C’est une rencontre fortuite entre les londoniens Neil Tennant, qui vient de s’offrir un synthé Korg et Chris Lowe qui sera le prélude a la création d’un duo musical. Les deux compères se rendent compte qu’ils partagent les mêmes gouts pour la musique électronique, vouent un culte au Krautrock allemand, à OMD et HUMAN LEAGUE. C’est ainsi que naissent les PET SHOP NOYS du surnom qu’ils avaient l’habitude de donner à des collègues qui bossaient dans un magasin d’animaux. Il leur faudra cependant cinq ans pour obtenir le deal avec Parlophone qui leur permettra de sortir leur premier album. Nous sommes en 1986 et la new wave montre de gros signes de faiblesse, va s’effacer peu à peu devant la montée des mouvements alternatifs, les PET SHOP BOYS sont probablement le dernier gros groupe de synth pop a voir le jour

Et tout débute avec "West End Girls", qui va tout déchirer sur son passage, cette chanson de new wave tardive introduit des éléments hip hop – on pense a "The Message" de GRANDMASTER FLASH – des cuivres, des éléments pop et discos viennent contrebalancer la classique froideur de la synth-pop. Indéniablement une des chansons majeures de l’année 86, elle va atteindre le sommet des Billboards en Grande Bretagne comme aux USA. Une performance rare pour un groupe de cette frange musicale. La vidéo elle même joue son rôle a plein avec un Neil Tennant déjà énigmatique, androgyne a souhait et pourtant encore loin de son coming out.

Nous continuons forcément dans le velours avec "Love Comes Quickly", la première composition écrite par le duo après leur rencontre. Elle est sensiblement moins originale, nous évoluons dans une synth pop classique. La video fait son flambard et tourne intensément mais la chanson ne parvient qu’à la 19eme place du billboard a Londres, 69eme aux US. Le Single suivant "Opportunities" a le mérite de poser des questions sensées sur le monde d’alors… C’est le moins qu’on puisse dire ! Le titre colle aux aspirations de l’époque et va décoller une fois encore, le top est atteint en prude Albion ainsi que le top 10 aux states, faisant du groupe le porte étendard de la dernière génération des groupes de new wave.

Enfin, "Suburbia" achève de positionner le groupe comme un des actes majeurs de la musique populaire de la seconde moitié des eighties. Le sujet est plus socialisé, et le refrain se laisse apprivoiser avec une facilité déconcertante, l’ensemble apparaît aujourd’hui comme un classique définitif, avec ses batteries en carton et ses lignes de synthé basse complètement à l’ouest, mais le petit lick de synthé fait toute la différence malgré sa simplicité. La vois de Tennant est maintenant connue et appréciée de tous, un must de clarté. La vidéo compare les villes de Los Angeles et de Londres dans leurs aspects les plus banlieusards.

Je suis assez fan du ton de "Tonight Is Forever", bien servi par la voix de Neil, un aspect émotionnel de belle tenue s’en dégage, avec un bridge percussif étonnant. La ritournelle au synthé et les sequencers donnent une belle dynamique à «" Want A Lover", le refrain se tient pas mal, le moment reste de qualité avec ses synthés a la "Thriller". Les effets aujourd’hui un peu cheap de "Two Divided By Zero" évoquent les DURAN DURAN, il faut racoler large ! Le titre se laisse bien écouter.

Des nappes de synthé et un piano discret sont à la manœuvre dans "Later Tonight", un slow qui se laisse fort bien écouter et laisse augurer de possibilités multiples dans les futurs choix a venir du duo. On part sur une vibration très DEPECHE MODienne avec "Why Don’t We Live Together ?", quelques notes de synthés et une dynamique pressée, mais le chant calme de Neil nous emmène dans des contrées pop toutes proches. Enfin, "Violence" est un archétype du genre… Cela fera probablement sourire les générations des années 20, tant tout ceci sonne kitsch aujourd’hui sans pour autant démériter. L’esprit des eighties est la.

C’est un grand coup de pied dans la mare que viennent de porter les PET SHOP BOYS avec la sortie de ce premier opus. Les ambiances sont indéniablement synth pop malgré la date un brin tardive, et les résultats de vente sont évidents, le groupe s’est imposé en un rien de temps. Un album qui touche au classique, tant par le genre abordé que par la voix si singulière de Tennant, il contient deux immenses classiques que sont "West End Girls" et "Suburbia". Un essentiel qui mérite la note de quatre étoiles.