Signe des temps. Le premier album posthume d’ HENDRIX fut The Cry of Love, une compilation de titres inédits initialement destinés au projet “First Rays of the New Rising Sun “, fatalement inachevé. Pour PRINCE, artiste immensément prolifique, nous avons droit à une putain de compile…

4EVER, ou comment essayer de faire un max de cash avec un minimum de risque. Une double compile (une de plus !) des classiques princiers de la période Warner, avec un petit inédit en guise d’appât pour les fans. Sauf que, non, désolé, cette fois-ci c’en est trop. Déjà qu’il a fallu encaisser la mort d’un génie musical du vingtième siècle, il faut maintenant se taper une compile mal fagotée en guise de première sortie posthume. Car au final, à qui s’adresse ce machin ?

Pas au public lambda qui aura, au cours des années, déjà acheté l’une des 4 compiles déjà existante couvrant EXACTEMENT la même période, et pour certaines bien mieux foutues ou possédant des atouts bien plus alléchants : The hits/The B Sides de 1993 contenait un 3eme cd avec la quasi intégralité des Bsides 7 inch et deux ou trois inédits, alors que Ultimate de 2006 proposait quant à lui un deuxième cd avec des versions maxi, versions de référence pour les fans, à préférer aux versions singles souvent charcutées. Ici, point de tout ça. 40 titres en versions single, balancés dans un ordre incompréhensible, ni tout à fait random ni tout à fait chronologique. Et ce n’est pas les infimes variations de tracklist qui changent la donne.

L’album ne s’adresse pas aux fans non plus, car le seul maigre atout est la présence de "Moonbeam levels", inédit de 82 que la quasi intégralité des fans possède déjà en bootleg dans une qualité sonore identique à celle de cette compilation. Alors, bien sûr, même une compile sans enjeu d’un artiste du calibre de PRINCE vaut par la qualité intrinsèque de son contenu. Difficile de résister à cet alignement de tubes groovy salaces, de rocks pop furibards et d’ovnis sonores, même en versions mutilées “single edit”. Mais franchement, comme premier album posthume, c’est vraiment pas glorieux.

Ce qui est triste, c’est que l’on peut en partie blâmer PRINCE pour ce résultat, puisque celui-ci n’a pas laissé de testament ni de consignes précises quant à l’exploitation et le devenir de ses innombrables morceaux inédits, de ses archives, de son back catalogue. On en arrive alors à un paradoxe : le titre de l’album est le titre d’une de ses chansons - largement inconnue du grand public -, non présente dans ladite compile, puisque les droits ne sont pas gérés par Warner.

Mais même sans cela, il aurait été aisé pour la Warner de proposer un objet plus intéressant, avec juste un peu d’effort, d’imagination, et de respect pour la créativité de cet artiste hors normes. Publier un des nombreux albums avortés ou restés dans les placards. Ou une vraie anthologie des B Sides et remixes parus durant les années Warner. Ou une compilation des versions de PRINCE de titres filés à d’autres artistes. Bref, il y avait mille et une manières de rendre justice à cet immense artiste.

N’achetez pas cette compile. Si vous le faites, c’est encourager la paresse et l’appât du gain.