Je n'ai jamais su trop quoi reprocher à ce premier effort de KILLING JOKE. Sombre et malsain, ce qui n'est pas pour me déplaire, il nous propose une musique à la fois corrosive et froide. L'énergie punk qui découle logiquement de la prestation de nos jeunes loups n'est qu'un vestige dont les verrues s'inscrivent en filigrane dans leur paysage musical : les guitares crénelées ont fondu pour se rapprocher d'un son plus industriel. La rage elle, est toujours très présente, non pas enfouie sous des tonnes d'effets de maquillage, mais au contraire mis en avant, de par le chant d'un côté ("Wardance", "The Wait" pour ne citer qu'elles) et des riffs toujours très belliqueux, malgré leurs sonorités et senteurs si spéciales, dont KILLING JOKE fera sa marque de fabrique. Du moins pour quelques temps.

Killing Joke est un album faussement sophistiqué. Minimaliste et, comme le dit Streetcleaner, tribal, ses intentions vont droit au but. Je ne veux pas dire par là qu'il fonce droit dans le tas, mais bien au contraire qu'il réussit tout ce qu'il entreprend. Ainsi, l'hypnotique "Requiem" n'aura rien à envier à la violence de "The Wait" ou de "Complications", ou encore au ralenti malsain de "Change".

Allez, un petit reproche tout de même, mais vraiment parce que je suis tatillon : "Bloodsport" et "S.O.36" peuvent, à la longue, sembler un peu trop tourner en rond, et ennuyer nos petites oreilles qui ne cessent de crier que KILLING JOKE doit encore, encore et encore aller plus loin dans la violence. Du moins c'est ce que les miennes me demandent.

4/5