Fidèle, Cécile CORBEL l'est à elle-même et nous lui sommes tant qu'elle le restera ; si un jour elle décide de changer on sera là aussi... Mais ce jour n'est pas arrivé ! À la découverte de "La Fille Sans Nom", le single en duo avec Faada FREDDY, on remarque un début de métissage sans réelle prétention, juste à l'occasion d'une chanson plutôt jolie.

L'album Vagabonde va-t-il dans le même sens ? Parce que ce qui a fonctionné pour une chanson peut déranger sur un ensemble de créations plus consistant. Ce n'est pas tant d'un point de vue artistique, mais plutôt la sensation que mademoiselle CORBEL suivrait à son tour une ligne de conduite dictée par les "grands" médias français à un monde musical qui se retrouve de plus en plus politisé, comme on nous le rappelle à chaque manifestation télévisée ces temps-ci.

Heureusement, ce n'est pas le cas, et même si on aurait pu espérer retrouver un ou deux autres morceaux avec Faada FREEDY ou tout autre artiste dans le but d'un métissage, c'est la même chose au final. "La Fille Sans Nom" reste une expérience unique en terme musical, pour l'heure du moins. En revanche, l'album Vagabonde" se calque sur le même type d'instrumentation, organique, très acoustique de nouveau, avec une production moins étoffée que l'album La Fiancée sorti il y a plus de deux ans. En parlant de fidélité, l'adorable Cécile l'est avant tout avec ceux qui l'entourent directement, ses musiciens : les sieurs Caby, Maurin, Bonneau.

Ensuite, et en dehors de maître FREDDY, on trouve pour la première fois quelques duos sur une certaine partie de l'album, et Cécile CORBEL nous fait un plaisir immense en invitant Gabriel YACOUB non pas une, mais deux fois ! On connaît l'amour de la demoiselle pour MALICORNE et l'univers du guitariste-chanteur qui s'est laissé gagner par la quiétude du Berry avec les années mais qui demeure parmi les plus grands noms de la chanson française. Que de bonheur à l'écoute de la voix du Monsieur qui se mêle à celle de son admiratrice, sur "Les Courants d'Air" qui ressemble à du YACOUB solo, et surtout "Pierre & Marion" qui renvoie aux riches heures de MALICORNE !

Le reste de l'album est à l'avenant, suscite la sympathie et n'en demande pas plus. C'est peut-être d'ailleurs ce qui tempère l'appréciation qu'on peut lui porter, eu égard aux autres albums passés et similaires comme le Songbook vol. 3, avec une même réalisation épurée. La harpe et la voix de Cécile, les cordes, les percussions forment l'ossature globale du son, la nouveauté vient de choeurs masculins plus marqués et très bien faits. Aussi, sur "Dwelling of the Moon", les entrelacs de guitare et de harpe me rappellent certains morceaux d'Alan STIVELL période fin des années 70 ou sur un album comme The Mist of Avalon (1991).

Le fait de parler de ce dernier appelle forcément une touche enchanteresse, et la fée Cécile ne déçoit guère à ce niveau, pas plus que d'habitude ! Nous aimons toujours son univers de galanterie et de fin'amor entre belles et chevaliers, de filles qui se baignent dans les cascades au milieu de la forêt ou de compagnes éphémères de marins dans les ports (le beau "Liam"). Sur "Winter Child", la demoiselle nous fait prendre conscience qu'elle est devenue maman. "Mama Always Told Me" et "Belfast" dressent à nouveau un pont de la Bretagne à l'Irlande, la deuxième se termine d'ailleurs en une danse fiévreuse et fort bienvenue avec le groupe écossais MÁNRAN.

Enfin, puisqu'on parlait d'hommes, en dehors de Gabriel YACOUB, rien ne nous émeut autant que le dédoublement de voix féminines sur "Entre Ses Bras", duo avec la chanteuse POMME. Avec l'innocence de la musique et du texte, chanson d'amour de jeunes femmes en fleur, c'est du plus bel effet. Voilà donc les points forts d'un disque qui n'est sans doute pas le plus mémorable de l'artiste bretonne mais qu'on écoute sans mal, où la fidélité puise son essence en attendant le prochain.