De retour après un pétage de câble islandais, ayant perdu le bassiste Youth mais trouvé le redoutable Paul Raven à la place, Killing Joke opte pour un ton de parole plus léger autant que pour une musique plus extrême que jamais. Fire dances, on aime ou on n'aime pas. Le son est brut, la prod en mode tuyau, on se prend de la guitare bruyante et résonnante pendant quarante minutes, sur des rythmes tribaux. Plus que jamais, KJ assume son idée de musique de danse brutale... pas de message particulier à chercher ici, ils se sont juste amusés à envoyer du son.

On est assez loin du niveau de composition et de la diversité de What's THIS for...! (ou de certains des albums suivants), mais Fire dances est une sacrée défonce. Il est compréhensible que cela ne plaise pas à tout le monde, mais il faut au moins reconnaître la grande cohérence du propos. En tout cas, moi, j'adore. Quand j'ai envie de taper du pied autant que de me saturer les oreilles dans mes limites de tolérance (parce que moi, le noise rock proprement dit, ça passe pas), je me le mets et c'est toujours un moment intense.

Il est bien difficile dès lors de juger les chansons à la pièce, on dira juste qu'il y a une belle montée en puissance même si l'agression commence d'entrée. Ainsi, mes préférées sont les deux dernières, l'étonnamment mélodique « Let's all go » et surtout l'irrésistible et épileptique « Lust almighty », un des essentiels du groupe à mon avis. Un album-trip donc, malheureusement souvent sous-estimé en raison de sa nature même, mais peut-être ce qu'ils ont créé de plus osé, de plus fou.