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Sheryl CROW - Wildflower (2005)
Par MARCO STIVELL le 9 Avril 2013          Consultée 2076 fois

Sheryl CROW peut être satisfaite d'avoir réussi à passer le cap des années 2000 malgré une absence marquée entre deux albums. Son retour avec C'mon, C'mon est salué par la critique et le grand public, et il convient d'ajouter un an plus tard le succès du premier best-of de l'artiste. C'est cependant à cet instant que se termine son âge d'or dans les hautes sphères commerciales de la musique pop-folk américaine.

La publication de Wildflower en 2005 marque en effet un tournant. Bien que l'artiste semble revenir à un certaine régularité, à raison d'un album tous les deux ou trois ans, il est difficile de connaître les raisons de cet échec, chacun des singles manquant son objectif excepté l'un d'entre eux qui sera repris avec coup en duo avec Sting, argument plutôt vendeur. Ce mystère est d'autant plus grand que Wildflower se situe dans la directe lignée d'un C'mon, C'mon, bien que ne contenant pas de tube aussi fort que «Soak Up the Sun» il est vrai.

En fait, et peut-être plus encore que son prédécesseur, le cinquième disque original de la chanteuse s'ancre dans une certaine uniformité, une production très léchée qui enrobe des chansons d'inspiration pop-folk essentiellement sous forme de slows et souvent agrémentées de cordes. On reconnaît aisément la patte de John Shanks, producteur déjà présent sur l'album précédent et qui a entretemps fait les beaux jours de la pétillante Michelle Branch. «Perfect Lie», «Good Is Good», «Letter to God», «I Don't Wanna Know» ou encore «Where Has All the Love Gone» baignent toutes dans cet univers rêveur et langoureux, pas franchement optimiste certes (ce disque est sans doute l'un des plus personnels de l'artiste, contenant des textes introspectifs ou inspirés de réflexions sur l'amour et d'autres sujets), mais musicalement loin des morceaux tourmentés que l'on a connu auparavant. Bien sûr, l'artiste a le droit de faire différemment, mais au fond, on apprécie mieux les diversités de tons alors que là les chansons se ressemblent beaucoup, sans grande folie si ce n'est une jolie remontée de guitares 12 cordes ainsi qu'un synthé bizarroïde sur «Where Has All the Love Gone». Tout cela est agréable mais une nouvelle fois loin de démarquer Sheryl de ses consoeurs souvent moins âgées telles Kelly Clarkson qui d'ailleurs lui ravira toutes les récompenses la même année.

Malgré cela, on en trouve quelques-uns de ces morceaux visant à pimenter un peu l'ensemble. Parmi les plus «enlevés» (ceux qui ressemblent le moins à des slows on va dire), on peut ranger «Lifetimes» dont l'ambiance se fait souvent proche du deuxième album et de The Globe Sessions, ainsi que «Live It Up» qui commence par un arpège folk et qu'un «Oh !» savoureux par la chanteuse façon final de «Am I Getting Through» vient trancher pour passer à un tempo typiquement country-rock. Ce ne sont cependant pas les meilleurs morceaux que la chanteuse ait écrits dans le style. On leur préférera le très beau «I Know Why» où le ton rêveur se savoure mieux qu'ailleurs, peut-être parce que le morceau est placé au début, peut-être aussi parce qu'il a la bonne idée d'inclure un arpège de banjo et qui renforce la sympathie que l'on peut avoir envers ce morceau.

Ce n'est pas tout. Alors que C'mon, C'mon ne nous offrait qu'une seule respiration acoustique et reléguée en toute fin d'album, l'unique marque d'audace notable sur Wildflower est de nous en proposer deux, et l'une après l'autre ! C'est un fait suffisamment rare dans les albums pop-rock pour être souligné, surtout à une époque où certains ne jurent que par l'alternance systématique «titre enlevé/titre calme». D'autant plus que, et ce n'est pas rien de le dire, «Chances Are» et «Wildflower» nous font vivre les meilleurs moments de ce cinquième opus. «Chances Are» et son ambiance brumeuse avec tablas, pendant que Sheryl chante «I was lost inside a daydream, swimming through the saline», déclaration intime bien connue des fans ; «Wildflower» à fleur de peau avec ses violoncelles caressants, où Sheryl chante en voix de tête... D'ailleurs, plus le temps passe et plus elle progresse en chant, avec une voix plus claire qu'avant, palpable sur ce titre ainsi que «Always on Your Side», où elle est par ailleurs assez méconnaissable.

Finalement Wildflower s'écoute pratiquement aussi bien que C'mon C'mon, avec moins de temps forts en termes de quantité, mais dont l'intensité leur permet de s'élever au même rang que ceux du précédent album. Rien que pour «I Know Why», «Chances Are» et «Wildflower» de toute façon...

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   MARCO STIVELL

 
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- Sheryl Crow (chant, basse, guitare acoustique, choeurs, clavier)
- John Shanks (banjo, basse, guitares, claviers, choeurs)
- Jeff Trott (basse, programmations, guitares, claviers, pianos,)
- Mike Elizondo (basse)
- Jamie Muhoberac (claviers)
- Daniel Chase (batterie, percussions, programmations, casio)
- Brian Macleod (batterie, guitare acoustique)
- Bruce Kaphan (pedal-steel guitare)
- Greg Leisz (guitare baryton, pedal-steel guitare)
- Jeff Rothschild (batterie, programmations)
- Abe Laboriel Jr. (batterie)
- Keith Schreiner (programmation batterie)
- Roger Joseph Manning Jr. (piano)
- David Campbell, Ali Helnwein (arrangements des cordes)


1. I Know Why
2. Perfect Lie
3. Good Is Good
4. Chances Are
5. Wildflower
6. Lifetimes
7. Letter To God
8. Live It Up
9. I Don't Wanna Know
10. Always On Your Side
11. Where Has All The Love Gone



             



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