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Lana DEL REY - Ultraviolence (2014)
Par MOONDREAMER le 4 Juillet 2014          Consultée 4214 fois

Ultraviolence. Avec un titre comme celui-ci, on pouvait légitimement s’attendre à un changement radical de ton et de style pour le deuxième album de Lana DEL REY. Mais ne vous laissez pas duper, Ultraviolence ne s’éloigne pas du tout du sentier tracé jusqu’alors par l’Américaine. Bien au contraire, on retrouve les éléments qui ont contribué au succès de "Video Games", à savoir une voix éthérée et contemplative, des arrangements élégants, une production puissante, presque étouffante, ainsi que des mélodies lentes et hypnotisantes.

Mais voilà, le plaisir de la découverte que procurait Born To Die s’est évanoui et force est de constater que la monotonie s’installe très rapidement. Si l’on n'est pas dans l’état d’esprit adéquat, on déchante encore à la perspective d’une nouvelle heure de ballades mélodramatiques et dépressives. Bien sûr, cela fait partie du charme de Lana, et les amateurs des albums à l’atmosphère pesante et triste se délecteront de ce second opus.

Ajoutons également que les arrangements sont toujours aussi soignés et élégants, l’album crée méticuleusement une atmosphère dense et obsédante. Cela uniformise inévitablement les morceaux qui sont plus destinés à s’écouter comme la partie d’un tout qu’individuellement. Cela dit, quelques morceaux se détachent du lot comme "West Coast" (tant sa version album que son 'radio mix', plus léger et entêtant) qui est remarquablement prenant et joue subtilement de la complémentarité entre la guitare et la voix de la chanteuse. Citons également "Brooklyn Baby" qui rappelle beaucoup "Cola" sur Paradise.

Au niveau des paroles et des thèmes abordés dans l’album, la redite se fait encore une fois ressentir. DEL REY évoque des histoires d’amour qui se veulent profondes d’un air désabusé, se présentant successivement sous l’angle de la fragilité ("Pretty When You Cry") puis sous celui de la puissance ("Brooklyn Baby"), parfois des deux à la fois ("Sad Girl"). L’ensemble est mâtiné par des références constantes à l’imagerie mythique de l’americana des sixties et des seventies, évoquant une image hautement ambigüe de la femme. Faussement forte et détachée, la femme amoureuse est toujours dépendante et ne vit qu’à travers son amour. On peine également à savoir s’il faut prendre au second degré la façon dont Lana surjoue la superficialité et la vénalité ("Money Power Glory", "Fucked My Way Up To The Top").

En vérité, les différences avec Born To Die et Paradise sont notables mais mineures : les arrangements offrent une place conséquente aux lignes de guitares qui sous-tendent la majorité des morceaux de l’album, et l’ultraviolence que le titre nous promettait n’est vaguement perceptible que dans le choix de noircir encore plus les paroles et le ton, déjà sombres dans les opus précédents, des chansons. Ces différences sont principalement dues à la présence à la production de Dan AUERBACH des BLACK KEYS, que l’on peut remercier également pour la diversification des instruments sur l’album, s’éloignant de la prédominance des cordes frottées du premier album et créant une ouverture pour des instruments plus blues ainsi que les soli de guitare beaux mais sans prétention de "Shades of Cool", "Money Power Glory" et "Pretty When You Cry".

Ultraviolence souffre d’un manque cruel de renouvellement, couplé à une posture résolument passéiste qui fige la chanteuse dans une représentation idéalisée de l’Amérique mais l’empêche d’évoluer musicalement. C’est sincèrement dommage. Il y avait par exemple tellement de potentiel dans des morceaux comme "Old Money" dont on attend en vain qu’ils décollent ou nous surprennent, que l’on ne peut qu’être déçu par la platitude et le manque de variété du chant de Lana.

Alors que Born To Die crée déjà des émules en inspirant une nouvelle génération de chanteuses pop en quête de plus de maturité, évoquons LORDE ou la talentueuse MØ, Lana DEL REY ne présente pour son nouvel album qu’une pâle copie d’elle-même. Certes, Ultraviolence est beau, sombre et mélancolique, mais le résultat est encore plus froid et impersonnel, la prise de risque dérisoire et on sent que les idées commencent à s’épuiser.

Surprends-moi Lana, ou prends des antidépresseurs, mais fais quelque chose !

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   (2 chroniques)



- Lana Del Rey (chant)
- Dan Auerbach (choeurs)
- Seth Kaufman (choeurs)
- Alfreda Mccrary Lee (choeurs)
- Ann Mccrary (choeurs)
- Regina Mccrary (choeurs)
- Dan Auerbach (guitare électrique, guitare acoustique, synthétise)
- Collin Dupuis (synthétiseur)
- Brian Griffin (batterie)
- Ed Harcourt (piano)
- Tom Herbert (basse)
- Seth Kaufman (synthétiseur, guitare électrique, percussions)
- Nikolaj Torp Larsen (mellotron)
- Leon Michaels (saxophone, synthétiseur, piano, mellotron, tambour)
- Nick Movshon (basse, batterie)
- Rick Nowels (piano)
- Russ Pahl (pedal street guitar, guitare électrique)
- Blake Stranathan (guitare)
- Pablo Tato (guitare)
- Leo Taylor (percussions)
- Kenny Vaughan (guitare électrique, guitare acoustique, mellotron)
- Maximilian Weissenfeldt (batterie)


1. Cruel World
2. Ultraviolence
3. Shades Of Cool
4. Brooklyn Baby
5. West Coast
6. Sad Girl
7. Pretty When You Cry
8. Money Power Glory
9. Fucked My Way Up To The Top
10. Old Money
11. The Other Woman
12. West Coast (radio Mix)
13. Black Beauty (bonus Track)
14. Guns And Roses (bonus Track)
15. Florida Kilos (bonus Track)



             



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