Ah, Killing joke, le groupe qui a donné une autre définition de la musique de danse. Y a pas que la disco dans la vie, et si KJ a quand même bien appris sa leçon de beat (suffit d'écouter « Almost red »), ils ont vite opté pour un style plus martial. Ainsi le titre « Wardance » résume déjà à lui seul toute leur carrière.

Ils ont eu l'intelligence de se faire la main avec un EP, assez anecdotique mais montrant leur première option, entre punk et dub voire funk. Quand est venue l'heure de publier un premier album, ce timbré de Jaz Coleman et ses acolytes ont densifié leur son et sont arrivés avec une « grande déclaration artistique », celle de proposer la « beauté exquise de l'âge atomique ». Et c'est sûr que cet album sans titre mais à la pochette très punk, urbaine, agressive, brute, a pu marquer les esprits. Cette musique était fondamentalement originale, calquant son agression sur le post-punk essentiel de SATB mais avec ce côté dansant, et aussi déjà plus proche du hard rock que du psychédélisme (cf le riff mignon très RUSH de « Primitive »). C'est qu'ils étaient bien plus cultivés que le commun des punks, c'est évident, leurs influences étaient multiples et déjà très bien digérées à ce stade précoce de leur carrière.

Peut-on pour autant parler de chef-d’œuvre, ça... à mon avis non. C'est d'un très haut niveau pour un premier album, mais il manque de construction. Le style est déjà très beau, mais on sent encore beaucoup d'expérimentation, donc de la dispersion et un peu de déchet. Ainsi l'instrumental « Bloodsport », composé sans Coleman, est assez dispensable, et je ne suis personnellement pas très fan de « The Wait ». Il est d'autre part très intéressant de trouver un morceau quasi-gothique comme « S.O. 36 » ou l'étrange minimalisme d'un « Tomorrow's world », ce qu'ils ne se permettront plus par la suite. Au final, mon ressenti est aussi ambigu que l'est le groupe lui-même, mais c'est un disque important, de toute façon.