Je ne partage pas l'enthousiasme de mes collègues chroniqueurs et d'une partie du public au sujet de Kraftwerk. Certes, ils sont connus et avaient de l'originalité, deux facteurs qui les ont rendus fort influents. Néanmoins, il me paraît toujours simple voire outrageux de les voir comme seuls précurseurs de toutes les tendances mécaniques, alors que les autres allemands : Tangerine Dream, Cluster, Klaus Schulze et bien sûr Neu! ont tous également publié des albums décisifs, avec à mon avis une bien meilleure qualité de composition.

Seulement voilà, je me vois forcé de reconnaître que Trans Europe Express est une réussite. Celui-ci et son successeur robotique sont à mon sens les deux vrais bons albums de Kraftwerk. Oui, c'est sûr, il y a quelque chose ici.

Il faudra que je découvre un de ces jours la version originale en allemand, mais je doute que les parties instrumentales soient en quelque manière différentes. Ça m'étonnerait aussi que le chant y soit plus juste, je me demande toujours pourquoi ils s'obstinaient à chanter alors qu'ils ne savaient pas. Et le pire c'est que cette caractéristique a déteint sur la new wave...

En ce qui me concerne, j'ai toujours été séduit par le séquençage nostalgique de l'entrée en matière, «Europe Endless». Il y a clairement une thématique rétro dépeignant la société moderne idyllique des années 50-60. Ensuite, tous les morceaux sont plutôt crédibles, c'est vraiment plein de bonnes idées. On ne présente plus le légendaire train de la deuxième face, qui a directement influencé les premiers auteurs de techno de Detroit.

Pour finir, ce que je trouve tout de même toujours intéressant avec Kraftwerk, c'est que leur musique illustre bien des concepts, tandis que les autres fondateurs allemands de l'électro ont toujours été plus abstraits. TEE est le meilleur exemple de cette caractéristique, le concept y est incroyablement palpable.