Christopher ISAAK est né et a grandi à Stockton, en Californie du Nord. Ses jeunes années se déroulent ainsi que nous pourrions l'imaginer : le collège puis la fac avec certaines capacités dont une évidente d'être plébiscité par ses collègues, il est sans cesse président des étudiants. Il sort de la fac avec un diplôme de communication, mais il n'en fera pas sa voie, loin s'en faut car sa voix a pris le relais, il chante et s'accompagne à la guitare depuis longtemps déjà quand il rencontre ceux qui composent son groupe de toujours, dont l'essentiel guitariste James Wilsey, l'homme au son des fifties, c'est lui, cette reverb associée à cette delay si claire. Warner le signe donc rapidement et son premier album sort en janvier 85, c'est ce "Silvertone" dont il me semble bien qu'il était alors le nom du groupe... Bien entendu, on ne peut pas ignorer la ressemblance physique frappante entre Chris et le king Elvis PRESLEY, c'est bien sûr un avantage !

Trois singles vont être tirés de ce premier opus. C'est "Dancin" qui ouvre le bal. Oui il s'agit bien d'un bal des fifties quand on évoque la musique de Chris ISAAK. Le titre est assez basique, mais il met en scène les premiers trademarks du grand Chris. Le rythme souple, presque nonchalant, Chris qui susurre comme aux oreilles des filles, le smooth à la fifties et cette guitare cristalline au son SHADOWS. La messe est dite, ce mec a du talent. Mais ce n'est pas pour autant qu'il sera remarqué, qui écoute du rock'n'roll des années cinquante de nos jours ? Il faudra attendre la sortie du film de David LYNCH "American flyers" pour que le succès arrive sous la forme du rock'n'roll "Gone ridin". Le metteur en scène sera toujours à ses cotés. La vidéo est trompeuse, on a l'impression d'être 30 ans plus tôt, et le titre bien roots aurait pu faire partie d'un album des STRAY CATS. Le dernier single est le super smooth "Living for your lover" instaurant définitivement le chanteur comme un spécialiste des bluettes romantiques au son tendre.

Les compositions de Chris sont souvent soit crépusculaires comme sur "Western stars" ou sur "Unhapiness", soit exotiques comme sur "Pretty girls don't cry", où il donne au terme de bluette des lettres de noblesse évidentes ! Et puis il y a toujours quelques rock, toujours dans une atmosphère désertique, comme ici sur "Another idea" ou la très frustre "tears"... On croirait entendre du Johnny BURNETTE !. Enfin, la grande spécialité sont les songs à ambiance noirâtres comme sur "The lonely ones", qui lui permettent de faire étalage de ses capacités vocales, c'est certes un brin tristounet, mais c'est la pierre de voûte de son oeuvre, la plupart des classiques à venir du californien seront dans ce moule. On pourra ainsi citer "Funeral in the rain" au thème bien joyeux, ou l'éthérée "Talk to me".

Bon, pour une oeuvre de jeunesse, c'est drôlement bien foutu. A l'époque j'écoutais beaucoup Elvis et j'avais immédiatement flashé sur ce premier album qui avait reçu quelques éloges dans Best. La voix de Chris, son charisme, la beauté de ses compositions, l'excellence des orchestrations, tout est en place pour une belle carrière. Et puis, quel beau mec ! Quand je vous aurai dit qu'en plus, c'est un maniaque de surf et qu'il a gagné le plus prestigieux titre amateur de boxe aux US - ouais, le nez ne s'est pas cassé tout seul - : les "golden gloves", vous situerez encore mieux le personnage. Un charme fou ! Un bon 3,5 !