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1994 No One Is Innocent
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- Style : Darcy

NO ONE IS INNOCENT - Utopia (1997)
Par OULIPOP le 30 Décembre 2016          Consultée 2567 fois

Bon, alors autant être franc d’emblée : je ne serai pas objectif avec cet album tant il a marqué, avec quelques autres, mon parcours musical d’une pierre blanche, tant il m’est indissociable (à tel point, pour l’anecdote perso, que j’ai appelé mon chat Utopia, si si !). Rien de bien surprenant à cela cependant, tous les mélomanes dans l’âme ont cette poignée d’albums accrochés au cœur, de ceux qui les accompagnent pendant une tranche de vie ou plus.
Mais ceci étant un autre sujet ; revenons plutôt à cet Utopia qui nous intéresse aujourd’hui, ce second album de NO ONE IS INNOCENT.

Nous sommes en 1997, trois ans après un premier effort éponyme à la réussite indéniable mais peut-être trop proche, à de nombreux points de vue, de RAGE AGAINST THE MACHINE pour réellement imposer sa marque de fabrique. Probablement conscient de cet écueil, le groupe, durant la phase de création de l’album, s’acharne alors à concevoir un son qui lui est propre, tout en repoussant au maximum les tonalités déjà esquissées auparavant.
En résulte un enregistrement plus violent et plus rêche s’aventurant sur les terres de l’indus, où la basse n’est plus nécessairement le centre mélodique des morceaux et où les machines font (timidement) leur apparition. S’y adjoint la participation de Maurice Dantec, écrivain français (duquel NO ONE IS INNOCENT se désolidarisera dans les années 2000 suite à des prises de position controversées et bien éloignées des idéaux défendus par Kemar Gulbenkian et sa bande) qui y lit des textes issus de son roman « Les racines du mal » ; ce qui a pour effet d’apporter une touche cyberpunk, dystopique et, de fait, fatalement pessimiste à l’ensemble.

De son ouverture apocalyptique (l’offensif « Black Garden ») à son inquiétant final (« Neuromatrix »), Utopia est une photographie instantanée de l’état du monde en cette fin de XXème siècle.
Les thématiques abordées au fil des pistes croisent en effet bien souvent l’actualité d’alors : l’indifférence générale face au drame de Sarajevo en Bosnie-Herzégovine (« Radio 101 ») ou l’action toujours plus destructrice de l’Homme sur ses semblables (« Ce que nous savons »). Mais elles se veulent également parfois porteuses d’images plus intemporelles, telles que le cynisme de l’état français face à la colonisation dans « Amère » et la menace nucléaire dans « Autobähn babies », ou plus universelles comme le combat féministe dans « Women ».
Tout s’enchaîne avec furie ; toujours sur des musiques aux arrangements explosifs où les guitares crissent et la batterie cogne fort (« Invisible », « 2 people », « Inside »). Au micro, Kemar, une fois encore, s’époumone comme jamais et insuffle sa rage à chaque mot, chaque syllabe.

En fait, Utopia est ce que l’on pourrait appeler un album monolithique ; le genre de disque où les morceaux s’entrechoquent, ne font qu’un et peuvent difficilement exister en dehors de celui qui le précède ou le suit. Il semble ainsi vivement déconseillé de l’écouter de façon morcelée, sous peine de voir cette unité se briser.
Il y a bien deux titres qui parviennent toutefois aisément à s’exclure de ce bloc par leur très forte identité. Judicieusement enchaînés, « Chile » et « Nomenklatura » sont en effet deux bombes à la puissance dévastatrice et peuvent se targuer d’être des chefs-d’œuvre du genre. Ils deviendront d’ailleurs très vite les fers de lance de l’album en live dans toutes les tournées futures du groupe.
Le premier, en invoquant les fantômes de Pablo Neruda et Salvador Allende, rend un hommage poignant au peuple chilien victime pendant tant d’années de la dictature d’Augusto Pinochet. Les mots et phrases scandés ici ou là, parfois en Espagnol, (nous gagnerons même si tu ne le crois pas, suerte Chile, Republica, etc.) frappent fort et s’imprègnent directement dans l’esprit.
Le second, porté par une rythmique totalement hypnotisante, esquisse les contours d’une révolution mondiale qui permettrait aux nantis et autres laissés pour compte de reprendre le pouvoir de la main des privilégiés de tous bords. C’est sans conteste sur ce morceau que les interventions de Dantec s’avèrent être les plus marquantes.

De par sa violence sonore et son discours ultra politisé, l’écoute d’Utopia n’est pas chose aisée et l’on ressort vite abasourdi et écœuré face à cet amer constat du monde à l’aube d’un siècle nouveau. Il n’empêche cependant que NO ONE IS INNOCENT livre là un album coup de poing et sans concession, tout autant salutaire pour le rock français que pour la prise de conscience qu’il initie.

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   OULIPOP

 
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- Kemar Gulbenkian (voix)
- David De Four (guitare)
- Jérôme Suzat (basse)
- Thierry Molinier (batterie)
- Spagg (samples)


1. Black Garden
2. Invisible
3. Chile
4. Nomenklatura
5. Radio 101
6. Le Poison
7. Women
8. Amère
9. Autobähn Babies
10. 2 People
11. Ce Que Nous Savons
12. Inside
13. Pinecrest Solution
14. Neuromatrix



             



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