À tous points de vue, Madonna a franchi un cap avec Like a virgin. Certes, ses résultats commerciaux ont été graduels, on commençait à parler beaucoup d'elle en 84 avec des tubes comme «Lucky star» et «Borderline», mais c'est avec Like a virgin qu'elle a définitivement percé. La chanson-titre, à la fois innocente et provocante, a été son premier numéro 1, l'essai étant transformé avec «Material girl» puis «Into the groove». Ces trois-là font partie de la culture populaire depuis leur sortie...

Notons que «Into the groove» ne faisait pas partie de l'ensemble initial enregistré en avril 84 et seulement publié en novembre – les éditeurs voulant tirer sur le filon du premier avant d'exploiter celui-ci, ce que Madonna n'avait pas apprécié. «Into the groove» a été écrite plus tard et intégrée à la deuxième édition de l'album en 85. Dès lors, il est difficile de trancher si elle en fait partie ou pas.

Sinon, Like a virgin est un ensemble très intéressant, on peut dire aventureux. Globalement, le son est un peu moins tape-à-l'oeil que sur le premier, mais la musique a beaucoup plus de personnalité. Ce qu'on peut reprocher, c'est un certain manque de cohérence du fait des petites expériences réalisées ici. L'exemple le plus flagrant est la lyrique «Love don't live here anymore», mais la deuxième face semble également explorer plusieurs directions. Ainsi, autre exemple, «Dress you up» me fait penser à Ultravox.

Pour autant, il ne faudrait pas nier le charisme des trois tubes, d' «Over and over», de «Pretender» ou de «Stay». Il est difficile de parler de remplissage ici, à part peut-être «Shoo-bee-doo». Partout, on trouve un rythme très physique difficilement résistible et des mélodies affirmées mettant en valeur la voix exceptionnelle de la chanteuse. Qu'on le veuille ou non, c'est un grand album plutôt essentiel qui a bien mérité son immense succès.