Après deux albums stylistiquement très précis, ces deux grandes réussites pop que sont Like a virgin et True blue, Madonna a décidé de varier un peu les choses et de tester des trucs et des machins. Certains parlent de «grande déclaration artistique», d'autres y voient plutôt un album de transition trop éclectique, je parlerais même de fourre-tout illisible, un florilège sans vraie construction. Rien que le trio d'entrée : un gospel, une dance et un funk avec Prince : on ne ressent aucune continuité.

C'est dommage, vu que les chansons ne sont pas si mauvaises. Du point de vue commercial, il n'y a évidemment eu aucun problème, des singles n'ont pas à être cohérents entre eux. Dans l'album, on peut au moins se dire que l'éclectisme permettra à tout le monde d'aimer au moins deux ou trois chansons dans le tas. En ce qui me concerne, c'est la new wave de «Till death do us part», l'électropop mignonne de «Dear Jessie» et le funk dramatique de «Keep it together» qui atteignent leur cible.

On ne peut pas nier le succès médiatique de Like a prayer, mais il s'agit tout de même à mes yeux d'un des albums les moins réussis de Madonna. Il est bien dommage qu'il ait éclipsé le remarquable Erotica, qui mérite au moins autant le titre de grand acte artistique.