Les Red Hot font désormais de la pop. C’est une certitude. Après Californication (1999), annonciateur d’un changement d’orientation artistique, By The Way (2002) a franchement enfoncé le clou. Au grand dam de certains, nostalgiques de la période fusion du groupe, qui avait atteint son apogée avec BloodSugarSexMagik (1991) et son fabuleux étendard « Give It Away ». Maintenant, il faut absolument se poser la question : l’évolution du groupe vers des contrées plus accessibles (commerciales, diront les plus sceptiques) est-elle néfaste ? Il semble bien (après quelques écoutes attentives de ce Stadium Arcadium) que ce n’est pas le cas… Et pour de très bonnes raisons, la première étant la densité de l’ensemble, formé de la bagatelle de vingt-huit titres pour un total de deux heures de musique.

Ensuite, on notera que le groupe s’est permis d’explorer de nombreux genres. Avec brio ! Pour preuve, « She’s Only 18 » est bluesy, « Warlocks » lorgne vers le funk et « Hey » est plutôt jazzy. Certes, la plupart des morceaux ont une dominante pop, mais on note que les Red Hot ont voulu creuser, chercher et prendre quelques risques, qui tout en étant loin d’être démesurés sont assez courageux. Au chapitre des réussites, on notera « Stadium Arcadium » (doucement enivrant), « Slow Cheetah » (épuré et délicat), « 21st Century » (ressemblant à du Franz Ferdinand), « So Much I » (ultra-rapide) et « Storm In A Teacup » (plus violent et renouant avec la fusion). Je n’énumérerai pas l’ensemble des morceaux présents ici, il convient cependant d’affirmer qu’ils sont tous attachants et bien construits, même si on remarque aisément quelques petits flottements comme par exemple « If » et « We Believe », moins convaincants.

Stadium Arcadium est donc dans l’ensemble un double-album varié et agréable, atteignant parfois un excellent niveau. La verve des musiciens (Flea et Anthony Kiedis en tête, comme d’hab’) n’est pas étrangère à cette réussite, personnifiée par le premier simple issu de l’opus, j’ai nommé l’imparable « Dani California », qui explose les charts depuis quelques semaines ! Ne nous y trompons toutefois pas, Stadium Arcadium ne se limite pas a un enchevêtrement de morceaux taillés exclusivement pour le grand public : il va plus loin et nous nous devons de faire de même. Alors, il faut écouter « Dani California », oui ! Après tout, ce qui cartonne peut aussi être d’excellente facture… Mais tant qu’on y est, on peut tout à fait se laisser tenter par la totalité d’un disque bien fourni et moins évident qu’il n’y paraît ! Laissez-vous aller, si ce n’est pas déjà fait…