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GLENMOR - Les Temps De La Colère (1970)
Par JOVIAL le 15 Juillet 2014          Consultée 1974 fois

Lorsqu'il entame sa carrière en 1959, GLENMOR n'a qu'un rêve : devenir le nouveau barde de la Bretagne. Ce terme de « barde » peut faire doucement rigoler, on n'a évidemment que trop en tête l'image de l'insupportable Assurancetourix baillonné, attaché à son arbre au centre du village gaulois. On aurait pourtant bien tort de soutenir cette comparaison, car notre Breton n'a en effet rien d'un poète solitaire bon à ne préparer que des chants de départs et à effrayer les terribles Normands. À l'instar des bardes celtes de l'Antiquité, il veut être la voix lyrique de son peuple, chanter sa fierté, sa mémoire, sa tristesse et sa colère. Quelques dix années plus tard, on peut d'ores et déjà dire que ce rêve est désormais une réalité. Oui, GLENMOR est devenu la voix grondante de la nation bretonne qui peinait jusqu'à présent à se réveiller. Cela ne lui vaudra pourtant pas que des éloges. Lorsqu'il monte sur la capitale appeler à la liberté de la Bretagne dans les bistrots de Montparnasse, les Bretons de Paris l'attendent dehors à la fin de ses concerts pour lui casser la gueule… les mêmes qui l'applaudiront plus tard dans les années 70. Avec les autorités françaises, ses relations ne sont également guère au beau fixe. Censuré dans les médias, ses chansons sont aussi bannies des radios car une circulaire du Ministère de l'Intérieur indique que « diffuser Glenmor sur les ondes nationales était une position politique condamnée par la Constitution ». Il est enfin surveillé par la police qui le soupçonne d'appartenir au FLB (1) et certaines rumeurs prétendent qu'un hélicoptère survole régulièrement son jardin pour y trouver des caches d'armes ! Tous les moyens sont bons pour faire taire ce foutu Breton qui commence un peu trop à l'ouvrir et à « empoisonner » l'esprit d'autres jeunes artistes. Une « Blanche Hermine » réclamant « la guerre aux Francs » se met d'ailleurs à être reprise en choeur autour d'un certain Gilles Servat, il va falloir agir rapidement…

Mais justement, se taire, GLENMOR ne veut pas. La décennie qui s'ouvre à lui nous le prouvera ô combien avec des albums aussi virulents que Vivre, E Dibenn Miz Gwengolo et surtout Princes, Entendez-Bien … dont le discours est encore d'actualité plus de quarante ans après. Le 45 tours Les Temps de la Colère est ainsi le symbole de cette révolte qui germe et grandira durant toutes les années 70 dans la tête de Milig Ar Skañv. Le morceau éponyme qui ouvre le disque signe ainsi d'emblée un violent réquisitoire à l'encontre du pouvoir parisien et de sa responsabilité dans les massacres de la Première Guerre Mondiale : les peuples de l'Hexagone se sont battus pour lui, ont été envoyés à l'abattoir par de riches bourgeois qui eux ne sacrifièrent pas leurs jeunesses ni ne concédèrent de libertés aux survivants. Une chanson des plus pacifistes donc, mais aussi sans doute une référence à l'hécatombe bretonne de 14-18. La Bretagne a en effet payé le plus lourd tribut à la guerre (2), tribut que Paris ne remerciera pas par un adoucissement de sa politique centraliste, qui mènera en partie aux « égarements » fascistes du PNB. « Les Temps de la Colère » se révèle alors comme un excellent texte que sert un orchestre parfaitement employé dans ce crescendo frémissant, qui monte à la façon d'une courte marche militaire.

Les trois autres chansons que contient ce 45 tours sont néanmoins d'un autre genre. La virevoltante « Les Chemins de la Bohème » et la plus affligée « Tour de Babel » se retrouveront l'année suivante sur l'album Hommage à Morvan Lebesque et ne sont ainsi pas d'un intérêt fondamental ici. En revanche, « Larmes d'un Copain », perle assez méconnue au sein de l'œuvre de GLENMOR, mérite toute notre attention. Simple et émouvante, ode à l'amitié, elle pourrait presque se faire suite de « Table d'Hôte » sur Cet Amour-là malgré son ton beaucoup plus intimiste.

À l'instar d'O Keltia sorti en 1969, Les Temps de la Colère n'est pas non plus un indispensable dans la discographie de GLENMOR. Malgré tout, ces « Larmes d'un Copain » valent au moins une petite écoute attentive de ce 45 tours qui possède, comme le précédent, sa saveur propre dont les albums ne disposent pas.

Note réelle : 3,5/5

(1) FLB – ARB (Front de Libération de la Bretagne – Armée Révolutionnaire/Républicaine Bretonne). Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, France 3 a réalisé un excellent documentaire sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=vSd1MpJ3D68
(2) Les études récentes parlent de 22% de morts en Bretagne contre 17% dans le reste du pays

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1. Les Temps De La Colère
2. Larmes D'un Copain
3. Les Chemins De La Bohème
4. Tour De Babel



             



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