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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Style : Van Der Graaf Generator, Art Zoyd, Univers Zero
- Membre : Tri Yann, Michel Berger , René Werneer , Stella Vander

MAGMA - Köhntarkösz (1974)
Par TARTE le 22 Mai 2020          Consultée 3039 fois

J’étais évanoui. Face à terre, je ne pouvais encore bouger. Vivant, je l’étais sûrement, et excepté l’horrible torpeur qui engourdissait tout mon corps, telle une colonie de termites qui me dévorait de l’intérieur, je n’avais semble-t-il pas de membre brisés ou absents. Ouvrir les yeux fut une longue et douloureuse besogne, une profonde obscurité m’empêchât toute reconnaissance visuelle, je devais procéder autrement. Le contact de mes joues sur le sol m’a permis de savoir que c’était de la pierre et l’éprouvante chaleur de la pièce me poussa à déduire que cet espace était, probablement, profondément enterré. De plus, une odeur fétide de moisissures me laissa penser que jamais la lumière du jour ni le vent ne devais parvenir jusqu’ici.

Mais il y avait autre chose. Le sol vibrait. Un son parvint à mes oreilles, il ne correspondait à rien à ce que j’ai pu entendre jusqu’ici. Il était lent, aride, puissant, terrible. Sa manière de résonner dans l’espace m’indiqua que le reste de la structure dans laquelle je me trouvais était également faite en pierres massives et possédait des dimensions dont la simple estimation me plongea dans un épouvantable tourment. Allongé, inerte, mon esprit était assaillit de toutes parts. Je ne connaissais rien de mon sort, et j’étais épris d’une terreur tétanisante. Pas celle que vous pouvez éprouver au regard de quelque chose d’effrayant, non ; La terreur pure, dans sa forme la plus nette, qui, dans son essence, empoignait mes nerfs et accompagnait mes songes fiévreux et agonisants. Les vibrations avaient une profondeur inouïe, il m’avait semblé reconnaître une basse, mais le son s’apparentait davantage aux grognements d’une bête féroce, en même temps, jaillissait des stries aiguës qui me glaçaient le sang. J’eu préféré le néant de la Mort que cet inconnu qui semblait être devenu mon éternité. Le son semblait se déplacer et s’intensifier, comme une lugubre procession. Un rythme émergeât lentement du pandémonium percussif, une structure semblait se mettre en place pendant que des lancinantes lignes d’orgues continuaient imperturbablement leur office. La marche était inéluctable, la musique se mettait en branle et rien ne pouvait en enrailler la progression. Il semblait se préparer quelque chose, les instruments (bien que ce mot ne fusse pas tout à fait adéquat) rampaient, grattaient la pierre, je les sentais se rapprocher. La panique qui sourdait du fond de mes tripes me donnait des spasmes incontrôlables, cette musique dépassait l’entendement et je me surpris à imaginer, non sans terreur, les esprits qui en étaient l’origine. Des sagesses obscures, des intelligences hostiles, des figures dont les ténèbres cachaient les véritables intentions. Et puis il y avait ces voix. Chants sépulcraux, murmures cryptiques, phonèmes incantatoires, je n’avais pas besoins d’en comprendre un seul mot pour deviner quelles morbides significations ils renfermaient. Toutefois, il m’a semblé percevoir quelques fragments de chants d’espoir, des voix angéliques apparaissaient et disparaissaient aussitôt, elles m’apparurent comme des lueurs précieuses et fragiles suspendues au milieu de cette nuit.

Au fur et à mesure de ma reprise de conscience, je pu enfin bouger le bras gauche, c’est à ce moment qu’elle apparut. Une figure rougeoyante dansait dans la pièce. La stupeur de cette vision fantasmatique se doubla d’une certaine satisfaction car je pouvais enfin apercevoir l’espace dont j’étais prisonnier. Mais la raison me revint, et Je pris vite conscience que le spectre qui semblai célébrer ma dernière heure n’était que la projection, sur l’immense parois lisse, d’un rayon lumineux provenant d’une crevasse située à quelques pieds de mon visage. C’est à ce moment que j’entendais les sons s’atténuer peu à peu, ce qui, paradoxalement, me replongea dans un état de panique. Quelque chose se préparait. Mû par une curiosité sordide, je me traîna laborieusement jusqu’à l’interstice et y plongea mon regard avec une appréhension teintée de frayeur. C’est à ce moment que je me rendis compte que ma vision était trouble, probablement dû à mon état pitoyable. Toutefois, je pu discerner la teneur macabre de la scène. Tout ce que je voyais s’apparentait à de grosses taches vacillantes et rougeoyantes que j’assimilais à ce moment aux flammes de torches à bois, et des silhouettes squelettiques dansantes dans un ballet grotesque.

Je n’avais, pour ainsi dire, aucune grille pour comprendre ce que je voyais et ce que j’entendais. Des corps désarticulés, dansant de plus en plus furieusement, mus par des énergies obscures. Mais a peine eu-je le temps de pouvoir interpréter quoi que ce soit que tous les murs de la pièce se mirent à vibrer. De la poussière se décollait des murs et tombait vers le sol poisseux. Et la musique reprit, plus intense encore.
C’était la fin, je parvint à rassembler les maigres forces qu’il me restait et, dans un effort surhumain, pu me redresser. Bien que le temps sembla jouer contre moi, il me fallut quelques minutes pour trouver l’équilibre, j’étais enfin debout. Mais il était trop tard. Un tumulte s’empara de tout mon être. Mes membres jusque-là quasiment inertes se mirent à bouger. Pris de convulsions, je me mis soudainement à tituber comme un pantin de vaudeville. Les voix se faisaient de plus en plus incantatoires, mes spasmes semblaient se synchroniser avec les rythmes syncopés de la procession. Entouré des silhouettes, menaçantes, c’est à ce moment que la raison me quitta.

Cette musique, c’est la roche, dense, étincelante, opaque, brûlante et dissimulant des secrets invisibles. A la foi mouvante et immobile, elle renferme l’Histoire, du Passé le plus lointain au Futurs les plus incertains, elle est d’où nous naissons, elle sera là où nous retournerons.

Köhntarkösz.

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   TARTE

 
   DAVID

 
   (2 chroniques)



- Christian Vander (batterie, piano, percussions, chant)
- Jannick Top (basse, violons, chant, piano)
- Klauss Blasquiz (chant, percussion)
- Gérard Bikialo (piano, orgue yamaha)
- Michel Grailler (piano)
- Stella Vander (chant)
- Brian Godding (guitare)


1. Kohntarkosz (part I)
2. Kohntarkosz (part Ii)
3. Ork Alarm
4. 5. Coltrane Sundia



             



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