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NO ONE IS INNOCENT - Frankenstein (2018)
Par OULIPOP le 25 Septembre 2018          Consultée 1568 fois

En 2015, contre toute attente, NO ONE IS INNOCENT a réussi l’incroyable exploit de concevoir un disque parfait de bout en bout qui, à mon sens, s’est rapidement imposé comme l’un des meilleurs de rock made in France des années 2010. Ardent, mélodique, engagé et résolument moderne, Propaganda a sans conteste mis un sérieux coup de pied dans la fourmilière. Coup de pied tout autant profitable pour le groupe lui-même après quelques années d’errance artistique, que pour l’auditeur en mal de musique francophone énervée.
S’en est suivie une triomphale tournée hexagonale qui a vu les No One enflammer les planches des quatre coins du pays et asseoir un peu plus la classe manifeste de ce sixième album. Pérégrinations scéniques magnifiquement immortalisées quelques mois plus tard par l’excellent Barricades live.

Mais à l’heure d’envisager un successeur à Propaganda, et compte tenu donc de sa réussite, il est plus que probable que les parisiens se soient sérieusement interrogés sur la meilleure marche à suivre. Prendre le contrepied ou suivre le sillon tracé ?
N’y allons pas par quatre chemins car il est tout autant envisageable que la réponse à cette question ait été rapidement découverte : Frankenstein s’inscrit directement dans la lignée de son prédécesseur. L’ADN de rage propre au groupe bel et bien retrouvée sur l’opus antérieur, il aurait été impensable de ne pas y succomber une fois de plus.

Que ce soit l’introductif « A la gloire du marché » fustigeant avec ironie l’argent roi ou « Ali (king of the ring) » tout à l’éloge du célèbre boxeur et activiste afro-américain, et balancé en avant-première du disque quelques semaines avant sa sortie, tout contribue d’emblée à prolonger l’expérience vécue à l’écoute de Propaganda. Riffs de guitares percutants, rythmiques martiales et endiablées, chant nerveux ; ces deux morceaux, sans surprise mais superbes de maîtrise, synthétisent à merveille le NO ONE IS INNOCENT du milieu des années 2010.
En tendant l’oreille toutefois, et plus encore après plusieurs auditions, impossible de ne pas percevoir une production générale plus rêche qu’au préalable, plus organique tel que l’exprimera Kemar dans une interview. Un son plus rugueux qui, en ce sens, rappelle avec bonheur les grandes heures d’Utopia et ses tapageuses explosions.

Cet heureux constat est de mise tout au long de Frankenstein ; les pistes s’enchaînent sans temps mort (rares sont celles qui font plus de 3 minutes 30), toujours avec une virulence absolue et ô combien jouissive.
« Hold-up nom du peuple » ou « Desperado », avec leur rythme véhément respectif, illustrent ainsi parfaitement cette volonté d’aller droit au but sans tergiversation quelconque. Occasion au passage d’aborder un thème inédit pour le groupe : la souffrance au travail (« Desperado »).
L’énergie débridée dégagée par l’ensemble du disque ne s’arrête pas là. Difficile de ne pas s’enthousiasmer pour la très punk et anti Trump « What the fuck » en duo avec Niko Jones des potes de TAGADA JONES ou la (trop ?) fidèle reprise de « Paranoid » de BLACK SABBATH. Les guitares crissent, la basse assure, la batterie cogne et le chant s’époumone avec détermination : tout est réuni pour que seule la sueur des corps soient de mise.
Dans cet amas d’électricité, seules « Teenage demo » et « Mad king » déçoivent ; le dynamisme ne parvenant pas, pour le coup, à masquer deux compositions bien en deçà de leurs consœurs.

Mais là où Frankenstein fait aussi très fort, c’est dans la finesse d’écriture de trois morceaux en particulier qui parviennent à distiller un climat plus profond et plus poisseux qu’à l’accoutumée. Atmosphère étouffante rappelant bien souvent celle du premier album, et notamment l’oppressante « Epargne-moi ».
De « Frankenstein », « Les revenants » et « Nous sommes la nuit » s’exhale ainsi une ambiance à la noirceur de jais, que les alternances calme/bruit renforcent vigoureusement. L’obscurité manifeste des sujets évoqués dans ces pistes (l’éternel responsabilité de l’Occident du chaos au Moyen-Orient, le retour des candidats au djihad, etc.) y ajoutant, enfin, un point d’orgue évident. « Nous sommes la nuit » peut ainsi se targuer d’être l’une des toutes meilleures chansons écrites par le groupe ; un, n’ayons pas peur des mots, véritable chef-d’œuvre.

NO ONE IS INNOCENT enfante donc là d’un bien beau disque ; fiévreux, sombre et conforme à ce qu’il est. Si certains lui reprocheront peut-être une trop grande proximité avec Propaganda (et ils n’auront pas totalement tort), il serait tout de même dommage de s’en tenir à cela tant il démontre, au fil des écoutes, des attributs bien plus propres qu’il n’y paraît.

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   OULIPOP

 
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- Kemar Gulbenkian (voix)
- Shanka (guitare)
- Popi (guitare)
- Thunder B. (basse)
- Gaël (batterie)


1. A La Gloire Du Marché
2. Ali (king Of The Ring)
3. Desperado
4. Frankenstein
5. Les Revenants
6. Hold-up Au Nom Du Peuple
7. Nous Sommes La Nuit
8. Teenage Demo
9. What The Fuck
10. Mad King
11. Paranoid



             



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