Le premier contact avec la blague qui tue est assourdissant pour qui s’attendrait à de la cold wave basique. Cette unique note permanente de synthé qui soutient « Requiem », parfois adjointe de la gratte sous acide de Geordie, est une sacré gageure. On y retrouve le minimalisme punk, certes, mais on y découvre surtout la personnalité troublante du leader Jaz, dont on perçoit déjà la folie. Un classique.

« Wardance » resitue les débats dans une veine plus classique en cette année 80, mais le son si spécifique est là. Les structures alambiquées de synthé sont le complément parfait de l’ambiance noirâtre et tribale dégagée par la section rythmique son de KJ. La recette est monolithique sur « Tomorrow’s World » où le beat simpliste de synthé et le chant plaintif de Jaz nous plongent dans des méandres post punk où l’on perçoit une velléité… Industrielle… Déjà… Encore…

On redécouvre à cette occasion « The Wait » qui connaîtra une heure de gloire tardive en étant reprise par les thrasheurs de Metallica. Bien sÛr, la version originale de KILLING JOKE est néo punk, les adjonctions de bruitage torturés lui donnent une troublante identité qu’on a bien du mal à analyser.

L’insrumental « Bloodsport » porte cette même marque de fabrique qui désormais va enrichir le paysage musical. J’aime particulièrement la rythmique pêchue de « Complications » au ton plus mordant et dynamique. La lancinance de « Primitive » et ses percussions tribales sont d’une superbe qualité. Je suis moins fan de « Change » ou de « $0.36 », mais cet album éponyme ne manque pas de piment.

A en faire le tour pour en percer le mystère, on finit par se perdre en chemin tant l’opus est novateur et avant-gardiste pour l’orée des 80. Pour un premier essai, c’est un sacré pavé dans la mare. La personnalité du groupe sort par toutes les fibres de ses créations.