Et voilà, les tribunaux de l'Etat de Washington ont tranché ! Geoff Tate repart la queue entre les jambes et va subtilement intituler son QUEENSRYCHE bis OPERATION MINDCRIME. Sans déconner ! Eddie, Chris et Michael ont donc remporté le combat légal et conserveront à jamais le nom de leur légende. Les nerfs désormais libres de stress, il faut espérer que notamment Michael Wilton va voir ses ailes de compositeur repousser, lui qui créa nombre des plus grands standards du groupe de Seattle. On revient sur terre avec ce titre empreint de modestie 'de condition humaine'. La Torre officie à nouveau au micro, encore un peu de régularité et son statut de clone de Tate sera oublié.

Le single "Arrow of Time", sans être exceptionnel, nous découvre le nouveau groupe phare de metal progressif avec toutes ses capacités retrouvées, des chorus de grattes comme s'il en pleuvait. Et ceux qui ont largué le groupe lors de ses pérégrinations les plus récentes auront le plaisir de récupérer un QUEESNRYCHE en pleine forme, avec la voix de Geoff Tate mais sans le caractère quelque peu difficile de ce dernier. Les twin guitares sonnent presque IRON MAIDEN. D'ailleurs, si ce n'était les tics des compos propres à Michael, on croirait presque un titre de la vierge de fer.

Passé ce morceau, il y a de la bonne came dans cette galette : voyez donc le superbe "Guardian" qui nous replonge avec délice dans les grandes années. Tout est là, on pourrait se croire au milieu de Empire. Si si... Bravo, les gars ! "Selfishlive" sonne très chouette avec son rythme syncopé maladif et le riff acoustique de "Just us" a le don de me faire tripper. Je lui trouve une force tellurique très probante. "All There Was" me rappelle les débuts du hard progressif, quand FATES WARNING, CRIMSON GLORY et QUEENSRYCHE se tiraient la bourre pour la palme. Beaucoup de chorus de guitare et un refrain plus épique tu meurs. Nous avons probablement cru avoir perdu la recette de ce genre de titres.

La reptative "Hellfire" au joli refrain donne à Todd l'occasion de pousser sa voix et le mid-tempo "Hourglass" est une belle réussite. "Toxic Remedy" manque peut-être un poil d'originalité, mais ne pèche aucunement par manque de qualité A nouveau, on se croirait revenu à la grande époque. Ainsi qu'à l'accoutumée, Eddie Jackson se fend d'un titre, drivé comme il se doit par sa basse. "Eye9" tient bien la route face aux autres titres de l'album. Comme souvent sous la plume de Rockenfield, il y a un aspect plus mainstream mais aucunement désagréable dans "Bulltproof". Le refrain plaintif y est notamment bien achalandé.

Enfin, un simple coup d'oeil à la durée de Condition Human prouve que nos vieux loups du bizness ont toujours les dents longues. La question se pose : sont-ils toujours capables de sortir de longs titres à rallonge ? Une tentative méritoire avec un solo de guitare qui doit beaucoup à Mark SHELTON, le leader de MANILLA ROAD. Beaucoup de digressions cependant affaiblissent quelque peu le morceau, qui aurait gagné à un brin de pragmatisme en plus. Dommage aussi que la psychiatrique intro "The Aftermath" n'y soit pas plus présente.

Noter cet albums'avère des plus complexes. Clairement, pas un seul titre faiblard n'est à déplorer. Nous retrouvons la reine du Reich à son niveau d'antan. On revanche, on peut arguer d'une certaine platitude : les riffs s'enchaînent, les mélodies se croisent, c'est super efficace mais ça manque peut-être un peu de fraîcheur. C'est la leçon du jour, même avec de la bonne volonté et un talent indéniable, on n'est jamais sûr de retrouver la force de composition d'un groupe hors-normes. Je me situe clairement cependant entre le 3 et le 4, légèrement au-dessus du précédent. C'est de bon augure pour la suite, mais l'espoir de retrouver QUEENSRYCHE au niveau des Rage For Order ou Operation Mindcrime est un voeu pieux. Autres temps autres moeurs. Mais ne boudons pas notre plaisir, l'album est bien bon et satisfera tous les fans de Metal progressif.