Ça fait un bail que Stevie Salas s'est fait une raison, il ne serait pas une super star mondialement connue comme un Lenny KRAVITZ auquel certains ont pu un moment le comparer (tous deux étant guitariste-chanteur métis mêlant rock et funk). Après quelques années difficiles au passage du nouveau millénaire, il a su se diversifier en faisant le sideman pour Mick JAGGER, en assurant la direction musicale d'American Idol de 2006 à 2010 (il faut bien croûter), en produisant une émission musicale au Canada et est devenu conseillé pour la musique indienne au vénérable Smithsonian Museum. Cette année, il a même raflé un paquet de récompenses en produisant le documentaire Rumble : The Indians Who Rocked The World ovationné dans bon nombre de festivals de cinéma et a rempli son compte en banque en donnant une tournée à guichets fermés au Japon avec le duo qu'il forme avec la méga-star Koshi Inaba*(de B'z, des demi-dieux là-bas). Pas de regrets à avoir donc, même s'il y a cru un moment après le gros succès au Pays du Soleil Levant de Back From The Living.

Il faut frapper le fer tant qu'il est chaud et Alter Native, son successeur, sort un an plus tard. Mais, ingrats, les nippons sont déjà passés à autre chose et Salas ne commettra pas deux fois le même hold-up. Il n'est pourtant pas mauvais cet album et il débute sur les chapeaux de roues avec un « Break It Out (The Legend Of Johnny Puerco)» énergique et catchy (il faut fuir la version clippée technoïde remixée par Jon X). L'autre morceau assassin de la galette c'est « Hootchie Toad », une petite tuerie qui va à l'essentiel en deux minutes cinquante à la façon d'un James Brown punky et propulsée, comme sur quasiment toutes les compos de l'album, par une section rythmique punchy et groovy composée de Melvin Brannon Jr (DAN REED NETWORK) à la basse et de Dave Abbruzzese à la batterie. C'est la première fois que Salas fait appel à l'ex-cogneur de PEARL JAM, silencieux depuis son départ du gang de Vedder et bien lui en a pris car le groove d'Abbruzzese colle parfaitement à ce funk-rock sous stéroïdes.

Le reste de l'album est composé de morceaux plus heavy (« Make Me Blank », « Alone In A Crowd et « Do You Own Thang » où Salas montre un peu trop clairement ses limites vocales) et de ballades typiques où le guitariste joue encore avec des pistes à l'envers, son péché mignon (« May God Bless You », « Fear », « I'm Missing You »). Il innove davantage et avec une belle réussite sur « Alter Native » le morceau-titre, une plage atmosphérique lancinante au rythme d'un pow-wow indien et un chouette voyage dans les déserts de l'ouest américain. En bonus track, une reprise de « What Do I Have To Do To Prove My Love To You ? » de James BROWN, avec le Colorcode augmenté d'une section de cuivres, termine l'album en fanfare. Ça dépote sans soucis, le Godfather of Soul fait partie de l'ADN de Salas.

Un bon album en somme mais qui sent quand même un peu la va-vite. Salas s'est beaucoup dispersé et on se dit qu'en faisant un best-of avec l'album de NICKELBAG, son projet avec Bernard FOWLER sorti peu de temps avant, on tenait entre les mains un disque remarquable. La galette ne bénéficie pas non plus de la production de son précédent. L'Apache a voulu faire des économies en assurant seul la prod et on peut déplorer un manque de relief et de recul.


* Inaba/Salas, l'album s'appelle Chubby Groove et n'est pas facile à trouver. C'est peut-être mieux comme ça, j'ai écouté deux morceaux sur le Tube et je n'ai clairement pas les oreilles pour endurer ça.