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Ludwig Van BEETHOVEN - Concerto Pour Piano N°1 (klemperer) (1798)
Par CHIPSTOUILLE le 1er Juin 2014          Consultée 3016 fois

Comme nous l’avions évoqué dans la chronique du second, le concerto pour piano n°1 est en réalité le troisième écrit par BEETHOVEN. Sa composition fut débutée en 1795-1796 après le second, pour être achevée en 1798. Sa parution n’eut lieu qu’en 1801 sous le numéro d’opus 15, juste avant le précédent, ce qui explique la numérotation inversée. BEETHOVEN dira à son propos, tout comme pour le n°2, qu’il ne donnait pas l’œuvre pour sa meilleure. Une affirmation qui pourra étonner une nouvelle fois, tellement la qualité est au rendez-vous. On ne connaît pas très bien les circonstances de son écriture, on sait seulement que BEETHOVEN avait tourné en Europe centrale, notamment à Prague et à Bonn. On perd cependant régulièrement la trace du compositeur dans ses jeunes années.

Fort heureusement, il nous reste l’essentiel : la musique ! Contrairement au second concerto qui monte en puissance avec un dernier mouvement très fort, le premier est plus équilibré et distille ses qualités. Reprenant à nouveau la forme classique en trois mouvements, dans la continuité de MOZART et même HAYDN, le concerto commence avec un Allegro Con Brio plutôt long. Cet épisode, bien qu’il ne fût pas écrit durant la période héroïque du compositeur a déjà toutes les qualités requises. Bien des musicologues qualifient ces deux premiers concertos de mozartiens, et il y a des raisons à cela que nous évoquerons plus loin, mais le premier mouvement a des allures déjà bien trop magistrales pour pouvoir soutenir ce genre de comparaison. BEETHOVEN, combatif et révolté, sait déjà où il va.

On se souvient de cette entrée en matière pour deux particularités. Le thème premier, très simple, longuement répété, porte des coups péremptoires. Sans avoir l’immédiateté de la cinquième symphonie, on est déjà dans le nec plus ultra de la musique classique. L’autre particularité, plus discrète, est ce subtil phrasé au piano au comble du second thème que l’on ne découvre qu’après cinq bonnes minutes. Vous me direz quand ? A quel moment ? Il est vrai que ce premier mouvement, la réussite incontestable de ce concerto, regorge de phrasés magiques, entre descentes en piqué, échos repris au basson, instants empreints de sérénité ou de noire colère. Mais il y ce moment particulier, rare, à l’apogée du second thème, où l’orchestre retient son souffle pour laisser les touches du piano rouler, accélérer très succinctement pour ralentir aussitôt, comme les gestes sensuels d'une danseuse de flamenco, deux fois de suite. A cet instant, votre cœur saute un battement.

Tout aussi grandiose que puisse être ce premier mouvement, les suivants ne sont pas en reste. Nous l’avons déjà dit, dans le concerto pour piano, BEETHOVEN n’a fait qu’enchainer des réussites. C’est peut-être dans l’intervention de clarinettes mises ici en évidence, presque concertantes par moments, que le Largo permet des liens plus évidents avec MOZART. La façon qu'a BEETHOVEN d’utiliser une note soudainement aigüe dans le thème pour monter subrepticement en intensité est également un rapprochement possible. Dans la continuité de style de la romance mozartienne, BEETHOVEN ne fait ici que toucher du doigt ce qui fait de MOZART un autre génie en la matière. Une prouesse déjà remarquable, que l'ainé n’avait pas systématiquement réussi à réitérer. Toutefois, dans les 13 longues minutes de ce mouvement lent, à l'image du second concerto, BEETHOVEN tend parfois à s’égarer, un peu.

Enfin, le dernier mouvement, le classique inoubliable qui est généralement supposé mettre tout le monde d’accord, ne failli pas à la règle. Le thème est évident, le développement est déjà héroïque dans ses aspirations. C’est peut-être plus par comparaison qu’on émettra une réserve. Les second et troisième concertos font plus fort sur ce point précis. Peut-être est-ce simplement une affaire de goût, mais dans le phrasé au piano se trouve une complexité qui empêche l’immédiateté radicale de la simplicité. L'orchestre reprenant juste derrière, ce qui était idéal pour développer, ne se permet pas d'imiter cette profondeur, et semble pour le coup un chouilla simpliste. Juste avant la fin, une reprise au piano débarrassée du superflu semble pourtant fournir la solution.

Il n’y a bien sûr qu’en comparant ce concerto avec les suivants qu’on ose lui faire des reproches, un véritable blasphème. Celà s’appelle cracher dans la soupe. Il faut surtout retenir de cette œuvre qu’elle est exemplaire, malgré ses très légères imperfections. Bien des auteurs seraient prêts à de grands sacrifices pour cotoyer le niveau ici atteint. Côté interprétation, on vous propose une fois de plus Barenboïm au piano avec Klemperer à la direction, sans comparaison ni analyse plus détaillée. Compte tenu de l’immense satisfaction ici procurée, pourquoi aller chercher ailleurs ?

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Daniel Barenboim (piano)
- New Philharmonia Orchestra
- Otto Klemperer (direction)


- compact Disc 1
- concerto Pour Piano N°1 En Ut Majeur Op.15
1. 1. Allegro Con Brio
2. 2. Largo
3. 3. Rondo (allegro Scherzando)
- concerto Pour Piano N°2 En Si Bémol Majeur Op.19
4. 4. Allegro Con Brio
5. 5. Adagio
6. 6. Rondo (molto Allegro)



             



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