KRAFTWERK, en 1970, est une jeune firme musicale hyper prometteuse dans un paysage rock germanique déjà riche de multiples entreprises avant-gardistes, assaisonnées à la sauce rock choucroute ("Krautrock" en allemand) ... Après l'anecdotique aventure ORGANISATION, Ralf Hütter et Florian Schneider fondent leur nouveau projet sur des bases encore solidement psychédéliques, mais heureusement qu'ils ne vont pas s'y tenir bien longtemps.

L'usine à gaz allemande, destinée à produire dans un avenir proche des robots, des tronçons d'autoroute, des cadres de bicyclettes et des ordinateurs, ne sait pas encore trop quel type d'objet elle pourrait bien fabriquer avec une technologie électronique encore assez limitée ... Du coup, en attendant les futures décisions du département marketing de la firme, l'usine KRAFTWERK se contentera pour l'instant de produire des plots de signalisation routière.

Le premier plot qui sort de la chaine de fabrication est toutefois assez réussi, malgré une mise en forme un peu douteuse : "Ruckzuck", véritable prototype du son KRAFTWERK, se révèle un titre assez intéressant et qui annonce déjà certaines orientations futures. "Megaherz", titre ambient aux magnifiques nappes de flûte traversière, également. Mais que dire de "Stratovarius", si ce n'est que cette fois, le modèle est totalement raté. "Von Himmel Hoch", morceau psychédélique bordélique, est assez intéressant de par ses ambiances à mi-chemin entre drone et rock électronique, mais se révèle quand même franchement bancal.

Allez, soyons gentils : ce premier album de KRAFTWERK est relativement sympathique avec le recul. On sent bien toutefois que nos deux PDGs teutons, encore un peu trop immatures, ont voulu mettre toutes leurs idées dans un grand saladier et voir de quel monstre industriel accoucherait leur expérience. Mais malheureusement, on ne fabrique pas une bonne Volkswagen en bricolant des morceaux de tôles sans avoir de schéma précis.

À écouter pour l'histoire ...