Hallelujah, Stevie SALAS a fini de broyer du noir et nous revient en 2004 avec un nouvel album qui brille de mille feux. C’est même son parrain, le facétieux Bootsy COLLINS, qui nous le dit longuement en ouverture de l’album. Et le guitariste Apache de le confirmer avec un « Free Up » crâneur et engageant, à la façon d'un cri de libération.

Ne faisons pas fausse route, SALAS ne nous fait pas le coup d’un retour aux sources dépouillé en formation trio. Il continue ses recherches et ce nouvel opus est encore celui d’un bidouilleur de sons. Les pistes de guitares se superposent, les effets en tous genres sont convoqués, des boucles synthétiques viennent parfois doubler les pistes de batterie acoustique. Le travail sur le chant et les chœurs permet même à l’Indien de faire illusion avec son filet de voix. Oui mais voilà, cette fois-ci, SALAS a ouvert en grand les lourds rideaux de velours sombre pour laisser entrer la lumière dans le studio. Du coup, l’élément Funk de son jeu métissé porté disparu depuis trop longtemps est de retour et on applaudit. Des deux mains, s’il vous plaît ! Les cocottes sont de retour sur "Ralo’s Boogie" et un "Soulblaster" hyper-dynamique. "Static", "Freeze Dried" et le Hendrixien "Save Me from Myself" bastonnent sévère. La ballade "1095 Divided By 3" (ça fait 365 pour info) est une de ses plus convaincantes depuis belle lurette et on n’oublie pas la référence à ses origines avec "Indian Friends" et son beat Drum and Bass.

Il suffit d’un coup d’œil à ceux qui connaissent le loustic pour s’apercevoir qu’il s’est entouré de sa garde rapprochée. Les potes historiques sont là (Fowler, Kotzen…) et les sections basse/batteries sont comme toujours tenues par des assassins. On note cependant la présence de deux petits nouveaux. Jerry Cantrell qui signe un joli solo (mais sait-il en faire un mauvais?) sur le très réussi "Soul Ectasy", hommage à Curtis MAYFIELD qu’on croirait tout droit sorti de Superfly et à la basse Jara Harris (dit Jara Slapbak, leader et homme-orchestre du groupe SLAPBAK), certainement pas pour rien dans le retour en grâce du Funk chez SALAS.

All killer, no filler, des compos variées jouées par un casting de choc et ponctuées d’intermèdes ludiques (ceux de Bootsy et de la furie Latina sur "Motos Y Minifaldas"), on a enfin entre les mains un album entièrement digne de l’enfant prodige Indien et, qui plus est, le plus éclectique de sa discographie. Sauf qu’uniquement sorti sur le marché japonais, The Soulblasters of the Universe est passé totalement inaperçu. SALAS lui-même ne semble plus se souvenir de son existence et aucune chanson n’a été interprétée en live*. Un beau gâchis.

Une mise en garde s’impose à l’attention de tous les mélomanes de bon goût qui vont sans demander leurs restes filer à la recherche de l’album : ne pas confondre avec The Soulblasters of the Universe – Cosmic Fluties : a Mixtape for the Underdog, une énième compilation au titre et à la pochette parfaits pour se tromper et qui ne contient que trois des morceaux ici présents.

*Si ce n’est "Indian Friends" remaniée lors d’une tournée des IMF’s avec Bernard Fowler.