C'est Dick sur la tof de couverture  ! Ouais, rien que ça ! Non content d'être un guitar hero de premier plan, le mec est tout bronzé et surfe tel un dieu Hawaiien. Ça détend pour un début. Mais reprenons plutôt des origines. Dick est né Richard Monsour, d'ascendance polono-libanaise, né à Boston, influencé par son tonton - joueur de Oud -, passionné de musique et de sport, notre garçon va se faire un devoir d'intégrer des éléments orientalisants dans une musique qu'il veut symbolique des sensations du surf. C'est ainsi que naît la surf music, dans un ramdam que l'on n'avait guère entendu jusqu'à présent. car le jeune homme ne fait rien comme tout le monde : gaucher, il joue sur des grattes de droitier sans en inverser les cordes ce qui explique en partie l'attaque phénoménale qui est sa marque de fabrique. "Surfer's choice" est son premier album.

A tout seigneur tout honneur, évoquons sans plus attendre l'opus major de cette livraison: "Misiirulu" encore orthographié à la libanaise. Cette première version est agrémentée d'une ambiance carrément orientale - dont la version qui nous est parvenue via "Pulp fiction" est pas mal expurgée -, mais tout ce tralala démonstratif est absolument splendide. Le résultat est hallucinant pour l'époque et Dick envoie la sauce tel le taureau qu'il est, il influencera des générations entières de metalleux en herbe, ce qui n'est guère étonnant. "Let's go trippin" est un supra classique du Rock'n'roll, nous sommes à l'école de la surf music et du rock instrumental, c'est historique. "Del tone rock" est certainement le premier morceau du style, comportant des chorus de guitare endiablés vraiment agressifs pour 61. Les influences présentes sur "Misirlou" ont été digérées, c'est rentre dedans et "Rock" comme pas possible. même le sax dépote grave.

"Surfing drums" est plus saccadé, moins rapide mais toute aussi efficace, une petite merveille d'ambiance, et Dick qui part dans tous les sens. Le chant surprend son monde quand il arrive, mais n'enlève rien à la vista du titre. Le fuzz est déjà puissant, on s'approche de la distorsion. "Shake n stomp" est un autre insrumental qui arrache. En fait, Dick se signale par son agressivité et sa volonté de choquer des masses pas encore accoutumées à un tel son, même si les VENTURES ne sont pas si loin. Sur "Death of a gremmie", le blues lent est à l'honneur avec beaucoup d'à propos, c'est excellent. "Jungle fever" enfin est prétexte à une débauche de sons plus carnavalesque qu'autre chose, on sent que l'artiste s'éclate !

Cela dit, nous trouvons aussi sur ce disque quelques chansons parfois mièvres et sans intérêt, comme "Night owl" "Fanny mae" ou "Peppermint man" qui n'apportent pas grand chose, elles prouvent juste que Dick sait chanter. Il y a d'ailleurs du doowop comme sur "Lovey dovey", c'est sympa de voir le champion de surf faire le teenage idol à la manière d'un Paul ANKA ou d'un Frankie AVALON, même s'il ne peut s'empêcher de prendre des intonations à la LITTLE RICHARD.

En termes d'importance, l'opus a une légitimité rare et exemplaire. Rock instrumental, surf music, guitar hero de légende. Tout cela sonne mythique ! tentez l'écoute puis allez donc piquer une tête dans les rouleaux de l'océan, ou sur une planche pour les plus téméraires ! Ca le fait !