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FOLK BRETON  |  E.P

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GLENMOR - O Keltia (1969)
Par JOVIAL le 3 Juillet 2014          Consultée 3342 fois

Les 45 tours sont d'un intérêt limité dans la discographie de GLENMOR puisqu'ils contiennent souvent des chansons que l'on retrouvera tôt ou tard sur album. Il en existe toutefois deux que nous pouvons ici retenir et qui furent d'ailleurs les seuls édités chez Barclay, à savoir O Keltia et Les Temps de la Colère. Le premier est bien le plus singulier : c'est en effet l'unique fois dans la longue carrière du Costarmoricain où les textes sont dans leur intégralité exclusivement écrits en breton. Il s'agit d'ailleurs à ma connaissance du tout premier disque chanté en breton à sortir avec la bénédiction d'une grande major, preuve importante pour l'époque que l'utilisation de cette langue ne saurait se limiter à la seule musique traditionnelle. C'est également un sacré pied de nez à Paris, à une époque où certains militants linguistiques bretons ont d'ors et déjà basculé dans la violence et effectuent de spectaculaires attentats qui viennent sérieusement chauffer les oreilles des politiciens en place. C'était néanmoins plus une façon pour GLENMOR de montrer que la langue bretonne était bien vivante et pouvait s'adapter à des registres plus « modernes », ici le folk, ses héritiers se chargeant de bientôt la transposer au rock et à la pop … Une démarche progressiste donc, qui lui vaudra pourtant l'honneur d'être censuré aussi bien à la radio qu'à la télévision dès 1970.

O Keltia est avant tout un hommage à la langue bretonne. GLENMOR chante ici le monde bretonnant dans lequel il évolue, celui du Kreiz Breizh (1) qu'il magnifie dans toute sa simplicité et son isolement. « Groñvel » (2) décrit ainsi la sérénité d'un de ses villages de cœur, dans la région où il passa une grande partie de son enfance et où s'installa pour quelques temps dans les années 60. La douceur des arpèges et la discrétion de la contrebasse retranscrivent à la perfection cet ambiance paisible et bucolique, presque olympienne que notre barde souhaite nous faire partager. Assis sous un chêne, guitare en main, il contemple son pays, au loin devant lui les premiers contreforts des Menez Du que survole cet inopportun « Koumoulenn an Hañv » (nuage d'été), ou s'amuse au contraire de ses compagnons d'infortune et d'« Hiraezh » (nostalgie), « An Tousegui » (les crapauds) qui se frayent un chemin dans les herbes à ses pieds. De la vraie poésie, qui n'a rien à envier à celle d'un maître comme Léo Ferré, avec qui il tournera d'ailleurs pour quelques concerts.

Un morceau parmi les cinq se démarque le plus, « O Keltia » qui donne donc son nom au disque. Assez similaire sur le plan instrumental, également très posé, c'est un des grands classiques du répertoire de GLENMOR, mais qui tranche ici par son propos indépendantiste. La Bretagne est en peine sous l'oppression française, mais un jour viendra où Lez-Breizh (3) reviendra pour la libérer. Le message est certes en breton, mais n'oublions pas qu'en 1970 les bretonnants sont encore nombreux et que beaucoup comprennent sans mal l'allusion au retour de Lez-Breizh ! On imagine la réaction des autorités de Paris : O Keltia est non seulement en breton, langue bannie de la vie publique, mais soutient ouvertement ceux qui posent des bombes pour « libérer la Bretagne » ! Impossible d'accepter ça. C'est par ailleurs avec ce 45 tours que GLENMOR se fait connaître auprès du grand public (4) en tant que « nationaliste breton », terme qu'il ne rejette aucunement mais auquel il accorde un sens bien particulier. Son nationalisme ne signifie pas la primauté d'un groupe ethnique sur un autre, mais au contraire l'amour pour les siens, l'amour pour sa langue, sa terre et sa culture. Une idée importante pour qui voudrait comprendre pleinement GLEMNOR, lui qui se définissait aussi bien en tant que « révolte romantique » qu'en tant que libertaire ou donc nationaliste breton.

Reste enfin un 45 tours fort agréable, pas indispensable malgré sa valeur historique indéniable. Certains le trouveront bien trop court, quand d'autres argueront que c'est justement cette simplicité et cet absence de volonté d'en faire des tonnes qui fait tout son charme.


(1) Kreiz Breizh : « Centre Bretagne », région de Carhaix allant grossièrement du Sud-Est des Côtes d'Armor aux pieds des Monts d'Arrée et des Montagnes Noires.
(2) Nom breton de Glomel, dans les Côtes d'Armor.
(3) Morvan, dit Lez-Breizh, fut le premier roi breton à se dresser contre les Francs et tenter l'unification des différents royaumes bretons d'Armorique.
(4) Il était néanmoins déjà bien connu en Bretagne pour ses chansons « subversives » avant 1970.

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1. O Keltia
2. Koumoulen An Hañv
3. An Tousegi
4. Hiraezh
5. Groñvel



             



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