Une année après avoir sorti ce qui est pour moi son meilleur album, le bien nommé "Forever blue", Chris ISAAK est une star Internationale dont la carrière connaît surtout des hauts. C'est l'année de ses quarante ans et visiblement, on peut se permettre un peu de relâche... C'est tout l'esprit de ce nouvel opus prénommé "Baja" comme la Californie du Sud, celle de San Diego qui jouxte le Mexique et carrément la péninsule mexicaine qui la prolonge. D'où cette photo en noir et blanc, et le style très laid back ainsi que les nombreuses reprises qui émaillent cette livraison. Chris ne risque plus grand chose, avec ce sixième album, il cherche essentiellement à se faire plaisir.

D'ailleurs, un seul single en sera extrait, c'est fort peu et cela montre l'aspect "détendu" de Chris, ce même s'il va faire de son mieux pour aguicher le coeur de ces dames ! Ce single est un rock nonchalant mais chaloupé qui fera plaisir aux amateurs des fifties, il s'intitule "Think of me" et ne s'alignera pas sur les grands classiques de l'artiste, même s'il est sympa et dansant. On a en revanche la surprise de retrouver deux ex singles : "Two hearts" dans une autre version qui ne change guère la donne. Elle contribue toutefois à l'ambiance cool du disque, on est presque en vacances... Et..."Dancin" un de ses vieux hits... Certes chouettes, mais qui n'apportent pas beaucoup à ces sessions...

Et donc : beaucoup de reprises ! A commencer par la western "Only the lonely" super classique de Roy ORBISON, dont le répertoire et la légendaire voix conviennent à merveille à notre Chris, qui de plus peut compter sur son physique de tombeur pour tomber les dames en manque de sensations fortes. L'ambiance mexicaine se rappelle de suite à notre bon souvenir avec le vieux cow boy Gene AUTRY et ses films d'opérettes dont "South of the border" est tiré, et c'est cool comme un mojito sous le ciel azur d'Acapulco. Ne nous attardons pas et passons de l'autre coté de Panama avec "Yellow bird", un standard du calypso que vous risquez de reconnaître avec son orgue tranquillou... On se croirait sous un cocotier.

Chris s'attaque ensuite au répertoire de Dean MARTIN, un des crooners ultimes de la musique populaire, avec "Return to me". La version est très belle, justifiant toute les attentes. Le surfeur se débrouille comme un chef avec les standards, leur donnant juste ce qu'il faut d'originalité pour les faire siens. Belle performance ! Aprés MARTIN ?... Bing CROSBY ! Quoi de plus naturel ? C'est "Sweet Leilani" et par instant on croirait entendre l'interprête de "White christmas" tant la douceur de leurs voix est comparable.

Dans les compos de Chris, on retiendra avant tout la belle complainte "I wonder" ou la mignonne course ensoleillée de "Pretty girls don't cry", le meilleur titre de l'album à mon sens, qui laisse à Chris l'occasion de placer ses vocalises romantiques, elle me rappelle d'ailleurs certaines mélodies des EVERLY BROTHERS. "Wrong to love you" est dans la droite lignée des chansons de notre boxeur au nez cassé, tous les trademarks Isaakiens sont là. On en fini avec la pacifienne "Waiting for my lucky day", toute parée de smooth et de coolitude... Tout ce qu'on aime chez Chris.

Bref, beaucoup de reprises dont de lui même, difficile de monter haut dans la notation. En matière de nouveautés, les nouvelles compositions se tiennent bien mais n'atteignent pas au sublime de ses classiques. La route de Chris se poursuit, sans surprise ni déroute, cela reste remarquable. L'homme continue de cultiver son charme avec une réussite évidente.