AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Purple Rain est le premier album de PRINCE placé sous le signe d'un groupe (visiblement du moins car 1999 utilisait aussi ce nom de manière cryptée), en l'occurrence The Revolution qui comprend ses musiciens habituels. Néanmoins en bon maître à penser *un peu* sûr de lui, on remarque qu'il tient en plus du chant les instruments dont jouent chacun de ses compères, si bien qu'il est difficile de ne pas voir ce disque comme une nouvelle oeuvre de PRINCE avec les autres en renfort, même si c'est un renfort fort... de roquefort !

Hé oui, la bande originale du film Purple Rain dans lequel PRINCE est lui même mis en scène (donc centré autour de lui, mais de manière plus sombre qu'on le pense), est un nouveau monument, avec un son encore plus dense -et eighties- qu'auparavant et qui témoigne à plusieurs reprises du fameux goût relevé mentionné dans la phrase précédente. Par exemple, PRINCE continue de baser ses licks de synthétiseur sur deux notes, trois notes, et ça sonne du tonnerre que ce soit sur le funk torride et étonnant façon "1999" de "When Doves Cry" (pondu à l'arrache comme le précisent les bonus du DVD du film, ça fait rêver !), ou le hard-rock non moins extraterrestre de "Let's Go Crazy", proprement jubilatoire. Ajoutons d'ailleurs encore "Baby I'm a Star" à ce sujet.

De toute façon, ce disque, en dépit d'une facture plus pop que ce que l'artiste a fait et fera, reste un des chefs-d'oeuvre de notre petit PRINCE, en raison aussi bien de la réalisation que de son éclectisme ; cette faculté inouïe à mélanger musiques blanches (rock, pop sur l'autre tube "Take Me With U") et noires (funk, slow-blues sur "The Beautiful Ones" ou soul sur le magnifique et créspusculaire générique "Purple Rain", enregistré comme d'autres morceaux durant un seul concert puis saupoudré d'overdubs). Le tout dans un ton épris d'inventivité et sexuellement libéré. D'autant plus qu'en cette année 1984, l'artiste peut enfin se vanter de venir titiller son rival Michael Jackson aux cimes du succès (plus de 20 millions de gouttes de pluie pourpre vendues). A écouter d'urgence, comme tout ce que PRINCE a produit entre 1982 et 87.