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PRINCE - Art Official Age (2014)
Par KORAMA le 29 Septembre 2014          Consultée 9009 fois

Depuis la période “jazzy-funk” du NPGMusicClub de 2001 à 2003 qui avait vu la sortie de The Rainblow Children, NEWS, C-Note, Xpectation et One Nite Alone, ce n’est pas faire offense à PRINCE de dire que sa discographie avait méchamment tendance à tourner en rond. D’albums best-of de savoir-faire (Musicology, 3121, Planet Earth et, dans une certaine mesure Lotusflower/MPLSound), en album distribué à la sauvette et enregistré en pilote automatique (20Ten filé avec Courrier International et qui n’a même pas eu droit à une sortie mondiale), il n’y avait pas grand chose à se mettre sous la dent de manière durable. L’artiste se reposait sur ses princiers lauriers, livrant une poignée de titres formidables au milieu de titres plus communs. Il fallait alors le voir sur scène pour qu’il transcende cette matière de base, quand il daignait la jouer. Bref, le coeur n’y était plus, en studio du moins, et pire que tout notre artiste semblait un peu largué, coincé dans une attitude passéiste qui le voyait répéter les mêmes recettes, les mêmes sons, sans réelle volonté de se renouveler, lui qui avait toujours réussi à surprendre son auditoire. Notre artiste, qui avait pour habitude de rebattre les cartes à sa guise, de jouer son va-tout sur un coup de dé, s’était transformé en gestionnaire de patrimoine.

Et voilà que Prince ressort de sa tanière après une pause discographique de 4 ans, avec un nouveau contrat chez Warner dans la poche. Une éternité sur l’échelle princière, lui qui tournait à un album par an depuis plus de trente ans. Diable, c’est que le bonhomme avait de nouvelles choses à proposer. Ça a commencé avec la création de son groupe féminin, les 3rdEyeGirl, avec lequel il a tourné deux ans durant, proposant des sets résolument orientés rock, et dont l’album sort simultanément à celui-ci. Car oui, en grand incorrigible, Prince balance 2 albums d’un coup : Plectrum Electrum signé Prince & 3rdEyeGirl, orienté rock, et ce Art Official Age signé sous le seul nom de Prince, et orienté soul/r&b.

Et pour le coup, si Prince a pris son temps, c’est pour revenir avec un album consistant. Un album thématique s’interrogeant sur la place de l’homme, des sentiments, à l’heure du tout-digital, de la dématérialisation, de la virtualité. Et surtout, un album qui va de l’avant.

Il abandonne sa casquette de gestionnaire de patrimoine pour celle de capital risqueur. En effet, il y a très peu de regard dans le rétro durant cet album. Et quand ils ont lieu, c’est pour des résultats divers. Pour le meilleur, avec “The Gold Standard”, sorte de face b oubliée des années 80 avec voix à la Bob George et folie à la “Irresistible Bitch” / “Erotic City”. Et pour le moins bon avec un titre comme “This Could B Us”, ballade princière classique dont la seule particularité réside dans son son de synthé plutôt inédit chez PRINCE.

Pour le reste, PRINCE a décidé d’avancer, de proposer un nouveau son, avec des textures proches de la techno/dance, voir du new-age. Un son dont on avait eu les prémices sur “Laydown”, la plage cachée de 20Ten.

Et ça démarre sur les chapeaux de roues avec l’entrée en matière méchamment gonflée que constitue “Art Official Cage”. Le genre de titre propice à faire fuir en courant à la première écoute même le plus assidu des fan (et je parle même pas des nouveaux auditeurs…), avec son beat euro-dance, ses nappes techno et ses télescopages dans tous les sens (cocottes funky, solo électrique, motifs arabisants au clavier, voix vocodées, percussions estampillées Lovesexy). Un morceau qui, au final, peut rappeler les délires de “Thunder” sur Diamonds and Pearls, en version technoïde. Des choix tranchés, mais assumés tout au long du disque, bref une vision globale d’un album comme oeuvre à part entière. Une proposition esthétique à laquelle on peut adhérer ou pas, mais qui au moins a le mérite de la cohérence. Et de la nouveauté chez notre artiste.

D’autant que nombre de titres sont de franches réussites. “Clouds”, groovy synthétique et lascif, “Breakdown” en long crescendo sur tapis de violons et lardés d’effets lasers d’un magnifique mauvais goût, “U know” basé sur un sample hypnotique sur lequel PRINCE construit une cathédrale de voix et de synthés,“Funknroll” pêchu en diable, remix d’un titre de “Plectrum Electrum” ou un “Time” final en forme d’apothéose.

Toute la deuxième partie du disque est traversée d’une mélancolie comme on en a peu entendu chez l’artiste, la cohésion des titres renforçant ce sentiment, notamment avec les deux segue parfaitement intégrés à l’ensemble, le dernier étant carrément une chanson à part entière reprenant le thème de “Way back home”. Ce “Way Back Home” constituant la vraie perle de cet album. Un morceau étonnant, assez unique chez Prince, ou il se livre comme rarement. On touche véritablement à l’intime, au spleen profond de l’artiste qui n’a pas vraiment eu ce qu’il a voulu, ni voulu tout ce qu’il a eu. Un être qui ne se sent pas à sa place dans ce monde et cherche le chemin pour retourner chez lui. Le tout délivré sur un beat electro et un battement de coeur, des nappes de claviers et quelques voix féminines. Pas de cris, pas de solo, pas de surenchère. L’émotion juste.

Quoi qu’il en soit, même si Prince risque de laisser sur le coté bon nombre d’auditeurs avec ce disque, on ne peut que le remercier d’avoir osé le changement, de prendre des risques (ne serait-ce qu’en confiant, pour la première fois de sa carrière, la production à un tiers, ou en faisant intervenir bien plus qu’à l’habitude des voix féminines), de tenter, encore et toujours, de se renouveler, de nous surprendre. Enfin, d’avoir proposé une oeuvre cohérente, un véritable album de r&b moderne à la sauce Prince, tenu de bout en bout, sans s’éparpiller.

Je prend le pari que cet album va prendre une volée de bois vert de la part des critiques mais qu’il sera de l’un de ceux qui compteront dans sa carrière.


Note réelle : 4.5

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1. Art Official Cage
2. Clouds
3. Breakdown
4. The Gold Standard
5. U Know
6. Breakfast Can Wait
7. This Could Be Us
8. What It Feels Like
9. Affirmation I & Ii
10. Way Back Home
11. Funknroll
12. Time
13. Affirmation Iii



             



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