C'est marrant, c'est quand ça ne colle pas qu'on parle plus du style, des choix de prod, tout ça. Le troisième album de Killing Joke est un véritable trou d'air, explicable seulement par les délires de Jaz Coleman. S'inquiéter des dérives de la civilisation et de l'arme atomique, c'était normal à l'époque, très new wave et tout, mais là, ça a tourné à l'obsession. Et il en a oublié l'essentiel, composer de bonnes chansons, et aussi dissimuler sa voix dans la prod.

Car c'est un problème assez cocasse au fond... Coleman a une voix assez lisse par nature, assez aiguë bien que pas aussi aigrelette que celle de Robert Smith par exemple. Un timbre ingrat qui colle assez mal avec une musique aussi abrasive que celle de son groupe. On ne va pas revenir à What's THIS for...! ici, mais au moyen de force cris, parlandos, passages lancinants et effets de distorsion, ça passait nickel. Sur Revelations, il a voulu chanter plus normalement et c'est presque un désastre, d'autant que la guitare tendait vers plus de bruitisme.

Le problème est évident dès « The hum ». Ça veut dire chantonner donc on n'est pas trompés, mais voilà... Geordie Walker nous écrabouille avec sa guitare, juste pour entendre Coleman faire son truc gnangnan dessus. Ensuite, c'est le jeu du groupe d'être assez monotone, ils ont toujours cherché un effet répétitif et hypnotique, mais ça se ressent particulièrement sur ce disque, où on s'ennuie beaucoup. Ainsi « We have joy », « Chapter Three », « Good Samaritan » réussissent surtout à vous faire bâiller en trois petites minutes. On retiendra plutôt « Empire song » ou « Have a nice day », la surexcitée « Land of milk and honey » étant un peu louche mais marrante. « Dregs » est un final sympa parce que bien menaçant (oui, écouter du KJ c'est un peu masochiste quand même). Mais la chanson qui justifie l'achat de l'album est la géniale et audacieuse « Chop chop », la seule à vraiment être du niveau de l'album précédent, un exemple parfait de leur style.

Note : 2,5