Après avoir enregistré « Third Degree » en 1982, NINE BELOW ZERO tourne encore un peu dans le pays, assurant ainsi la pérennité et la promotion de l’album. Le single « Eleven Plus Eleven » connaît un petit succès qu’il faut rentabiliser. Mais Dennis Greaves se montre plus intéressé par un nouveau projet, beaucoup plus Soul Pop avec la création de The TRUTH. En 1983, NBZ participe encore à de rares concerts afin d’honorer les contrats qu’ils ont signés, et surtout de ne pas décevoir les fans ni les programmateurs et brasseurs de mousse anglaise. Le groupe reste pro jusqu’au bout et a autant la pêche sur scène, mais il est clair que la boucle est bouclée.

La vie est parfois curieuse et pleine de surprises. En 1989, le label anglais Receiver Records Limited, une ancienne filiale de Trojan, prend son indépendance. Receiver édite aussitôt un CD Live capté au Venue. Contre toute attente, « Live At The Venue » se vend bien, dépassant même les ventes escomptées. Ce Live salué par la critique européenne et par Eric CLAPTON donne des idées à Dennis Greaves et Mark Feltham. Les deux compères décident derechef de remonter leur groupe avec une nouvelle section rythmique, deux anciens de Rory GALLAGHER : le bassiste Gerry McAvoy et le batteur Brenden O’Neill.
A peine reformé, le groupe suscite l’intérêt des medias anglais et un nouveau Fan Club est créé en moins de deux semaines. 9BZ a laissé un bon souvenir, des gars sympa qui mouillent le maillot, abordables, n’hésitant jamais à boire une pinte avec leurs admirateurs. Après avoir répété quelques semaines et s’être produits à l’arrache sur quelques scènes anglaises, les quatre compères sont fin prêts. Greaves décide d’enregistrer « On The Road Again » dans le West Sussex, à Ardingly un bled paumé à 30 bornes au nord de Brighton, dans le studio de Curtis Schwartz. Afin de garder la main mise sur la direction artistique et réduire les frais, le groupe décide de produire l’album. Mis en boîte en avril 1991, l’album est édité par China Records, un indépendant dirigé par Derek Green qui a connu de petits succès avec Art Of Noise et The Dog D’Amour.

Ce cinquième opus de 11 titres mêlant originaux et reprises s’avère nettement plus soft avec un répertoire ancré dans le Blues. Comme tout le monde, Greaves et Feltham ont pris de la bouteille, les deux larrons proposent désormais une sonorité plus maîtrisée, moins rentre dedans et à la coloration légèrement plus Pop. Harmoniciste très demandé depuis l’arrêt de 9BZ, Mark Feltham a fait évoluer son phrasé. Il a accompagné ou collaboré avec une kyrielle d’artistes (Joan Armatrading, Manfred Mann’s Earth Band, Roger Chapman, Roy Harper, Nazareth, Box Of Frogs, Gallagher) et ces multiples expériences se retranscrivent sur « On The Road Again », titre clairement explicite, 9BZ est de retour.

Ecrémons ce CD par le titre de l’album, « On The Road Again », popularisé début 68 par CANNED HEAT, l’un des groupes phare du Blues Boogie Psyché. La présente version s’appuie grandement sur celle des Californiens. Les détracteurs et autres grincheux pourront toujours trouver à redire, la voix de Dennis Greaves diffère de celle de Bob « The Bear » Hite, il n’y a pas de cithare et les influences psyché et LSD sont naturellement édulcorées, mais le groupe en offre néanmoins une version très correcte, supérieure à celle de Love Sculpture ou Big Country. Le Blues demeure une composante essentielle de l’album ; le groupe extirpe les violonades sirupeuses de « Kiddio », le classique de Brooke Benton privilégiant une rythmique gorgée de Swing. Autre grand classique avec « Mama Talk To Your Daughter », un single Parrot de JB LENOIR, repris à toutes les sauces (de MAGIC SAM à MAGIC SLIM en passant par John MAYALL et THOROGOOD). Le rythme Rockin’ imprimé par la rythmique et l’harmonica relègue à des années lumière la version de Robert PALMER. Ce titre aurait dû préalablement figurer sur leur second album, sur une idée de Glyn Johns, voilà l’oubli réparé.

N’oublions pas que Greaves et Feltham sont de bons pourvoyeurs de chansons, huit titres provenant du groupe, incorporant plusieurs influences : le Blues pour « No More The Blues » et « Hard Goin’ Up », le Voodoo R&B avec l’envoûtant « Doin’ Fine », le Rock'n'Roll louisianais avec « Much Too Much » dans lequel l’accordéon de Geraint Williams déverse la Tamise dans l’Atchafalaya River. Les aficionados de rythme à la Chuck Berry devraient se complaire sur le cuivré « Sweet Little Contessa ». « Cold Cruel Herat », « The Bird » et « Sioux’s Shoes », trop Pop et sortant du contexte, viennent malheureusement plomber l’album, l’empêchant de récolter une grosse note. En 1991, le retour de NINE BELOW ZERO proposait une solution de remplacement assez jouissive par rapport à ce que les radios nous servaient jusqu’à l’écœurement (MADONNA, PAULA ABDUL, JANET JACKSON ou MARIAH CAREY), prenant les auditeurs pour de vulgaires oies de gavage.