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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  STUDIO

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- Membre : Santana & Buddy Miles, John Mclaughlin , Richard Wahnfried , The Isley Brothers And Santana

SANTANA - Supernatural (1999)
Par MARCO STIVELL le 18 Octobre 2013          Consultée 9141 fois

"Le très controversé Supernatural...". A dire avec la voix dépitée du capitaine Love, méchant dans Le Masque de Zorro, avec Hopkins et Banderas, film qui a marqué certains jeunes esprits autant que celui que l'on vante comme "le vieux Zorro de la télé, le vrai". Ce qu'aucune loi n'interdit ; celle du "bon goût" est bien trop changeante pour être officielle, il y en a autant que d'êtres humains sur Terre, un peu comme la manière de conduire une voiture. Mais on peut aimer les deux Zorro, comme on peut aimer l'OM et le PSG, Peter Gabriel et Phil Collins, le beurre salé et non salé... En revanche, chez Santana, aimer Abraxas et Supernatural, c'est déjà plus rare, beaucoup plus rare !

Supernatural, c'est quoi ? A la base, un projet conçu avec l'aide de Clive Davis, ancien président de Columbia et désormais d'Arista, autre major chez qui vient de signer Carlos SANTANA. Ce dernier connait alors une mauvaise passe depuis la fin des années 80, ses albums se vendant de moins en moins et l'artiste se faisant de plus en plus rare, en studio du moins. Il lui fallait bien ce coup de pouce pour espérer un redémarrage commercial, mais les fans verront en ce tournant une trahison, et en Clive Davis une sorte de Dark Clivor, ce qui est complètement fictif mais uniquement dans le but de rappeler que le premier épisode de Star Wars est sorti la même année que le présent album (quant à savoir si c'est lié...). Effectivement, le phénomène tient du miracle (milagro...), mais trente ans après avoir commencé, marqué irrémédiablement le monde de la musique en permettant à l'univers rock de s'accoquiner avec l'Amérique latine, puis avoir eu le temps de s'être fait largement oublier, SANTANA tient en 1999 le plus gros succès de sa carrière avec Supernatural et près de trente millions de copies vendues dans le monde. Inconcevable comme dirait Vizzini. En revanche, le bénéfice reste largement pécuniaire, puisque la motivation principale semble avoir largement déteint sur l'artistique.

En fait, la rançon de ce succès, c'est de se fondre dans le moule actuel, sans trop se soucier de couper les ponts avec le passé. Oh bien sûr, SANTANA conserve ses origines latino, plus qu'apparentes dans sa musique à grand renfort de cha-cha, de congas et de ay-carambas. En revanche il évite toute forme d'audace pour se consacrer à l'écriture de chansons où la fiesta de percussions et de voix traditionnelles rencontre la modernité alors en vogue, orientée en particulier vers le son rap et "nu-soul", aussi appelé r'n'b. Il faut vivre avec son temps comme dirait l'autre et tout métissage demeure une formule propice à éveiller les sens des curieux. Par contre -et il faudra s'habituer-, s'il est vrai que Carlos nous avait déjà gratifié de quelques albums où les interprètes se passaient la main selon les chansons, ici le vice est poussé au point de réaliser le plus de featurings possibles avec des gens plus ou moins connus. SANTANA n’apparaît plus comme un groupe (en studio du moins), mais comme un conglomérat d'artistes voué à enregistrer un patchwork de morceaux qui semblent avoir été écrits en fonction de l'intervenant. Certains vont jusqu'à dire que les trente millions de copies vendues de Supernatural se justifient à cause de cela : les fans de ces différents artistes ont acheté le disque par simple curiosité, et non par attachement envers SANTANA.

Ceci dit, la désappréciation courante de ce disque n'est pas uniquement rattachée à ce critère. Prenons le cas des compositions soi-disant «personnelles», où il n'y a pas de featuring. «(Da Le) Yaleo» est tout ce qu'il y a de plus ordinaire, du rock latino comme SANTANA nous a déjà proposé depuis trente ans (laissons à chacun le soin d'affirmer sa préférence), des refrains standards à grand renfort de "Yaleo !", des cuivres visant à rendre le tout plus festif... Un solo de piano plutôt sympathique est malgré tout réservé au fidèle Chester Thompson. «El Farol» est comme «Da Le Yaleo» dans un registre rêveur, terriblement passe-partout par rapport aux essais précédents du même genre. Beaucoup de titres similaires peuplent l'ensemble sans marquer franchement, si ce n'est "Africa Bamba" mais plutôt dans le sens consternation. Seul «Migra» possède une ambiance tribale intéressante, mais pas de quoi donner envie de se focaliser dessus.

Les featurings donc. Dave Matthews est venu prêter sa voix pour un «Love of My Life» très nu-soul, où Carlos reprend sans vergogne le thème principal du 3ème mouvement de la 3ème symphonie de Brahms. Dans le même style, «Do You Like the Way» voit une utilisation assez limitée des cuivres et (surtout) de l'excellente Lauryn Hill. «Put Your Lights On» tente avec le rappeur Everlast une sorte de mélange entre ballade folk épique et hip-hop, tentative pour le moins enthousiasmante, mais seulement sur le papier. C'est aussi le cas du featuring avec Eric «God» Clapton, «The Calling» au début très jam et qui lance un autre type de rap où les deux guitaristes mythiques reprennent les tics de Brothers, très guitar-hero. Carlos joue d'ailleurs beaucoup sur ce critère, au point que sur le disque, rares sont ses interventions capables de procurer le moindre frisson. Il en devient bavard, mais c'est aussi pour lui la seule manière de se faire reconnaître dans cette expérience atypique pour une icône de son rang.

Et alors le grand mystère, comment Supernatural a t-il pu enfanter de tels tubes, en termes de popularité ? «Maria Maria» est un r'n'b racoleur, symbolique par rapport à d'autres chansons de l'album du même ton, mais surtout monotone. Quant à «Smooth», seul le thème de cuivres y est réellement efficace, le succès phénoménal de la chanson s'expliquant sans doute par une diffusion suffisamment intelligente (du point de vue de Dark Clivor) afin de permettre aux bars, clubs et autres lieux pour danser de faire une bonne saison. Le «chant» de Rob Thomas se fait très "hot", et Carlos retentera le même type de chansons trois plages plus loin avec «Corazon Espinado». Moi je reste avec ma menthe à l'eau au bar et je regarde danser les filles. Le jour où j'aimerai cet album, j'aurai peut-être plus de chance, qui sait ?

Pour beaucoup de fans de longue date, "Smooth" est à l'image de l'album : une vaste opération marketing, qui a peut-être à l'origine une valeur artistique mais cette dernière survit difficilement face à la facticité de l'ensemble. Les compositions sont aseptisées, les interprètes maniérés et le sentiment de longueur est omniprésent, les thèmes étant répétés jusqu'à plus soif (les chansons ne font que quatre à cinq minutes, et pourtant...). Supernatural aurait mieux fait de s'appeler Superficial. Et ça ne fait que commencer...

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   MARCO STIVELL

 
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- Carlos Santana (guitares, chant)
- Chester Thompson (claviers)
- Benny Rietveld (basse)
- Billy Johnson (batterie)
- Karl Perazzo (percussions, choeurs)
- Raul Rekow (congas, choeurs)
- + Une Pléiade D'invités, Musiciens Addit


1. (da Le) Yaleo
2. Love Of My Life (featuring Dave Matthews)
3. Put Your Lights On (featuring Everlast)
4. Africa Bamba
5. Smooth (featuring Rob Thomas)
6. Do You Like The Way (featuring Lauryn Hill & Cee L
7. Maria Maria (featuring The Product G&b)
8. Migra
9. Corazon Espinado (featuring Mana)
10. Wishing It Was (featuring Eagle Eye Cherry)
11. El Farol
12. Primavera
13. The Calling (featuring Eric Clapton)



             



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