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CHANSONS  |  STUDIO

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- Style : Alan Stivell , Tri Yann, Gilles Servat , Léo Ferre
- Membre : Bernard Benoit , Dan Ar Braz

GLENMOR - E Dibenn Miz Gwengolo (1977)
Par JOVIAL le 5 Septembre 2015          Consultée 2906 fois

Dans la nuit du 30 septembre 1976, le jeune Yann-Kel Kernalegenn est tué dans l’explosion de sa propre bombe aux abords de la future caserne de Ti-Vougeret, près de Châteaulin. La nouvelle choque la Bretagne et plus de 1500 personnes viendront assister à son enterrement à Quimper deux jours plus tard. De nombreux artistes se mobilisent pour lui rendre hommage : Alan Stivell écrira « Levenez », sortie sur le disque de Skoazell Vreizh en soutien aux familles des détenus politiques bretons (1), quand Youenn Gwernig fera de même avec « Gwerz Ti-Vougeret » sur E Kreiz an Noz. GLENMOR, qui n’a rien enregistré depuis Ouvrez les Portes de la Nuit en 1974, ne manque évidemment pas de lui dédier un morceau, « E Dibenn Miz Gwengolo » (2), ouvrant magnifiquement l’album du même nom, le sixième, en 1977. Très affecté, notre barde en revient logiquement à une œuvre plus politique, beaucoup plus proche de Princes, Entendez-Bien que du précédent.

E Dibenn Miz Gwengolo est une nouvelle plage de colère. GLENMOR repart en guerre contre le pouvoir central et ne mâche guère ses mots. La fameuse « Contre-Marseillaise », qui deviendra par la suite l’une de ses chansons les plus emblématiques, s’achève ainsi sur un « Merde à la France » tonitruant, qui a certainement dû chauffer bien dur les oreilles de quelques-uns tout en haut. « Mon pays n’est pas mort, vous n’êtes pas vainqueur » y clame alors le Pohérois, mêlant comme à l’habitude pensées libertaire et nationaliste, deux idées d’ailleurs indissociables selon notre barde (3). Celui-ci condamne aussi le sort réservé aux militants politiques corses et bretons, attendus au tournant par « les loups de France » et enfermés dans leurs geôles, sur la mythique « Les Labours en Prison », enregistrée à l’origine pour l’album de Skoazell Vreizh. Le texte est magistral et nous a laissé quelques maximes dont l’on oublie souvent qu’elles nous proviennent à l’origine de GLENMOR : « Si Bretagne se bat, la liberté est au bout » ou encore « à chacun ses rêves à tout peuple ses droits ». Plus théâtrale, « Fils pardonne à ton père » est enfin un autre hommage rendu aux aînés de Bretagne, docile chair à canon d’une « maison Capet-Valois-Bourbon devenue Marianne » et serviteurs silencieux d’une République trompeuse. Une fois n’est pas coutume, le chanteur s’en prend ici à la jeune génération en rupture avec ses pères, incapable de comprendre que dans le sacrifice aveugle des anciens se cache parfois la liberté de demain.

Par respect pour le regretté Yann-Kel Kernalegenn, GLENMOR évite au contraire toutes considérations politiques sur « E Dibenn Miz Gwengolo » et écrit là l’un de ses plus beaux textes en langue bretonne, superbement bien mise en valeur par son orchestration au piano. Sur des tons plus légers, l’excellente « Tout va » et les trois « Interlude » révèrent ensuite la société paysanne au sein-même de laquelle notre barde a toujours vécu, sa dignité dans la pauvreté, son allégresse dans la misère. « Garde Le Diadème » et « Gouel Sant Yann » parlent enfin d’amour mais chacune à leur manière, la première se contenant d’une pudeur presque vieux-jeu quand l’autre se complaît dans une paillardise toute bretonne, qui rappelle à juste titre de nombreux traditionnels du même genre.

Musicalement, E Dibenn Miz Gwengolo marque une étape importante. GLENMOR abandonne le folk pour des arrangements piano/contrebasse qui prédomineront désormais. Et c’est justement là que le bas blesse. Si la qualité des textes n’est pas à remettre en question, les chansons n’ont plus tout à fait le même charme qu’auparavant. Le Breton n’était pas non plus un virtuose de la guitare, mais la simplicité de ses compositions en faisait généralement toute leur force. Ici, celles-ci s’alourdissent et ne frappent guère autant à la première écoute, particulièrement « Les Labours en Prison » et « Fils Pardonne à ton Père », parfois même pénibles. « Garde le Diadème » en sonnerait presque prude et « Tout Va », malgré ce sympathique vibraphone, recycle la mélodie employée sur « Ouvrez les Portes de la Nuit ». Bien que GLENMOR ait toujours avoué que le studio passait après la scène, on ne peut tout de même que regretter son choix artistique pour son sixième album... E Dibenn Miz Gwengolo n’est pas un mauvais disque, loin de là, mais l’auditeur y sentira bien la fin d’une époque.

(1) http://www.discogs.com/Various-Skoazell-Vreizh/release/5329479
(2) « à la fin septembre »
(3) Ci-dessous, une interview du bonhomme pour ceux que ça intéresse : https://www.youtube.com/watch?v=RlwPDFCTEkI

À retenir : « Contre-Marseillaise » et « Tout Va »

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- Glenmor (chant/guitare)
- Sam (banjo)
- Jean-claude Jeget (bombarde)
- Fañch Bernard (contrebasse)
- Paul Castanier (piano)


1. E Dibenn Miz Gwengolo
2. Interlude
3. Tout Va
4. Interlude
5. Contre-marseillaise
6. Gouel Sant Yann
7. Interlude
8. Garde La Diadème
9. Fils Pardonne à Ton Père
10. Les Labours En Prisons



             



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