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KRAUTROCK  |  STUDIO

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- Membre : Harmonia, Guru Guru
- Style + Membre : Brian Eno , Eno Moebius Roedelius

CLUSTER - Cluster 71 (1971)
Par ARP2600 le 8 Juin 2012          Consultée 4534 fois

Un groupe bien étrange que CLUSTER. Une chose est sûre, comme la plupart de leurs collègues du krautrock, ils n'étaient pas commerciaux au début. Par contre, le plus curieux, c'est que même après les véritables débuts de la musique électronique comme on la conçoit aujourd'hui, vers 73/74, ils ont continué de produire des albums assez peu accessibles. Ce sont finalement les collaborations avec Brian ENO qui sont les plus connues, auxquelles on peut ajouter le supergroupe HARMONIA que je traiterai en parallèle. D'une manière ou d'une autre, tout est quand même plutôt expérimental, mais toujours au moins intéressant, et parfois carrément génial.

Initialement, Dieter Moebius et Hans-Joachim Roedelius avaient formé le groupe KLUSTER avec Konrad Schnitzler en 1969, après le départ de ce dernier de TANGERINE DREAM. Ce groupe extrêmement difficile et confidentiel ne vendait que quelques centaines d'exemplaires de chacun de ses trois albums. Sur ces disques étranges, on entend des bruits, des traits lancinants de violoncelle, ainsi que des textes religieux... un amas de sons quoi (encore un groupe bien nommé, du moins dans ses premières années). Je les chroniquerai un peu plus tard, et ce ne sera pas facile. En 1971, Schnitzler a quitté le groupe et ses deux comparses ont alors décidé de s'appeler CLUSTER. C'est là que je débute, avec le premier opus, simplement intitulé Cluster 71 et dont les trois morceaux ont pour seul nom leur durée. A-t-on jamais vu plus abstrait ? De fait, la musique est encore très difficile, c'est une évolution directe par rapport à Eruption, le troisième KLUSTER. Mais il est bien plus réussi, proposant un son irréel beaucoup plus plein et travaillé que quand le groupe était un trio. Bref, si vous écoutez ceci et trouvez ça incompréhensible, dites-vous bien que ce n'est rien comparé aux précédents.

Pour situer un peu les choses, comme bien des projets de krautrock, les premiers albums de CLUSTER ont été rapprochés voire inclus au space-rock. Et c'est vrai que les ambiances vont dans ce sens, mais s'agit-il bien de rock ? Il y a des guitares, des percussions, et toutes sortes de bricolages avec des dispositifs électroniques et des lecteurs de bandes, voire n'importe quel objet. Tout était bon pour obtenir le son le plus spécial possible. A l'instar de TANGERINE DREAM entre Alpha Centauri et Atem, ce qu'on trouve sur Cluster 71 abat les barrières des styles et propose une expérience musicale digne des compositeurs les plus réputés. Notons que je ne veux pas non plus classer ceci en musique électronique. C'est à peine s'il y a des orgues ici, mais pas encore de vrais synthés ni de séquenceurs. Non, c'est vraiment autre chose. D'ailleurs, quarante ans après et malgré les progrès technologiques, on peut difficilement ressentir ici un caractère daté.

L'album commence par l'impressionnant "15:33", probablement la meilleure des trois plages. Curieusement, j'ai aimé ce morceau dès la première écoute, alors qu'il n'y a aucune véritable mélodie. La simple évolution suffit à captiver. De l'introduction avec ce son de corde éclatant se répétant à l'infini jusqu'à cet étrange battement entre les minutes 10 et 13, ce que nous propose CLUSTER est tout simplement unique. Assez inquiétant aussi, bien sûr, j'ai dit que ce n'était pas facile. La fin de la première face est occupée par "7:38", caractérisé par l'omniprésence d'un son grave et abrasif, avec une belle montée en puissance et aussi de beaux effets de résonance. Enfin, le long "21:17", le plus calme des trois, se rapproche nettement des albums de TANGERINE DREAM à la même époque. Pour être franc, j'aime un peu moins celui-ci. Sur une telle durée et avec aussi peu d'animation, il a tendance à devenir lassant. L'amalgame sonore est tout de même aussi convaincant que dans ce qui précède et, écouté dans de bonnes conditions, au cours d'une séance de méditation, on sera surpris des sensations qu'un tel morceau peut susciter.

Il serait difficile de donner plus de détails, surtout vu le caractère assez improvisé de la musique. C'est le genre de disque qu'il faut découvrir par soi-même. Si on résiste à la sensation d'oppression qu'il peut inspirer, il peut devenir une belle source d'ouverture d'esprit. Je conseille à tout le monde de se le passer au moins une fois, pour voir jusqu'où des musiciens plutôt affiliés au rock pouvaient aller dans l'abstraction à cette époque où on osait tout.

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   ARP2600

 
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- Dieter Moebius (orgue, guitare, dispositifs électroniques)
- Hans-joachim Roedelius (orgue, violoncelle, dispositifs électroniques)


1. 15:33
2. 7:38
3. 21:17



             



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