Cécile CORBEL n'a plus l'âge d'aller à l'école, mais c'est tout comme. Elle ne manque point sa rentrée musicale, deux ans après son dernier album en date, La Fiancée (2014), qui résonne encore dans nos oreilles avec enchantement.

Ce jour-là, pendant la récréation, elle joue à la marelle parmi les nuages de Brocéliande, mais du coup, à force de rêver, elle s'en va un peu trop loin et trouve un copain qui aime bien chanter lui aussi : monsieur Faada FREDDY.

Il figure parmi les plus belles révélations de l'année 2015 avec son disque Gospel Journey, et grâce à ses concerts qui révèlent un artiste lui aussi talentueux et généreux. Bien que l'environnement et les influences ne soient pas les mêmes entre une Bretonne et un Sénégalais, l'amour pour la musique, l'échange des cultures, et peut-être le bon vouloir des maisons de disques, permettent une rencontre inédite entre grands artistes. De quoi préparer joliment le terrain pour la sortie du nouvel album de Cécile CORBEL, Vagabonde, le mois prochain.

Une telle démarche n'est pas sans rappeler un des meilleurs albums récents sortis par Alan STIVELL, le plus grand barde breton et influence première de mademoiselle CORBEL. 1 Douar favorisait la rencontre entre harpe celtique et chant africain, sénégalais mais pas que, sur un fond pop moderne, pour l'époque. C'était il y a 18 ans ; nostalgie quand tu nous tiens...

"La Fille Sans Nom", un titre très corbelien, raconte l'histoire d'une demoiselle qui a souffert, qui ne sait plus aimer et file comme le vent. Une créature qui peut bouleverser votre vie mais pour laquelle vous n'aurez jamais l'importance que vous souhaitez, sinon dans vos rêves les plus tenaces. Pour laquelle vous ne serez que de passage, comme elle-même, qui s'accorde aux saisons et vit au jour le jour.

Le début de l'album mélange une danse "slip jig", danse irlandaise en rythme ternaire, plus lente et sautillante qu'une jig normale. Le rythme de la fillette qui joue à la marelle en Brocéliande ou près de Galway... Le Sénégal est déjà présent avec l'apport de la kalimba, piano africain joué avec le pouce et qui se mêle gaiement aux violons.

C'est une chanson sans prétention, au contraire, écrite avec une fausse insouciance mais qui ne va pas chercher plus loin que ce qu'elle a à dire. Le texte est donc réduit et les notes se mêlent aux mots avec une fraîcheur qui, au bout de deux ans seulement, nous manquait déjà.

La grande nouveauté, ce sont les choeurs en wolof, mais d'abord et surtout la voix de Faada FREDDY, une des plus belles de son domaine et de la nouvelle génération. La manière dont elle se pose en contrepoint grave au timbre enfantin de Cécile CORBEL lors des refrains offre quelque chose de très séduisant.

Peut-être qu'il n'y aura pas davantage de rapprochement entre les deux chanteurs pour l'album à venir, mais au moins, notre rentrée à nous paraît un peu moins morne, l'été n'est pas encore terminé.