Abraxas est dans la continuité du premier album de Santana, même s'il explore de nouvelles voies. Comme semble l' illustrer la pochette tout à fait typique des aspirations psychédeliques de l'époque, une légère brise mystique et orientale semble souffler sur cet album. Le titre Abraxas est d'aileurs inspiré de "Demian", roman de Hermann Hesse, qui fait référence à Abraxas, dieu suprême des Gnostiques basildiens influencés- entre autres- par diverses religions orientales.

Vu dans cette perspective, il est plus aisé de comprendre la légère évolution de Santana sur cet album qui dès l' ouverture « Singing Winds, Crying Beasts » semble annoncer une tonalité davantage mystérieuse, mystique, et experimentale que son prédecesseur. D'une certaine manière, le magnifique tube « Black Magic Woman » confirme la sensation de sérénité qui se dégage de cette introduction. Cette nouvelle direction se fait ressentir également dans des morceaux comme « Incident at Neshabur », titre particulier en deux temps qui symbolise bien les deux tendances musicales qui partagent Santana sur cet album : le latino rock et une musique mystérieuse tout en nuances.

Mais Santana n'oublie pas ses fondamentaux et le rock latino occupe toujours une place d'honneur avec de nombreux titres tels « Oye Como Va » ou « Se A Cabo ». Les talents de guitariste de Santana sont largement mis en avant, que ce soit sur le rock « Mother's Daughter » au solo final typique de la tradition psychédélique de l'époque ou sur « Samba Pa Ti », très beau titre où il fait preuve d'un jeu plus subtil.

Davantage héterogène et nuancé que le premier album de Santana, Abraxas fait découvrir à l'auditeur les nouvelles aspitations musicales du groupe. On peut alors découvrir avec Abraxas les premices du style qui va être largement developpé quelques années plus tard sur Caravanserai.