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Lana DEL REY - Ultraviolence (2014)
Par ARCHANGEL le 6 Janvier 2024          Consultée 550 fois

Enigmatique diva de l’indie pop, Lana DEL REY a beau être aussi critiquée qu’adorée, elle captive les foules sans jamais dévier de sa course en mêlant habilement nostalgie vintage, poésie lyrique et mélancolie luxuriante. Suite au succès commercial de Born To Die, la chanteuse apparaît sur les bandes originales des films Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann ("Young And Beautiful") et Maléfique de Disney ("Once Upon A Dream"). Pour son nouvel album, Ultraviolence, sorti durant l’été 2014, la chanteuse s’éloigne un peu du hip-hop gangster de son dernier opus pour embrasser une ambiance de film noir, plus lourde et pourtant plus subtile qu’auparavant, en collaborant avec Dan AUERBACH du groupe The BLACK KEYS qui met à l’honneur les guitares sur un rock psychédélique qui va si bien à DEL REY. Reine de la mélancolie, Lana nous entraîne dans une contemplation sombre et une quête de l’amour au coeur d’un monde parfois brutal.

"Cruel World" sert de prélude, une ouverture épique à l’album avec ses guitares électriques ondoyantes et la voix envoûtante de Lana qui révèle une relation toxique au travers de paroles poignantes (I’m finally happy now that you’re gone). Avec cette ligne, la chanteuse semble tout simplement débuter le récit par sa conclusion, comme témoin de sa situation. C’est toujours cinématographique, mais d’une manière bien plus désarmante qu’avant : enfin consciente et dans une dualité qui dépeint avec justesse le chaos des émotions, Lana examine la cruauté et la violence tout au long de ce projet. Elle se fera particulièrement remarquer pour le titre éponyme "Ultraviolence" dans lequel elle reprend les paroles du groupe 60s The CRYSTALS (He hit me and it felt like a kiss/I can hear violins, violins/Give me all of that ultraviolence). Si à la première lecture, Lana semble livrer dans cette ballade poignante une ode aux relations abusives, on en est pourtant bien loin. Elle ne fait qu’y commenter ses expériences et ses observations telles qu’elle les vit sur des arrangements et des choeurs somptueusement intenses (Jim raised me up, he hurt me but it felt like true love/Jim taught me that, loving him was never enough).

Le single "Shades Of Cool" plante une atmosphère de film noir aux influences jazzy, une lamentation douloureuse et langoureuse, presque James Bond-esque d’une romance vénéneuse (But I can’t fix him, can’t make him better/And I can’t do nothing about his strange weather) où AUERBACH déploie sa guitare électrique dans un solo majestueux sur le bridge. Egérie du club des filles tristes, Lana leur offre un hymne, "Sad Girl", confession mélancolique entre vulnérabilité et acceptation de soi (Watch what you say to me/Careful who you’re talking to/I’m on fire, baby, I’m on fire).

Lana continue avec ces thèmes dans la réinterprétation captivante du classique de Nina SIMONE "The Other Woman" sur lequel Lana et ses vocalises éthérées empreintes de tristesse se mêlent au saxophone. La voix frémissante de la chanteuse trouve son éclat sous la vulnérabilité crue et exposée de la ballade "Pretty When You Cry", titre improvisé qu’elle enregistre en une prise (All those little times you said that I’m your girl/You make me feel like your whole world).

On retrouve une atmosphère glamour et évidemment triste sur les arrangements délicats et le piano mélodique de "Old Money" où elle fait référence aux paroles de son titre "Young And Beautiful" (Will you still love me when I shine ?/From words but not from beauty). Dans "Money Power Glory" et "Fucked My Way Up To The Top", Lana fait une incursion pleine d’ironie et de satire sur des instrumentations imposantes. Les guitares rock et le ton mordant de la chanteuse font de ces ballades des pistes provocantes qui soulignent la subversion artistique dont DEL REY sait faire preuve.

Aussi inspirée par la côte est que la côte ouest, DEL REY délivre deux des meilleurs chansons de cet album avec les singles "Brooklyn Baby" et "West Coast". Lana aurait voulu travailler avec Lou REED sur la première, mais le chanteur décède le jour où elle arrive à New York pour le rejoindre en studio. Elle met à l’honneur l’influence de REED sur sa musique dans les refrains de "Brooklyn Baby" (Well, my boyfriend’s in a band/He plays guitar while I sing Lou Reed/I’ve got feathers in my hair/I get high on hydroponic weed), une piste plutôt pop aux superbes mélodies 60s-70s qui se distingue par les vocalises aériennes de la chanteuse. C’est un hommage à la contre-culture de la Beat Generation qui a donné lieu au flower power (I’m churning out novels like/Beat poetry on amphetamines) et un parallèle à la scène hipster new yorkaise qu’elle utilise également pour raconter la frustration d’être incomprise dans l’industrie musicale et les médias (They judge me like a picture book/By the colors, like they forgot to read).

"West Coast" est non seulement une allégorie qui capture l’essence de la Californie mais également un symbole dans la discographie de la chanteuse, fait de batteries psychédéliques comme si elles émanaient de nulle part. On ne peut que tomber amoureux de cette chanson au groove décontracté qui renferme les meilleures transitions de Lana dans un changement de tempo plus lent pour les refrains, amenant des riffs de guitares bluesy. Et si la performance vocale sensuelle de DEL REY donne des frissons comme à son habitude, c’est l’instrumentation hypnotisante et ses permutations dynamiques pleines de textures qui créent cette expérience immersive d’un autre niveau.

La voix envoûtante de Lana reste l’arme la plus puissante dans son arsenal artistique surtout depuis qu’elle a davantage de contrôle dessus, mais la collaboration avec Dan AUERBACH met vraiment à l’honneur dans Ultraviolence une orchestration plus organique et des mélodies qui rappelleront le travail futur de la chanteuse sur Norman Fucking Rockwell. Ça donne des chansons puissantes et un album cohérent dans lequel Lana, par son écriture, offre un regard franc sur ses confusions et réflexions. Surdouée pour peindre des images sonores qui détaillent les émotions de façon éloquente, Lana excelle de plus en plus en créant une intimité et une connexion émotionnelle rare avec ses auditeurs.

On ne sait plus très bien si Ultraviolence est le deuxième, troisième ou même quatrième album de Lana DEL REY, mais finalement peu importe, c’est un des meilleurs de la chanteuse. C’est une toile complexe et inoubliable d’histoires et de sentiments, une célébration de l’audace artistique de Lana dont la poésie musicale continue de résonner grâce à cet album emblématique dans le coeur de ses fans. Cet album n’est pas qu’une collection de singles à succès ; les chansons moins connues ajoutent des nuances et des dimensions qui offrent une exploration unique de l’âme de Lana. Ces joyaux cachés méritent d’être découverts et appréciés à leur juste valeur, contribuant à faire d’Ultraviolence un classique moderne qui continue de révéler ses trésors même des années après sa sortie.

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   (2 chroniques)



- Lana Del Rey (chant)
- Dan Auerbach (choeurs)
- Seth Kaufman (choeurs)
- Alfreda Mccrary Lee (choeurs)
- Ann Mccrary (choeurs)
- Regina Mccrary (choeurs)
- Dan Auerbach (guitare électrique, guitare acoustique, synthétise)
- Collin Dupuis (synthétiseur)
- Brian Griffin (batterie)
- Ed Harcourt (piano)
- Tom Herbert (basse)
- Seth Kaufman (synthétiseur, guitare électrique, percussions)
- Nikolaj Torp Larsen (mellotron)
- Leon Michaels (saxophone, synthétiseur, piano, mellotron, tambour)
- Nick Movshon (basse, batterie)
- Rick Nowels (piano)
- Russ Pahl (pedal street guitar, guitare électrique)
- Blake Stranathan (guitare)
- Pablo Tato (guitare)
- Leo Taylor (percussions)
- Kenny Vaughan (guitare électrique, guitare acoustique, mellotron)
- Maximilian Weissenfeldt (batterie)


1. Cruel World
2. Ultraviolence
3. Shades Of Cool
4. Brooklyn Baby
5. West Coast
6. Sad Girl
7. Pretty When You Cry
8. Money Power Glory
9. Fucked My Way Up To The Top
10. Old Money
11. The Other Woman
12. West Coast (radio Mix)
13. Black Beauty (bonus Track)
14. Guns And Roses (bonus Track)
15. Florida Kilos (bonus Track)



             



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