Pour son dernier album studio, THIN LIZZY décide de mettre l’aiguille dans le rouge : celui du métal surchauffé que les Britanniques vont investir avec tout leur talent, mais aussi toute leur tristesse. On sent que la fin du groupe est proche, qui sera malheureusement suivie peu de temps après de celle de Phil LYNOTT qui expose tout au long des 41’ de l’opus toutes ses douleurs et déchirures et crache sa colère et sa peine avec une profondeur et une sincérité désarmantes. Tout cela donne un très grand disque, devenu une des références du genre, une réussite à laquelle le super guitariste John Sykes (en sus de l’excellent Scott Gorham) n’est pas étranger, tant il pose superbement sa patte métallique sur l’opus, en parfait catalyseur de l’humeur cafardeuse et orageuse de son nouveau leader.
Ceci nous donne une intro dantesque avec "Thunder and Lightning" d’une agressivité inusitée chez THIN LIZZY, pour un superbe titre bien Heavy gorgé de super solos de guitare et de claviers.
Dans un registre proche, "Cold Sweat" démarre par un riff archi-lourd et déroule un Métal à peine adouci par le chant toujours teinté de soul de son leader. Le solo de Sykes est dantesque une nouvelle fois.
"The Holy War", après une intro basse-batterie très entraînante, déroule une partie instrumentale stupéfiante et un refrain canon ; le break avec la voix d’outre-tombe de Phil doublé par une voix féminine est l'autre immense moment d’un titre absolument magnifique.
Et que dire de "Baby Please Don’t Go", au texte hyper émouvant et à la couleur musicale beaucoup plus proche des recettes habituelles des britanniques ? On sent que Phil y met tout son cœur, et c’est déchirant; le solo de guitare trouve également les notes justes pour l’exprimer. Il en va de même de "The Sun Goes Down", titre crépusculaire stupéfiant qui s’écoule lentement et inexorablement dans une ambiance de fin du monde (probablement celui de Phil) ; le solo de Scott Gorham touche droit au cœur.
Voilà pour les merveilles, les autres titres du disque sont également pétris de classe et pleins de sens sur les pensées de Phil, quoiqu’un léger cran au-dessous : "This Is the One", "Someday She’s Gonna Hit Back", "Bad Habit" et "Heart Attack" tiennent néanmoins parfaitement leur rang, apportant leur touche de mélancolie à un ensemble qui, vous l’avez compris, n’en manquait déjà pas.

Personne ne peut rester insensible à un tel disque, chant du cygne d’un merveilleux artiste qui quittera ce monde en 1986, laissant derrière lui une œuvre formidable, une statue dans le centre-ville de Dublin mais aussi une flopée de regrets.
Thunder and Lightning est également une grande réussite musicale tant l’opus est inspiré et habité par son principal auteur-compositeur, parfaitement épaulé par des musiciens de grand talent, qu’on retrouvera dans l’immense Live / Life qui viendra mettre un terme définitif à la carrière de THIN LIZZY.
Un album indispensable.