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- Membre : Alan Simon

Cécile CORBEL - Songbook Vol. 2 (2008)
Par MARCO STIVELL le 1er Avril 2012          Consultée 3614 fois

S'il y a quelque part un Grand Livre qui régit la destinée de chacun, notamment ceux qui réunissent assez de trame pour des livres plus petits mais néanmoins importants, dans ce Grand Livre il était écrit que Cécile CORBEL amènerait à la musique son premier très grand ouvrage avec son deuxième effort, sobrement intitulé Songbook Vol. 2.

Harpe Celtique et Chants du Monde ainsi que Songbook Vol. 1 n'ont pas menti, la petite élève d'Elisa Vellia est devenue bien grande, et a pour ce troisième opus encore gagné en maturité musicale, en dépit d'une voix (très belle) qui restera toujours enfantine. C'est d'ailleurs dans ce disque que cette opposition trouve son meilleur équilibre. Songbook Vol. 1 recelait une tonalité légère et fraîche disséminée sur quelques morceaux, très plaisante et permettant à cet album de garder un pied dans la simplicité, plus accessible au grand public. Ici, cet exercice se limite à un seul morceau. Autre fait notable : Cécile compose désormais pas mal de titres, la quasi-totalité de l'album vient de sa plume. Seuls "I See the Great Mountains", "Raggle Taggle Gypsy", "Corpus Christi Carol" et le texte de "The Great Selkie" sont issus du répertoire traditionnel. Nul besoin de préciser que ce disque est donc plus personnel.

S'il est une nouvelle collaboration rapprochée avec Simon Caby qui joue de tous les instruments, une autre personne importante intervient pour l'occasion : Jimmie O'Neill des SILENCERS a insufflé à Cécile l'idée de faire de "Lovers' Farewell" une chanson (la fameuse évocation des amants séparés), alors que l'air était réservé à une simple composition à la harpe. Et cela a donné un magnifique duo, la chanson préférée de la jeune artiste, tellement caractéristique de la tonalité de l'album. Pour cette dernière, n'allez pas chercher très loin : c'est un concentré de rêve à n'en plus finir. Voix harmonisées ou non, perdues dans un océan d'arpèges de harpe, de cordes tour à tour langoureuses, orientalisantes et épiques, de guitares et vents celtiques plaintifs sur fond de percussions tribales (la batterie qui n'est jamais vraiment 'pop-rock', y compris sur les titres concernés). C'est ce dans quoi nage la quasi-totalité des chansons.

Et même lorsque le ton change, le rêve est toujours présent. Par exemple, sans regarder le livret, on planera sur "La Fille Damnée" comme on a pu écouter les albums de MALICORNE dans les années 70, et ce n'est pas un hasard puisque Cécile dédie la chanson au plus célèbre groupe de folk français qui lui a ouvert la voie des chansons traditionnelles. A ce titre, la musique de condamnation et les nombreuses références mon Coursier, mon Prince et surtout j'entends l'oiseau chanter (extraits des paroles de la chanson) nous ramènent aux chansons qui ont su nous émouvoir, "L'Ecolier Assassin" entre autres. Ailleurs, "The Great Selkie" a un caractère pris entre le durcissement (refrains rock) et le flamboiement (les instruments à vent de Cyrille Bonneau), dans un ensemble épique. "Raggle Taggle Gypsy" est la fameuse brise plus légère nous ramenant aux 'tubes' du premier Songbook, où Cyrille Bonneau brille encore avec sa panoplie de vents divers, un brin dissonnants.

Du reste, on ne retient que de très jolies idées à l'image de "Mary" nous plongeant dans une réalisation baroque (le clavecin est souvent présent sur ce début de disque) et marine, la cornemuse y est particulièrement superbe. La chanson est dédiée à la célèbre femme pirate Mary Read. "Sweet Song" (dédiée à "ceux qui s'aiment vraiment") scintille de mille feux, de même que "Painted Veil", ballade onirique où l'amour côtoie l'illusion, parmi les chansons les plus denses de l'album. "En la Mar" est adressée aux peuples séfarades (Espagne et Portugal) et adopte elle aussi un son plus rock, tandis que "I See the Grand Mountains" raconte le désarroi des Irlandais loin de leur pays d'origine auquel ils tiennent tant. "Sans Faire un Bruit" nous saisit dès les premières secondes dramatiques, c'est au tour de la Bretagne pour laquelle Cécile réveille les histoires imaginaires. A contrario, sur le superbe instrumental "Innocence", elle nous convie à imaginer nous-mêmes un nouveau conte merveilleux. "Corpus Christi Carol" enfin est interprétée en mémoire de Jeff BUCKLEY qui l'avait déjà reprise. Cécile lui confère une dimension similaire à celle du "The English Ladye and the Knight" de Loreena McKENNITTK. N'oublions pas le final caché avec les bandes inversées, apportant un effet évanescent.

Entre pirates, chevaliers et demoiselles, le tout disséminé dans un univers de rêve et d'amour, tout est magnifique dans ce disque, y compris le livret où les notes de Cécile sont passionnantes et les photos superbes. Un bijou de musique qui se vit et se revit sans jamais faiblir.

Note réelle : 4,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Cécile Corbel (harpe celtique, chant, choeurs)
- Simon Caby (piano, clavecin, batterie, percussions, arrangment)
- Benjamin Boiteau (guitares électriques, basse, choeurs)
- Cyrille Bonneau (cornemuse écossaise, bombarde, doudouk, saxophone )
- Eric Zorgniotti (violoncelle)
- Gilles Donge (violon, violon alto)
- John Lange (bodhran, bouzouki, low whistle)
- Cyril Maurin (guitares acoustiques 6 et 12 cordes)
- Jimmie O'neill (chant)


1. Mary
2. Lovers' Farewell
3. Sweet Song
4. En La Mar
5. Painted Veil
6. I See The Great Mountains
7. La Fille Damnée
8. Innocence
9. Sans Faire Un Bruit
10. The Great Selkie
11. Raggle Taggle Gypsy
12. Corpus Christi Carol



             



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