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FOLK CELTIQUE  |  STUDIO

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- Membre : Alan Simon

Cécile CORBEL - Graal (2024)
Par MARCO STIVELL le 23 Septembre 2024          Consultée 753 fois

KORBELL et CORBEL. Pour que la Bretagne au féminin résonne une fois de plus haut et fort, en magie et en beauté, Nolwenn comme Cécile ont su de nouveau nous envoûter, en cette année sur les deux pôles de l'été, respectivement au début pour la première (juillet), la deuxième à point nommé à l'approche de l'automne, et chacune dans leurs registres respectifs. On s'est laissé un peu plus surprendre, du fait de la proximité temporelle avec son album en collaboration avec Laurent TIXIER de l'année dernière (La Fille du Verseau), par l'annonce tardive, mais ô combien agréable, de Graal, ce nouveau Cécile CORBEL, en l'espace d'un mois à peine. Quel beau présent !

D'autant plus que, comme pour Notes (2021) dont la distribution semble désormais se rapporter à une certaine forme de confidentialité (sur le site de Cécile CORBEL directement, version digipack de CD classique seulement), notre chère et belle artiste a voulu offrir à son public un nouveau livre CD, mais en faisant les choses en plus grand. Sans doute la maison d'édition Bayard était-elle intéressée particulièrement par l'idée d'adapter les légendes arthuriennes sur une durée de quarante minutes, et bien lui en a pris. L'objet est superbe, à l'image de sa pochette et de sa reliure, d'autant plus que cette fois, cela dépasse la taille d'un roman grand format.

Les illustrations sont encore du fait de damoiselle CORBEL, passée des aquarelles sur Notes au crayon ici, voire au fusain. Elle révèle son amour pour Hugo Pratt depuis l'enfance, lorsqu'elle avait découvert la série Corto Maltese en particulier par son volume quatre, nommé Les Celtiques, tiens tiens ! Le roman graphique a beau être une appropriation très féminine plutôt 'festive' du support bande dessinée mais pas toujours pour de bonnes raisons (constatation quotidienne de libraire, ardent défenseur de la ligne claire), il s'agit d'une belle référence. Et puis donc, à un degré personnel et mythique, le cycle du Graal, tellement bon pour Cécile CORBEL, après Alan STIVELL qui s'était plu tardivement à le faire (The Mist of Avalon, 1991), les TRI YANN qui auraient pu mais ont offert leur science du conte autrement, Alan SIMON enfin, ses oeuvres en grand.

Pareil, en termes de romance, alors que nous sommes à une époque où ce genre artistique en littérature est rendu plus que vulgaire, avec la fascination du bad-boy et des idées de plus en plus 'dark'/malsaines apportées par les autrices aux jeunes suiveuses via Instagram et TikTok, avec ferveur là encore. On ne saurait trop remercier la fée bretonne Cécile CORBEL pour sa douceur, son envie de rappeler (à l'instar de certains programmes scolaires français de collège) que Tristan & Yseult demeure parmi les plus vieilles histoires connues, constituée de poésie et d'images belles, même si tristes. Sur le morceau concerné, la voix principale, reconnaissable entre mille, est rejointe par son cher et tendre Simon Caby en choeur pour un joli duo, tandis qu'on s'extasie devant les couleurs médiévales du doudouk (hautbois arménien) de l'habitué Cyrille Bonneau.

Ensuite, les légendes rapportées par Chrétien de Troyes prennent le dessus avec de beaux portraits des protagonistes, Arthur, Merlin, Morgane, Viviane, les chevaliers de la Table Ronde... Toutes des valses ou presque, le rythme préféré de la damoiselle harpeuse-chanteuse, pour orner de belles mélodies aux paroles sensibles, plus mystiques pour Merlin forcément, plus en complainte pour Morgane et son rôle habituel de méchante sorcière, alors que c'est Viviane qui attire et enferme le grand enchanteur du roi dans son palais 'à la croisée des mondes'. Christophe Piot enrichit la palette percussive, le violoncelle de Rodolphe Liskowitch joue parfois comme une contrebasse et Cécile CORBEL en personne varie les plaisirs, avec par exemple les couplets de "Folle Pensée (Merlin)" en rythme binaire quand les refrains eux sont en ternaires, la très jolie remontée de harpe à la fin de "Morgane".

Grâce au savoir-faire du tandem CORBEL-Caby, il y a des trouvailles qui ajoutent à des émotions déjà fortes distillées dans les chansons. Une simple mélodie peut parfois s'accorder si bien au propos voulu, notamment pour le conte du Graal : le début harpe-cordes très hivernal des "Trois Gouttes de Sang (Perceval)" (mémorable contemplation d'une oie morte sur la neige par le jeune héros gallois), l'arpège de "Dans les Yeux de Ma Belle (Lancelot)" idéal pour une ballade galante, l'intro fantomatique du "Roi des Fées".

"Le Roi des Fées" justement, un des morceaux les plus grandioses de l'oeuvre de CORBEL, grâce aussi à son picking de guitare lumineux suivi de la harpe, dorés comme les paroles, sa mélodie à la fois complainte et épique merveilleux (quel final !), ses enrichissements vocaux divers (falsetto joli de Caby, final a-cappella), ses arrangements liant vielle à roue, tambours, guitare électrique claire, clavecin et cloches tubulaires. Pas loin derrière, l'ambiance de la cour du "Roi Pêcheur", où Perceval voit passer le Graal mais ne le reconnaît point et ne pose pas les questions qui lui auraient évité bien des tourments, et où le folk oriental de fête, avec saxophone soprano et 'basse' violoncelle nous emportent littéralement. Idem du "Le Roi s'en Va Chasser", son allant de cordes et ce thème, si sensible de nos jours, conté tout en délicatesse.

Et ce n'est pas fini, pour ceux que Cécile CORBEL a toujours charmés comme pour ceux qui ne le sont pas encore. "Trois Gouttes de Sang" l'ensorceleuse introduit le piano aux côtés de la flûte, de la harpe et des cymbales, tandis que le très beau final "La Porte Est en Dedans" (où l'artiste questionne sur la nature du Graal, une simple possible quête intérieure) laisse dominer le clavecin en accompagnement, au son si proche des harpes celtiques à cordes metal (non pas celle de CORBEL). "Arthur" est riche de sa jig des refrains en plus de la valse coutumière, splendide pour la teneur royale et mythique à la fois, en l'honneur du monarque le plus apprécié au monde.

Et que dire de "Une Reine", non pas pour Guenièvre mais pour l'épée Excalibur, symbole inusable, d'une grandeur d'âme/ 'soul' celtique aussi élevée que son piano est simple, saisissant, de même que sa mélodie profonde soulignée par une deuxième voix féminine, son final magique ? Quarante minutes, durée courte mais atteinte avec plénitude, générosité, totalement à l'image de cette si précieuse artiste, cette fée qui survole les légendes avec autant de grâce, qui continue de nous rendre nos coeurs égarés d'enfants, nous rendre amoureux. Sans originalité mais peut-être mieux que jamais (mis à part il y a trois ans), voici le cadeau à (se) faire, sans devoir attendre la fin d'année. Un seul mot, brave damoiselle, en cinq lettres de gratitude, vous le connaissez !

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   MARCO STIVELL

 
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- Cécile Corbel (chant, harpe, programmations)
- Simon Caby (guitares, piano, claviers, choeurs, programmation)
- Christophe Piot (batterie, percussions)
- Cyrille Bonneau (flûtes, saxophone soprano, doudouk)
- Rodolphe Liskowitch (violoncelle)
- Matthieu Roland (alto)
- Pierre Hamel, Benoit Volant (violon)


1. Demoiselle (la Ballade De Viviane)
2. Morgane
3. Folle Pensée (merlin)
4. Tristan & Yseult
5. Le Roi S'en Va Chasser
6. Le Roi Pêcheur
7. Trois Gouttes De Sang (perceval)
8. Dans Les Yeux De Ma Belle (lancelot)
9. Arthur
10. Une Reine
11. Le Roi Des Fées
12. La Porte Est En Dedans



             



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