Y-a-t-il une jeune femme dans la place ayant vécue dans les eighties qui n'ait pas été conquise par la superbe photo de couverture du deuxième et éponyme opus de Chris ISAAK ? Même Elvis n'était pas aussi beau à sa grande époque, d'autant que Chris est loin de jouer les rockeurs poseurs, il ne peut guère le faire avec son joli tarin tout de travers, souvenir d'un crochet du gauche bien encaissé... Mais ici, le grand photographe de mode Chris WEBER a compris tout le parti qu'il pouvait tirer de ce physique hors normes, et cette tof de Chris est certainement sa plus connue. Un an après Silvertone, il convient d'enfoncer le clou, pas simple de garder le lead en jouant une musique hors des contextes, alors que la new wave et la dance battent leur plein...

Mais il y a une justice en ce bas monde. car ce deuxième album contient une des plus belles chansons composées par Chris, accessoirement devenu aujourd'hui un standard de la musique populaire. Cette chanson, presque sacrée pour moi, s'intitule "Blue hotel"... Chaque guitariste en herbe devrait savoir la jouer afin de charmer sa belle. Ca marche, croyez moi ! La guitare digne de Hank MARVIN, la voix toute de smooth vétue de Chris, cette ode est une merveille de chanson crépusculaire, digne de figurer dans le grand livre du rock en jolie position. Cependant, le premeiier single sera "You owe me some kind of love", qui, si elle est sympa, est bien loin d'atteindre au sublime de la chanson de l'hôtel bleu le long de l'autoroute solitaire... La complainte "Lie to me" prendra la suite, efficace et plus attendue. Le succès aidant, un quatrième single sort, le chouette "Heart full of soul", titre le plus abouti de l'album après le chef d'oeuvre précité.

Il semble évident que l'artiste a déjà choisit son camp en terme de composition, et les morceaux plus rentre-dedans ont quasiment disparu. Mais nous avons "Wild love", un petit rock'n'roll nerveux à la STRAY CATS, agrémenté des petits licks si spécifiques de Wilsey à la guitare, toujours aussi original - cette reverb ! - , et une belle performance de Chris au micro. Il y a aussi "Lovers game" aux intonations quasi mexicaines. De même on remarquera aussi le petit titre jazzy si différent de ce que Chris compose la plupart du temps, ce "Take my heart" avec sa gratte presque manouche. Pour le reste, l'album fait la part belle aux morceaux les plus ambients, le chanteur a compris qu'il pouvait surfer sur cette vague, cela nous donnera "This love will last" ou "Waiting for the rain to fall" pour les meilleurs du lot.

Pas de moments faibles dans cette livraison, la musique est toujours agréable et bien ficelée, même si tous les titres ne sont pas mémorables. Cependant, vous ne pouvez achever la lecture de cette chronique dans vous jeter tels des morts de faim sur la découverte de "Blue hotel", un titre légendaire qui ne prendra jamais une ride ! C'est à nouveau un 3,5 mérité pour Mister ISAAK !