Oh bah si, il est kitsch, ce disque. Kraftwerk a été kitsch depuis Ralf und Florian voire le début et ce n'est pas avec celui-ci que ça va changer, au contraire. Ceci dit, à mon sens, ce terme désigne le «bon mauvais goût», celui qui amuse, celui qui attendrit. Celui de l'électropop quoi, ce n'est pas un hasard si cet album peut être considéré comme le premier de ce courant de la new wave, il est à comparer avec OMD par exemple. Quant à parler d'originalité, je ne sais pas... ce disque est fortement new wave justement, moins éloigné du rock qu'on voudrait le faire croire, je ne serais d'ailleurs pas étonné que Kraftwerk ait subi une contre-influence d'Ultravox, la parole «Die mensch maschine» ne figure-t-elle pas dans leur chanson «I want to be a machine» sortie un an plus tôt ?

Bon, il faut surtout reconnaître que The Man-Machine est leur disque le plus propre et celui qui présente leurs mélodies les plus accrocheuses, en évitant plus que de coutume le chant foireux. Oui, c'est sans doute leur meilleure réalisation, mais quand même un peu limite pour être qualifiée de chef-d’œuvre. C'est ainsi, je considérerai toujours Kraftwerk comme des tâcherons boudés par le génie. Ils ont du mérite d'avoir pu sortir de bons disques comme Trans Europe Express et The Man-Machine, et de la chance d'avoir marqué les esprits avec leur musique certes plutôt innovante mais souvent simple pour ne pas dire maladroite. Dans le même genre d'ambiances, il suffit de comparer ce disque avec Stuntman d'Edgar Froese...

The Man-Machine ne présente pas de vrai point faible, celui que je pointerais, en toute subjectivité, serait le morceau-titre, mais l'ensemble est très cohérent. Ce qui me plaît surtout ici, ce sont les rythmes lents et les sons cristallins. Dans l'album suivant, «Computer world», ils tenteront quelque chose de plus rapide, avec nettement moins de réussite. Bref, c'est un bon disque pour se lancer dans l'électro, car il a un très beau son pour son époque et se situe un peu au milieu de tous les sous-styles passés ou à venir. Il faut juste rapidement se rendre compte que ce n'est que le sommet de la partie émergée de l'iceberg.