant je Reviens", le rock bien délectable de "Regarde-moi" mais aussi et surtout les chefs d'oeuvre "Puisses-tu", "Aimer ce qui s'Enfuit" et "Roc' Eclair" qui restent les plus captivantes.

Ce qui nous fait assez peu de titres qui se démarquent, mais de par son côté plutôt agréable et le message qui nous touche, Roc' Eclair viserait plutôt le 3/5. Alors pourquoi seulement 2 ? Tout simplement parce qu'au même moment, Jean-Louis Aubert a sorti un EP portant le nom Hiver, et qu'à l'écoute de dernier, on se rend compte que le choix de titres pour la finalisation de Roc' Eclair n'a pas été forcément optimal. Beaucoup de chansons sur cet EP (pour ne pas dire toutes), à commencer par le très beau "Jusqu'à ce que le Vent Tombe" ou la petite douceur blues "Petite Âme Seule" auraient mérité leur place aux côtés des meilleures de l'opus, et lui auraient permis de figurer comme un album meilleur que moyen. Au lieu de cela, l'EP est supérieur en qualité, et on se retrouve avec un opus sympathique, qui n'a ni l'unité de H, ni l'ambition de Stockholm, simplement représentatif de ce si aimable artiste, mais que l'on ne ressortira pas trop souvent.

Note réelle : 2,5/5