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- Membre : Bruce Springsteen

LITTLE STEVEN - Men Without Women (1982)
Par MARCO STIVELL le 2 Juin 2016          Consultée 1676 fois

Superstar internationale dont le nom ne résonne pas si souvent, Steve Van Zandt alias LITTLE STEVEN, ou encore Miami Stevie etc, méritait bien mieux que de rester simplement connu comme le lieutenant/bras gauche/Ministre de l'Amitié de Bruce SPRINGSTEEN ad vitam eternam – mais admettez toutefois qu'il y a bien pire, niveau pédigrée ! Bien que comptant parmi les Jersey Boys les plus célèbres, il reste au départ le plus oriental des musiciens du E STREET BAND puisque né plus haut sur la côte est, à Winthrop, dans la banlieue nord de Boston, état du Massachussetts, un an après le Boss à l'automne 1950. Ayant des ancêtres italiens du sud (Naples et la Calabre), il porte à sa naissance le nom de famille de sa mère, Lento, mais sept ans plus tard, celle-ci se remarie avec un descendant d'immigrés hollandais, William Van Zandt, pour qui elle emménage dans le New Jersey, sur la côte du côté de Red Bank/Asbury Park, là où tout ensuite va se passer. Steven voit d'ailleurs arriver un demi-frère la même année, Billy Van Zandt, futur comédien et dramaturge plus ou moins en vue dont Adrienne Barbeau, ancienne compagne et actrice du réalisateur horrifique John Carpenter, sera l'épouse pendant longtemps.

Très vite attiré par la musique, LITTLE STEVEN devient guitariste après avoir assisté aux performances des ROLLING STONES au show TV à grande audience Ed Sullivan Show courant 1964 (tout comme SPRINGSTEEN pour Elvis PRESLEY quelques années plutôt), mais aussi et surtout des BEATLES, dont il affiche une préférence nette pour le 'grand oublié' George HARRISON. Cela dit, il ne le connaîtra pas aussi bien, plus tard, que ses amis Paul McCARTNEY et Ringo STARR. Vers la fin des années 60, ayant déjà intégré quelques groupes pop ado, il est aussi marqué par Ravi SHANKAR et l'ère hippie. Viré du lycée pour avoir refusé de couper ses cheveux longs (grand sujet sensible également pour le Boss vis-à-vis de son père), il subit un grave accident de voiture dont un choc de la tête en plein pare-brise lui marque le scalp suffisamment pour changer la donne (pour Bruce, c'était en moto et son père en a profité). Par la suite, tout au long de sa vie, il porte régulièrement chapeaux puis bandanas, ces derniers lui donnant par ailleurs des allures fausses de Natif amérindien. Méprisant l'hiver de la côte est, son goût pour les chemise hawaïennes lui vaudra le surnom régulier de Miami.

Un gars cool donc, qui se fait connaître sur la scène du New Jersey et devient très vite le grand ami de Bruce SPRINGSTEEN avec qui il fait les quatre cents coups, en bons jeunes adultes musiciens jouant sur des scènes balnéaires et séduisant sans trop de mal un public féminin. Tout ceci étant raconté largement dans l'autobiographie de Bruce en 2016, Born to Run. Ils deviennent des bibles de la soul comme du rock, s'influençant mutuellement et Steve tient la basse en 1969-70 dans STEEL MILL, groupe psychédélique dirigé par le futur Boss, dont les autres membres se trouvent être Danny Federici (claviers) et Vini 'Mad Dog' Lopez (batterie), futurs membres fondateurs du E STREET BAND. Ce qui n'est pas le cas de LITTLE STEVEN, remplacé par le bassiste Garry Tallent pour tenir la guitare au sein du nouveau et éphémère BRUCE SPRINGSTEEN BAND (71-72) où les cuivres apparaissent, mais qui mise d'abord sur sa propre carrière ou un groupe pop doo-wop tel que les DOVELLS, en 1973-74. Sans oublier les ASBURY JUKES de John Lyon alias SOUTHSIDE JOHNNY dont il est membre fondateur, principal compositeur et producteur, soit un des plus beaux fleurons du Jersey rock. Parmi les autres, il y a Gary 'U.S.' BONDS avec qui notre bonhomme travaille beaucoup, tout comme le Boss.

Bref, Steve Van Zandt est dans tous les bons coups , ça fourmille, ça agit séparément et ça se rejoint, mais c'est toujours le Boss qui a le meilleur mot. SPRINGSTEEN est déjà une star en 1975, en partie grâce au soutien de son plus vieil ami musicien, qui n'est toujours pas dans le E STREET BAND mais aurait (des dires de Bruce) trouvé le riff de guitare de "Born to Run" et qui a, factuellement, signé les arrangements cuivres de "Tenth Avenue Freeze-Out". C'est pour la tournée qui s'ensuit que Steve au chapeau feutre intègre vraiment l'équipe, guitare rythmique et choeurs principaux, jouant pour l'album suivant Darkness on the Edge of Town (1978) ainsi que ses concerts et prenant du galon grâce à la production de The River (1979-80), dont il suggère la forme de double album face au matériel colossal écrit et enregistré par SPRINGSTEEN. Et c'est à partir de là que tout change, malgré une complicité hors-normes. Suite à une nouvelle tournée mondiale du E STREET BAND, en 1982, période de l'exceptionnel Nebraska, LITTLE STEVEN prend suffisamment confiance en lui, s'engageant politiquement, pour vouloir autre chose.

Bien sûr, on ne parle pas encore de ses talents d'acteur faisant ressortir ses origines italiennes, celles qui quinze/vingt années plus tard lui offriront des rôles de mafiosi dans des séries télévisées à succès international. Restons à la musique car, pour l'heure, il s'agit d'un album solo, premier à initier un mouvement que le saxophoniste Clarence Clemons va suivre de près tout en demeurant fidèle. Car depuis 1975, année où le Boss a enfin pu stabiliser son E STREET BAND, et jusqu'à nos jours, le guitariste-choriste sera le seul membre a avoir marqué un tournant par son départ (temporaire), durant les sessions d'enregistrement de Born in the U.S.A. en 1983. Ce qui permettra à Nils LOFGREN, ex-complice de Neil YOUNG et co-fondateur du CRAZY HORSE, de trouver une place de choix qu'il ne perdra pas pour autant lorsque le brave Steve reviendra, quinze ans plus tard, en 1999. Plus personne ne remplace personne, tous les amis restent ; ce Bruce, quel homme !
Et donc, figurez-vous qu'à l'heure où celui-ci marque lui-même une pause en 1982 lorsqu'il publie Nebraska, son album acoustique en solitaire, c'est LITTLE STEVEN qui se charge de fournir l'album rock, le véritable successeur de The River (1980) et qui permet de faire le lien artistique avec la future bombe rock commerciale à venir. En outre, excusez du peu, mais hors des premiers balbutiements de son propre groupe, THE DISCIPLES OF SOUL, on retrouve pas moins de cinq membres du E STREET BAND : Max Weinberg, Garry Tallent, Danny Federici, ainsi que Clarence Clemons et le Patron en personne qui font des choeurs !

Men Without Women est un album excellent. On est au début des 80's, mais le son de studio est clair et joliment rétro en voulant conserver l'esprit des grandes productions soul 60's, autrement dit le Jersey sound. On a dit rock pour la forme, mais c'est plus que ça en fait : syncope, orgues Hammond ronflants, caisse claire qui marque les temps, cuivres glorieux. Ce sont les copains Eddie/Ed Manion, Mark Pender, Richie "La Bamba" Rosenberg des Miami Horns de SOUTHSIDE JOHNNY & THE ASBURY JUKES que SPRINGSTEEN a invités à de nombreuses reprises, depuis "Tenth Avenue Freeze-Out" jusqu'à "Wrecking Ball". La famille, c'est sacré ! Non, pas celle-là... Et LITTLE STEVEN, lorsqu'il n'est pas que la seconde voix du Boss mais à l'avant-plan, donne un peu l'impression d'être Bruce chanté par Bob, puisqu'avec sa voix nasillarde et éraillée, il fait beaucoup penser à DYLAN, en mieux (quoique moins fédérateur) d'un point de vue technique, ce qui n'est pas difficile. En prime, une énergie communicative qui a aidé à pousser le E STREET BAND très haut et ici, ça ne rate pas.

Son premier effort solo parle, comme chez Bruce, de 'work', de 'all day and all night' avec un contexte prolétarien, mais s'adresse d'abord à 'Baby' et lui dit que même si ça a dû bon d'être des 'men without women' (hommes sans leurs femmes), parce qu'on peut s'amuser autrement, rien n'est jamais pareil quand on est avec Elle. Vraiment, en beaucoup de points (positifs), ce disque se situe dans la digne lignée de ce que l'on apprécie à l'époque chez les terreurs de la Rue E, New Jersey.
Les cuivres de "Angel Eyes", "Save Me", "Until the Good Is Gone" et "Lyin' in a Bed of Fire" sont de fête. Dès l'intro de cette dernière, la batterie lance le big band sur les chapeaux de roue et la guitare balance des riffs mordants. Merci à LITTLE STEVEN de rappeler qu'on peut utiliser cet instrument de façon très 'présente' sans avoir besoin d'en faire des tonnes. Il a son propre feeling, qui plus est. Sur le très Motown "Inside of Me" on entend le saxophoniste Stan Harrison (employé dès l'année suivante par notre Serge GAINSBOURG !) jouer de la flûte, Danny Federici (alias Phantom Dan, ministre du Mystère), sort l'accordéon sur le très beau "Princess of Little Italy". Bruce 'the Boss' fait des choeurs splendides sur la ballade "Men Without Women"...

Il y a donc un soin clair et fourni apporté en termes d'arrangements, mais notre Rital-hollandais d'adoption-faux Amérindien a déjà montré qu'il savait y faire auparavant. Les DISCIPLES OF SOUL ne sont certes pas encore suffisamment consistants pour permettre à l'opus de se démarquer davantage des productions springsteeniennes. Cependant, ils fournissent déjà un bel effort sur le véritable hit potentiel de l'album, "Under the Gun". Ce rock puissant, plein d'urgence, fait s'enchaîner les lignes mélodiques nasales de l'ami Steve avec des soli de hautbois par Zoë Yanakis en fin de refrains. Aussi inattendu qu'excellent, bien pensé même puisqu'il y a des similitudes entre ces deux 'chants' !
Et puis, cette formule sans cuivres et plus pop-rock en vogue, un rien isolée ici, augure du meilleur pour l'album à venir, qui se démarque de celui-ci en termes de son ; véritable euphémisme. Men Without Women a pour lui l'avantage de se lier à tout ce qui précède et, loin d'un simple clonage, affiche une grande personnalité ! Tout à l'image de son géniteur, un gars cool, qu'on aime.

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   MARCO STIVELL

 
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- Little Steven (chant, guitares)
- Max Weinberg (batterie)
- Dino Danelli (batterie)
- Garry Tallent (basse)
- Jean Beauvoir (basse, choeurs)
- Kevin Kavanaugh (piano)
- Felix Cavaliere (piano, orgue)
- Rusty Cloud (orgue)
- Danny Federici (orgue, accordéon)
- Richie 'la Bamba' Rosenberg (trombone, choeurs)
- Eddie Manion (saxophone baryton)
- Stan Harrison (saxophone ténor, flûte)
- Mike Spengler (trompette)
- Mark Pender (trompette)
- Monti Louis Ellison (percussions, berimbau, djembe)
- Sammy Figeroa (percussions)
- Manolo Badrena (percussions)
- Zoë Yanakis (hautbois sur 5)
- Ben Newberry (carillon)
- Bob Werner (tambourin)
- John 'j.t.' Bowen (choeurs)
- Gary 'us' Bonds (choeurs)
- Clarence Clemons (choeurs)
- Bruce Springsteen (choeurs)


1. Lyin' In A Bed Of Fire
2. Inside Of Me
3. Until The Good Is Gone
4. Men Without Women
5. Under The Gun
6. Save Me
7. Princess Of Little Italy
8. Angel Eyes
9. Forever
10. I've Been Waiting



             



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