La sortie de Stadium Arcadium en 2006 marquait la fin de l'âge d'or des RED HOT CHILI PEPPERS, une période qui a vu le groupe sortir six albums majeurs.

Une telle intensité explique peut-être pourquoi il a fallu cinq longues années pour sortir I'm With You, période durant laquelle la bande d'Anthony Kiedis est retombée dans ses vieilles habitudes et la valse des guitaristes a repris pour la huitième fois dans l’histoire des Peppers, permettant à Josh Klinghoffer de succéder à son ami John Frusciante. Ce dernier ayant quitté le groupe sur un prophétique Pour moi, l'art n'a jamais été quelque chose de l'ordre du sens du devoir.
Prophétique, car l’écoute de ce disque nous laisse à penser que les R.H.C.P ont délaissé toutes velléités de recherche artistique pour se contenter de pondre un album très classique et très sage.
Non que ce I’m With You soit foncièrement mauvais, mais il manque clairement de prise de risque, de fougue, de folie. Ainsi, à l’exception de "Goodbie Hooray" et de l’entraînant "Factory of Faith" à la ligne de basse très présente, les tempos sont globalement mollassons. Force est de constater que ces deux titres font partie des plus excitants de l’album.
Pour le reste, les guitares sont peu présentes, la basse brille rarement, le chant laisse également un goût d’inachevé. Kiedis chante bien, mais il semble exsangue en termes d’émotions. Si techniquement il n’a jamais été aussi bon, il semble fonctionner en pilotage automatique. Le résultat est à l’avenant : les chansons sont bien construites, bien interprétées, agréables, très mélodieuses, mais la plupart du temps elles passent dans vos oreilles sans laisser de trace. Le poil ne se hérisse pas, la chair de poule est aux abonnés absents.
En effet, quel est l’intérêt de "Happiness Loves Company" ? Ce titre est totalement vide d’intérêt, il ne se passe rien lors de sa diffusion. La mélodie coule sur vous, se répand sans indisposer, puis file sans vous avoir provoqué quoi que ce soit. On pourrait rétorquer, à juste titre, que son écoute n’est pas désagréable. Mais on parle tout de même des RED HOT CHILI PEPPERS, un groupe qui par le passé a su mettre son immense talent au service de la créativité, de l’originalité. Il faut se faire une raison, ce n’est plus le cas. Et ce talent, bien réel, est maintenant utilisé pour pondre de bons titres, mais bien trop passe-partout.
Il reste toutefois de (très) bons moments lorsqu’au détour d’un "Did I Let You Know" aux rythmes chaloupés, on se replonge avec délectation dans les ambiances qu’affectionnaient R.H.C.P il y a quelques années, ou bien lorsqu’avec "Annie Wants A Baby" le groupe lâche un peu le pilotage automatique pour nous pondre un titre tout en émotion et en ambiances mélancoliques.
Pour le reste, le groupe stagne, gère, mais ne fait plus rêver et se contente de nous proposer un bon disque de Pop Rock, extrêmement bien produit, mais bien trop fade.