Voici la dernière phase de l'opération « Vendons ce qu'il reste d'O.M.D ». Après la compilation de singles et le recueil de live joués chez tonton Peel, Virgin abat la carte maîtresse, celle qui ne peut être contestée, surtout en ce début de IIIème millénaire. Je veux parler de la réunion des faces B de singles. Il serait indécent de remettre en cause la réédition de titres qui seraient autrement introuvables, sauf à fouiller dans tous les disquaires du monde, et encore. De plus, elles s'avèrent des plus intéressantes chez O.M.D. En effet, il ne faut pas oublier que ce groupe a presque toujours eu tendance à mêler la new-wave avec une musique expérimentale et contemporaine.
Là encore, la lecture de la tracklist de Navigation laisse sur sa faim. Tout comme The OMD Singles, l'album n'est pas plus exhaustif. Il va même jusqu'à s'arrêter à 1991, excluant de facto les faces B des singles issus de Liberator et Universal. Un jour, il faudra soutenir la sortie d'une compile vraiment complète sur ce point. En attendant, il convient de se contenter d'une collection tout de même vraiment bien fournie du point de vue qualitatif.

L’enchaînement des morceaux se fait toujours par ordre chronologique, il ne pouvait en être autrement. Cela dit, deux intrus viennent pointer le bout de leur nez ici. Le premier ouvre l'album, il s'agit d'une version alternative d'"Almost". Cette dernière sonne de manière moins grossière que celle figurant sur le premier O.M.D. Quant à l'autre intrus, "(The Angels Keep) The Wheels Of The Universe", qui ferme l'album, il s'agit d'un inédit offert en bonus limité de Junk Culture. Un grand moment à mi-chemin de la synthpop et de la musique bruitiste. En tendant l'oreille, on peut même déceler l'influence du TANGERINE DREAM de la période Baumann, rien que ça. Enfin, un troisième qui n'en est pas un intervient, à savoir The Romance and the Telescope. Elle ne paraît pas comme inédite, mais cette version alternative moins travaillée a effectivement été en face B de Joan of Arc.
Quant aux faces B vraiment inédites, dire qu'il y a à boire et à manger est faux. Cela sous-entendrait qu'il y a des morceaux vraiment faibles, et pas qu'un peu. Or, même les chansons sorties à la même époque que Crush et The Pacific Age sont d'une qualité remarquable. L'influence de la musique électronique allemande se fait sentir sur l'enchainement "Navigation" – "4-Neu" – "66 and Fading", qui montre bien un O.M.D méconnaissable pour des yeux pop. Mieux, "66 and Fading" pourrait très bien sortir du Phaedra de TANGERINE DREAM, rien que ça.
Quant aux chansons sorties après 1984, elles suivent bien l'évolution qualitative du groupe, ou plutôt la descente. Pour Crush et The Pacific Age, cela est parfaitement logique, mais en ce qui concerne Sugar Tax, il est de bon aloi d'avoir évacué la chanson éponyme et "Burning", qui auraient sérieusement plombé l'album.

Dans l'ensemble, Navigation est une archive de choix pour avoir une vision encore plus complète d'O.M.D. McCluskey et Humphreys ont composé des titres qui laissent songeur quant à un chimérique revirement à la TALK TALK, malgré quelques couacs. La non-exhaustivité de la compile la dessert toutefois, et certains titres ne sont là que parce qu'il fallait bien être plus ou moins démonstratif. L'écoute sera donc incomplète mais intéressante.